Comment améliorer, comment approfondir la démocratie ? Au congrès de novembre 2009, on a commencé à répondre en ces termes : en disant qu’il fallait établir des rapports plus égalitaires entre les différentes composantes de notre nation, entre les citoyens et les citoyennes quelle que soit leur origine, leur sexe, leur orientation, leur religion pour faire du Québec un pays de diversité, un pays laïque et pluriel.
Ensuite, on a dit qu’il fallait établir également établir l’égalité entre les différentes régions du Québec, des rapports plus égalitaires basés sur une décentralisation des pouvoirs pour donner le plus possible aux régions le pouvoir qui leur appartient en les dotant d’un financement autonome à partir des ressources immenses qu’on extrait actuellement de leur territoire et qui échappent aux régions, qui échappent à leur développement, qui échappe à leur contrôle. Parce que sans financement autonome, il n’y a pas de pouvoir véritable. Or, Québec solidaire a été le premier à mettre dans son programme que le pouvoir aux régions devait être accompagné d’un financement autonome aux régions pour faire du Québec un pays de fortes régions. (Applaudissements) Sur le Plateau, on trouve que les régions à Québec solidaire ont trop de force, trop de... (Rires) On a dit aussi qu’il faillait établir des rapports plus égalitaires et pacifiques entre notre nation et les autres peuples du monde à commencer par les Premières nations du Québec, les nations autochtones et les Inuit pour faire du Québec... (Applaudissements)
En novembre 2009 toujours, que pour tout ça, pour faire du Québec un pays d’égalité, de diversité, un pays laïque et pluriel, un pays aux fortes régions en rapport pacifique avec les autres peuples, eh bien il fallait faire du Québec, un pays (Applaudissements), un pays indépendant. Bref, un pays tout court, on n’a pas besoin de rajouter quoi que ce soit lorsqu’un pays est indépendant, parce que le Québec est une nation unique par son territoire, par son histoire, par sa culture en constante évolution certes, mais toujours à l’entoures d’une langue commune qui est le français auquel on est bien attaché et que je dirais même auquel on est même un peu sinon beaucoup amoureux. (Applaudissements)
En cette fin de semaine du mois de mars, très froid à l’extérieur, mais très chaud dans le cœur et dans la tête de tous les gens qui ont débattu toute cette fin de semaine ici, nous avons convenu que pour approfondir la démocratie, il faudrait commencer par délimiter et approfondir ce que nous avons décidé lors de notre dernier congrès, il faut ajouter une autre dimension. Cette exigence démocratique c’est d’assurer la pleine égalité entre les femmes et les hommes. Une démocratie évoluée doit reconnaître et donner économiquement aux femmes la pleine part qui est la leur dans la construction de notre monde, dans le bien-être de notre société avec une approche féministe d’ailleurs de l’économie, notre parti cherche par exemple à mieux reconnaître le travail non rémunéré pourtant si essentiel à notre existence. Pensons au travail domestique qui repose encore et toujours de manière trop déséquilibrée sur les épaules des femmes dans notre société sans parler de tout ce qu’on a débattu et qu’on fait pour reconnaître qu’il faut absolument de toute urgence augmenter le salaire minimum parce que lorsque l’on parle du salaire minimum, six fois sur dix on parle de femmes, sans parler de l’amélioration des conditions qui entourent l’amélioration du travail à temps partiel ou encore de la nécessité de réduite le temps du travail, de reconnaître le temps pour sa pleine valeur, en reconnaissant également qu’il faut sans doute moins travailler si on veut accorder plus de temps à la vie. Mais tout ça, c’est en fait l’approche féministe de l’économie. C’est cette vision plus équilibrée de notre rapport avec notre existence, mais aussi de notre rapport entre les femmes et les hommes, et pour les femmes comme pour les hommes, dans la vie comme dans le travail. (Applaudissements)
Cette vision féministe de l’économie, une économie solidaire et écologique aussi ne peut être possible cependant que si notre peuple assure de manière collective, un contrôle plus démocratique de l’économie. C’est l’enjeu principal donc de notre congrès cette fin de semaine. Nous voulons, on l’a déjà dit il y a plus d’un an, dépasser le capitalisme parce que nous sommes d’avis que nous ne sommes pas condamnés indéfiniment à voir les inégalités s’accroître. On n’est pas condamné à voir nos ressources naturelles pillées par les multinationales qui, actuellement, malheureusement, ont la part belle du contrôle de nos richesses. Je vous invite ardemment à voir le documentaire qui a été fait par un jeune cinéaste dont malheureusement j’ai oublié le nom (des personnes dans la salle soufflent le nom : Simon Beaulieu) Simon Beaulieu qui a été lancé le 18 mars dernier et que j’ai eu le bonheur de voir dans lequel déjà au milieu des années 70 Godin exprime son ras-le-bol de cette économie. En fait, il dit qu’il y en a son « ardent voyage » de l’économie fait par et pour les écartillés de l’honnêteté, les déviargés de la dignité, tous ceux qui ont des meubles en cadeaux, les baveux du million mal acquis, les éjarrés de la vente aux plus offrant, les peddlers du fédéralisme enculatif, (Applaudissements) la ratatouille du pot-de-vin, les taches de graisse sur la conscience d’une économie... au service du plus fort, du plus riche, du malheureux...
