Comme le recommande le rapport, les CIUSSS et CISSS doivent obtenir tous les pouvoirs d’intervention requis pour contraindre les centres d’hébergement récalcitrants à offrir des soins qui rencontrent les normes et standards en vertu de la LSSSS. Ils doivent être imputables des résultats sur les services offerts de leur territoire. Ces pouvoirs auraient pu être utilisés pour intervenir bien avant la pandémie du côté de Herron ou Vigi, et prévenir les conséquences atroces qui ont été rapportées dans ces établissements.
La pandémie a mis en lumière des manquements majeurs mettant à risque la santé et la sécurité des personnes aînées hébergées autant dans les CHSLD privés que publics. Le ministre Dubé doit en prendre acte dans le suivi des recommandations auquel il s’est engagé hier.
« Le rapport des ordres professionnels doit servir de catalyseur vers des changements profonds dans la vision des soins et des conditions d’exercice que l’on souhaite pour les professionnelles en soins. Les recommandations doivent faire écho à l’ensemble du réseau de la santé. Pour que le droit des personnes aînées à recevoir des soins sécuritaires, dignes et attentionnés puisse être respecté, il est impératif de s’attaquer à la mise en place de mécanismes qui s’appliquent uniformément et en tout temps. Si la plupart des recommandations étaient déjà connues, il est surtout urgent d’appliquer les solutions. Les CHSLD privés ne peuvent plus demeurer l’angle mort collectif, échappant aux mécanismes de contrôle prévus par la loi. »
Nancy Bédard, présidente, Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec-FIQ
Des directions de soins infirmiers dans tous les milieux de soins et des ratios sécuritaires
Les soins requis en CHSLD sont complexes. Le rapport met en lumière les obstacles à une organisation du travail efficace pour soutenir la pratique clinique. Dans le cas de Herron, par exemple, aucune direction de soins infirmiers n’avait été mise en place. Les professionnelles en soins ne pouvaient s’appuyer sur aucun cadre de gestion, ni aucun protocole de contention. Pourtant, comme le prévoit la LSSSS, les professionnelles en soins doivent se référer à des protocoles et un cadre de gestion qui établissent les normes et standards dans la pratique.
Pour que la sécurité des personnes aînées en hébergement ne soit plus compromise, les Fédérations insistent encore une fois auprès du gouvernement pour qu’il s’attaque à la surcharge de travail et à la pénurie de main-d’œuvre. Le refus du gouvernement de s’attaquer sérieusement à ces enjeux est inexplicable suivant toutes les recommandations formulées par la Protectrice du citoyen pendant la pandémie, celles contenues dans le rapport des ordres professionnelles et l’enquête sur Vigi Santé.
« Les ratios sécuritaires sont l’un des préalables non seulement quant à la qualité des soins et services de santé, mais également en termes de conditions d’exercice. D’autres mesures, notamment en ce qui a trait à la mobilité du personnel, au processus de traitement des plaintes, à la réserve d’équipement de protection individuelle, à la formation de l’ensemble des professionnelles dans ces établissements, permettraient de résoudre, à brève échéance, des problématiques liées à la qualité des soins en hébergement. De plus, il est impératif de revoir le processus d’octroi de permis pour les CHSLD privés. »
Sonia Mancier, présidente, Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec | Secteur privé-FIQP
La fin de l’omerta comme indice de l’amélioration des soins et services
Les Fédérations réclament que le gouvernement se dote d’une stratégie globale de soins aux aîné-e-s, des soins à domicile jusqu’à l’hébergement, et injecte les investissements nécessaires pour que les aîné-e-s du Québec aient accès à des soins de qualité. Dès maintenant, il doit poser des gestes pour que les situations décriées quotidiennement par les professionnelles en soins ne se reproduisent jamais.
Au regard des Fédérations, la fin de l’omerta dans le réseau de la santé sera le seul gage que les réformes sont bien amorcées parce que les professionnelles en soins n’auront plus à dénoncer les conséquences terribles du désintérêt envers les soins aux aîné-e-s.
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