De prime abord, il est totalement erroné de prétendre que les étudiants universitaires ne contribuent pas suffisamment à leur éducation. Tel que le ministre des Finances le mentionne lui-même, un étudiant ayant complété son baccalauréat gagnera, au courant de sa vie, de 600 000$ à 700 000$ de plus qu’une personne ne possédant pas ce même diplôme. On omet alors de mentionner que, selon le ministère de l’Éducation, ces personnes paieront près de 400 000$ en impôts supplémentaires tout au long de leur vie active, ce qui fournira bien plus que le nécessaire afin de financer le système d’éducation universitaire en entier. Entraver ainsi la participation universitaire en augmentant le fardeau des étudiants ne peut qu’entraîner une perte de revenus pour l’État, quoiqu’en disent les « lucides » de la guerre au déficit. Il ne faut pas se leurrer. Les étudiants en grève ne militent pas pour leur portefeuille. Ils militent pour un idéal de société que nous avons jadis choisi d’adopter.
Suivant les directives du rapport Parent et la signature du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, les différents gouvernements des années 70 se faisaient un devoir d’instaurer progressivement la gratuité scolaire à tous les niveaux. Conséquemment, les multiples investissements qui ont été faits en ce sens ont permis à la population québécoise de se hisser au rang de l’une des sociétés les plus prospères à travers le globe. À l’époque, l’éducation publique était perçue comme il se doit de l’être, soit un investissement nécessaire et rentable afin de solidifier les assises de nos droits communs, autant économiques que sociaux et culturels.
Depuis la crise de 2008, l’OCDE réitère à chaque année que l’investissement public dans l’éducation constitue une des meilleures protections contre les inégalités et les soubresauts financiers mondiaux. Certaines provinces canadiennes, telles l’Ontario et la Nouvelle-Écosse, ont décidé dernièrement de réduire leurs frais de scolarité car les effets néfastes de la tarification en écrasaient les gains. Pendant que des modèles de gratuité scolaire et de saine gestion des finances publiques, notamment dans les pays du nord de l’Europe, continuent d’être montrés en exemple, le Québec fait bande à part en cautionnant l’endettement individuel et l’élitisme financier au détriment de l’émancipation intellectuelle de tout un peuple.
Bref, les mythes et inepties colportés par le discours dominant doivent s’effacer. Argumenter sur la capacité de payer des étudiants ou sur l’efficacité du système de prêts et bourses permet d’évacuer toute question de fondement social ou économique, ce qui est pourtant essentiel pour le débat en cours. Ainsi, l’éducation est instrumentalisée au gré des contradictions inhérentes à notre société, alors que c’est justement cette même éducation qui nous permettra, à terme, de nous libérer de ces contradictions. Une éducation financée et gérée collectivement n’est donc pas une utopie ; elle est, au contraire, un besoin, une nécessité, un idéal que nous nous devons d’atteindre tous ensemble, un idéal pour lequel il vaut la peine de se battre et un idéal pour lequel nous continuerons de nous battre.
Signé par les membres du comité de coordination et sympathisants de Québec solidaire campus Université Laval
Raphaël Langevin, étudiant en biochimie
Hind Fazazi, étudiante en philosophie et politique
Pier-Yves Champagne, étudiant en philosophie
Olivier Verreault-Lefebvre, étudiant à la maîtrise en économie
José-Frédérique Biron, étudiante en sciences politiques
Gabriel Salathé-Beaulieu, étudiant en économie
Guillaume Boivin, étudiant en droit
Sophie Blais-Michaud, étudiante en psychologie
Sandra Blouin, étudiante en philosophie et politique
Vincent Painchaud, étudiant en économie et politique
Jean-Nicolas Denis, étudiant en philosophie et politique
Yannick Castel-Girard, étudiant en génie des eaux
Jérémy Viau Trudel, étudiant au doctorat en chimie
Andrée-Anne Marcoux, étudiante à la maîtrise en médecine expérimentale
Céline Létourneau, étudiante en science politique