Plutôt que de faire comme en Grande-Bretagne et de coopérer à une démarche démocratique tout en faisant campagne pour le non, plutôt que de faire comme au Canada et de permettre au peuple de s’exprimer, quitte à tourner les coins ronds dans son argumentaire et dans le « respect » des règles référendaires, les institutions espagnoles se sont montrer rageusement opposées à toute expression de la volonté de la population catalane à tel point que de nombreux partisans du non se sont retournés contre elles en demandant qu’au moins ils puissent exprimer leur volonté de rester espagnols de façon démocratique et non sous la répression.
Qu’importe les raisons pas toujours généreuses pour lesquelles les élites catalanes ont formé ce projet d’indépendance, qu’importe le caractère bourgeois des revendications de nombre de partisans de la souveraineté catalane, le droit d’un peuple à disposer de lui-même doit être respecté et, ici, il a été bafoué avec hargne et violence. Tout le monde a en mémoire les scènes profondément disgracieuses où la police espagnole a matraqué des citoyen·ne·s dont le seul tort a été d’exercer leur droit de vote.
Mais où cela dépasse toutes les bornes, c’est dans le jugement de la Cour suprême espagnole d’aujourd’hui, qui condamne des dirigeants catalans à de nombreuses années de prison pour le simple fait d’avoir organisé un référendum contre l’avis des autorités espagnoles. Un tel déni de démocratie ne semble malheureusement pas émouvoir l’Europe, dont on voit bien que ce qui la tient réside ailleurs que dans la volonté des peuples.
LAGACÉ, Francis
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