Il est clair pour les organisations d’enseignantes et d’enseignants que l’éducation à la sexualité est plus que nécessaire et qu’elle n’aurait jamais dû être abandonnée en 2006-2007. Mais l’enjeu n’est pas là : les milieux ne sont pas prêts. Ainsi, on ajoutera trop souvent cette responsabilité sur les seules épaules du personnel enseignant qui n’est pas préparé pour dispenser ces contenus hautement délicats. Cette nouvelle responsabilité de l’équipe-école, mal définie, place d’ailleurs les enseignantes et enseignants en situation de vulnérabilité professionnelle.
Des conditions de mise en œuvre à respecter
Pour les enseignantes et enseignants que nous représentons, dans l’état actuel des choix politiques du gouvernement, les conditions qui doivent être au rendez-vous sont notamment les suivantes :
– L’éducation à la sexualité n’étant pas un cours prévu dans la grille-matières, elle ne doit pas reposer uniquement sur les épaules du personnel enseignant et ne doit pas se réaliser seulement sur les heures de cours, déjà trop remplies. D’autres personnels doivent être mis à contribution ;
– Si une partie doit être réalisée par les enseignantes et enseignants, ceux‑ci doivent :
– Être épaulés par du personnel professionnel et des intervenantes et intervenants du milieu de la santé ;
– Avoir une formation adéquate en qualité et en quantité suffisante, avec le temps d’appropriation nécessaire ;
– Se sentir à l’aise avec les thèmes abordés dans les contenus ou les activités ;
– Avoir du matériel clé en main pour débuter les premières années ;
– Avoir un professionnel disponible pour les élèves lorsque des sujets qui peuvent être plus sensibles seront abordés en classe ou à l’extérieur de la classe, par exemple les agressions sexuelles ;
– Participer à l’élaboration des conditions et modalités nécessaires à l’intégration de l’éducation à la sexualité avant l’approbation de celles-ci par les conseils d’établissement.
« Les enseignants doivent être entendus. Ils ne veulent pas être les instruments des politiques électoralistes du gouvernement. Ce dernier a eu plusieurs années pour avancer dans ce dossier, mais il s’y est pris à la dernière minute, à la veille d’une élection. Le gouvernement doit respecter le jugement professionnel des enseignants, donner des réponses à leurs nombreuses questions et leur fournir les outils adéquats pour travailler auprès des élèves. L’éducation à la sexualité est importante et les enseignants, tout comme les élèves, méritent mieux », a vivement dénoncé Josée Scalabrini, présidente de la FSE‑CSQ, qui compte également sur le soutien de l’Association provinciale des enseignantes et des enseignants du Québec (APEQ‑QPAT) pour faire cette revendication.
« Nous ne nous sentons pas outillés et formés pour dispenser les contenus d’éducation à la sexualité que seuls très peu de gens dans les milieux se sont appropriés. Il faut consulter davantage les enseignants et impliquer les professionnels de la santé œuvrant dans les écoles afin de favoriser l’intégration de cette nouvelle matière. D’ailleurs, l’éducation à la sexualité s’ajoute à tout le reste de la tâche, sans espace défini dans la grille-matières. Comment les enseignants, déjà à bout de souffle, sont censés l’intégrer à leur horaire ? Où sont les ressources pour les accompagner ? Où est le matériel ? Ce n’est pas donné à tout le monde de se sentir à l’aise de parler de ces sujets devant un groupe d’élèves en suscitant des réactions aussi diverses que délicates. Où est l’écoute du gouvernement à l’endroit des besoins des enseignants ? » ont déclaré Jessica Dorval et Viviane Lagacé, toutes deux porte‑parole de Profs en mouvement.
Rappelons que le gouvernement aurait pu procéder autrement pour implanter l’éducation à la sexualité, par exemple en revoyant l’ensemble de la grille-matières pour lui déterminer un espace, ou encore en procédant à une implantation progressive. Il aurait également pu intervenir plus tôt, il y a de cela plusieurs années, pour s’assurer que tout se déroule dans des conditions optimales.
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