Édition du 17 décembre 2024

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Politique québécoise

Intervention intéressée au conseil municipal de Gaspé

L’industrie des énergies fossiles fait le plein d’arrogance

Alors que le conseil municipal de Gaspé s’est prononcé récemment pour un moratoire sur l’exploration et l’exploitation des énergies fossiles, des citoyens de Gaspé demandent au conseil municipal d’opérer un virage à 180 degrés et d’appuyer l’exploration et l’exploitation du pétrole sur leur territoire. Une vingtaine de personnes se sont présentées à l’assemblée de lundi soir, trois semaines après des opposants à la fracturation.

Un homme d’affaires intéressé

David McCallum, un homme d’affaires de Gaspé, croit que sa ville ne peut pas se passer des retombées et des emplois de l’industrie pétrolière. « Je ne pense pas qu’on bâtit un avenir solide juste sur six à huit semaines de tourisme, affirme M. McCallum. Mais si on pense, à long terme, à l’avenir de nos enfants et à celui de notre village, on a une chance de s’en sortir » dont les propos ont été rapportés par Le Soleil.

Selon M. McCallum, l’exploration et l’exploitation peuvent se faire dans le respect de l’environnement. « Quatre-vingt-dix-huit pour cent de la population de Gaspé ne sait même pas où sont les puits de Pétrolia », a-t-il lancé, un signe selon lui que l’industrie ne dérange pas.

M. McCallum n’est pas désintéressé. Il n’est pas de ces citoyens qui veulent développer leur région tout en respectant l’environnement. Il est un administrateur de la compagnie Pétrolia, et possède le terrain sur lequel se trouve Haldimand no 1, l’un des puits de Pétrolia à Gaspé. M. McCallum affirme toutefois s’être présenté à titre de citoyen, et nie être à l’origine du mouvement d’appui, qui serait l’initiative de gens d’affaires. Une scène surréaliste qui illustre comment cette industrie se croit au-dessus des lois et des avis de la population.

Opposition à la fracturation

Le 20 juin, des opposants à la fracturation, une technique envisagée par Pétrolia, s’étaient aussi présentés à l’assemblée du conseil. Lundi soir, l’une d’entre eux, Danielle Haché, a rétorqué qu’elle n’est pas contre le développement, mais bien contre la fracturation des puits, qu’elle juge dangereuse pour la nappe phréatique.

En l’absence du maire de Gaspé, le conseiller Nelson O’Connor a assuré que la municipalité « n’a pas pris de décision contre [l’exploitation pétrolière] jusqu’ici. La Ville veut aller de l’avant, mais il faut que ce soit bien fait. On ne veut pas de décisions prises à l’épouvante. » Là encore, on sent une pression qui vient du lobbying de l’industrie qui utilise le chantage à l’emploi pour détourner l’attention des risques pour l’environnement.

Récemment, le conseil s’est prononcé contre la fracturation sur son territoire et en faveur d’expertises indépendantes sur la nappe phréatique. Dans le passé, le maire François Roussy a déclaré qu’il s’oppose à toute exploitation pétrolière à l’intérieur des limites de la municipalité, et donc à Haldimand et à Tar Point, où sont situés les puits de Pétrolia. Ce qui déplait au plus haut point à l’industrie. À tout le moins, on comprend que l’industrie veut faire passer ses intérêts avant tous les autres.

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