Édition du 17 décembre 2024

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Le blogue de Louise Chabot

L'évaluation « obligatoire », la dernière trouvaille des conservateurs

Les récentes annonces du gouvernement fédéral étaient suffisantes pour décourager à la fois les fonctionnaires fédéraux et tous ceux qui ont à cœur d’avoir une administration fédérale efficace. Ce n’est pas terminé. Voilà que Tony Clement, président du Conseil du trésor, a annoncé en mai sa volonté de procéder à de nouvelles mises à pied, à compter d’avril 2014. La sélection des personnes mises à pied serait basée sur de nouvelles évaluations « obligatoires » de performance.

L’intention est claire et il ne s’embête guère pour justifier sa démarche ! L’objectif est de faire autant de mises à pied que d’autres pays. Comme projet de société, il y a mieux !

Selon Tony Clement, le système d’évaluation comprendra des objectifs de performance et des examens écrits, une fois par année, pour l’ensemble des fonctionnaires, de même que des évaluations deux fois par année.

Des évaluations ou des évacuations ?

Dans un contexte de réductions budgétaires généralisées, où les postes d’emploi diminuent constamment et où le Conseil du trésor s’impose aux tables de négociation des conventions collectives des employés des sociétés d’État, le stress des employées et employés de la fonction publique est à son comble.

Un processus d’évaluation existe déjà

Le processus obligatoire d’évaluation des fonctionnaires fédéraux existe déjà, remarque l’Alliance de la fonction publique du Canada, le principal syndicat dans ce secteur. Et comme le précise dans La Presse son vice-président exécutif pour la région de la Capitale nationale : « Nous n’avons rien contre les évaluations des employés. Au contraire. Les syndicats aiment bien quand les balises sont claires pour tout le monde, puisque cela laisse moins de marge pour la subjectivité des gestionnaires. »

À la recherche de fonctionnaires à mettre à pied

Cette façon de procéder renforce l’idée pernicieuse auprès de la population canadienne que les fonctionnaires sont incompétents, qu’ils ne sont pas encadrés par des gestionnaires et qu’ils ne leur sont pas redevables. Ce qui est faux.

Osons rêver

Personne n’est contre la vertu, et nous souhaitons tous la plus grande efficacité qui puisse être. Appliquons le même principe à tous, particulièrement à ceux qui ne sont pas « évalués », et déjà la situation pourrait s’améliorer.

Et pourquoi pas une évaluation avec les conséquences qui s’imposent pour les ministres, les députés et les sénateurs, ceux qui en ce moment faillissent à la tâche ?

Et pourquoi pas de véritables « évaluations » des entreprises qui pratiquent l’évasion fiscale ?

Dans la même veine, pourquoi ne pas donner au directeur parlementaire du budget ainsi qu’au vérificateur général les outils et le mandat nécessaires pour faire leurs recherches et les suivis à leurs recommandations ?

En route vers un démantèlement de la fonction publique

À force de miner la crédibilité de l’appareil public fédéral, ses différents outils de mesure statistique et scientifique, et le moral de ceux qui y travaillent, la fonction publique pourra facilement être réduite à peau de chagrin puisqu’elle sera devenue à la fois inefficace, inutile et coûteuse. Le gouvernement conservateur procède actuellement à des changements en profondeur des institutions canadiennes. D’autres changements sont également apportés au processus démocratique canadien, ceci est un autre sujet tout aussi inquiétant.

Louise Chabot

Présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) (depuis 2012)

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