Nous à Québec solidaire on dit, il n’y a pas de temps plus opportun, plus nécessaire de dépasser cette économie-là, de dépasser ce capitalisme auquel on n’est pas condamné. Il faut partout -c’est ce qu’on a dit dans ce qu’on a résolu à date, il faut partout où c’est possible et nécessaire socialiser l’activité économique en favorisant une économie publique forte, faite d’entreprises d’État, surtout de grandes entreprises nationalisées de certains secteurs stratégiques. On a parlé des énergies, on a parlé des mines, mais quand il le faut, -je ne sais pas si on en a discuté encore, je n’étais pas là durant la dernière heure, les pharmaceutiques quand c’est nécessaire, mais pas en nationalisant nécessairement, en ayant de grandes entreprises sous contrôle public. Pourquoi ? Pas pour faire des monopoles d’État, quand c’est pas nécessaire, parfois c’est nécessaire. On l’a fait avec Hydro-Québec. Mais en créant ces entreprises là sous contrôle majoritaire et quand il le faut jusqu’à 100%, dans le but surtout de faire concurrence et de briser les oligopoles privés actuels qui existent. (Applaudissements)
Une économie domestique (non je m’excuse une économie domestique est rarement démocratique) (Rires)... une économie démocratique ne peut pas être uniquement constituée d’entreprises publiques ou collectives. On peut aussi socialiser l’économie à travers les coopératives, les entreprises d’économie sociale, les services communautaires autonomes. On peut entraîner un transfert, en fait, massif de l’activité économique et de l’emploi vers des secteurs et des entreprises de production et de service, mais qui ont une finalité sociale et qui répondent aux exigences écologiques importantes et élevées que notre société veut instaurer. C’est une question de choix de société. C’est la question des finalités de l’économie. L’économie est au service de qui en fait ? L’économie doit profiter à qui. Nous on dit à tous que la prospérité doit être partagée réellement au service de tous. Mais on a dit hier que cette exigence peut très bien se réaliser en préservant une place au secteur privé, particulièrement les petites et moyennes entreprises. On a dit une certaine place qu’il faut baliser pour rencontrer nos exigences démocratiques, nos exigences féministes, nos exigences environnementales en fait celles que nous allons faire à travers le processus de la constituante, si Québec solidaire est au pouvoir pour établir démocratiquement, de manière participative, c’est quoi ces exigences auxquelles doivent se soumettre les PME ou toutes entreprises qu’elles soient petites, grandes, privées ou publiques. Les exigences de la société au service de tous. Mais il y a de la place au secteur privé d’abord, parce que l’on va tout mettre en place pour éviter son hégémonie actuelle, l’hégémonie du grand capital, pour éviter que comme aujourd’hui se soient les grands capitaux qui décident de tout en lieu et place des États, des sociétés, des peuples. (Applaudissements).
Dans cette perspective-là, Québec solidaire aujourd’hui, avec le programme maintenant qu’on est en train de compléter, il y en a à venir, mais déjà on en a déjà un grand pan entre nos mains, une vision. Par exemple, à la question que pose une revue que je vous invite temps en temps à consulter, Alternatives économiques, qui vient de produire un hors série entre 70 à 80 pages qui porte le titre « Et si on changeait tout ». Nous on dit oui, on veut envisager d’une manière démocratique, avec un point de vue féministe et écologiste de changer tout sans briser rien, sans briser la société et surtout en protégeant la nature. Quand on nous demande est-ce qu’on peut mettre fin aux conditions viles de travail dans lesquelles encore des millions de gens, et même au Québec des centaines de milliers gens vivent dans la précarité, au bas de l’échelle économique, on dit oui, on peut changer ça. Quand on nous demande est-ce qu’on peut transférer une bonne partie des activités économiques entre les mains des collectivités, entre les mains des coopératives, entre les mains autogérées des travailleurs. Oui, on peut faire ça. Quand on nous demande, si c’est possible par exemple d’intégrer les travailleurs à tous les échelons de la décision y compris dans les entreprises en plein contrôle ou au moins à 50% comme c’est envisagé dans certaines démocraties évoluées au sein des directions d’entreprises on dit oui on peut faire ça pourvu qu’on fasse les bons choix de société, les bons choix des finalités parce que l’économie doit être non pas pour l’économie, l’économie ne doit pas être uniquement pour l’activité de production sans fin, pour une croissance infinie. Mais, l’économie doit répondre à la seule exigence qui soit l’exigence de la vie des gens en société et de la vie tout court. Merci beaucoup ! (Longs applaudissements et cris d’approbation).
Transcription : Presse-toi à gauche !
Le titre est composé d’une phrase extraite du discours d’Amir Khadir