Édition du 19 novembre 2024

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Europe

Hollande détaille sa stratégie de croissance

PRÉSIDENTIELLE FRANÇAISE — François Hollande a reçu mercredi un coup de pouce inattendu de dirigeants européens, d’accord comme lui pour discuter d’une stratégie de croissance, et présenté ses pistes de renégociation du traité budgétaire.

(tiré du journal Le matin, 1 mai 2012)

Rendez-vous le 2 mai.

Le débat de l’entre-deux-tours entre Nicolas Sarkozy et François Hollande sera diffusé sur France 2 et TF1 mercredi 2 mai ainsi que par les grandes radios et les chaînes d’information en continu, ont-elle annoncé mercredi. La durée du débat n’est pas encore définie.

François Hollande plaide depuis des semaines en faveur d’une renégociation du traité européen sur les finances publiques, afin de lui adjoindre un programme de croissance.

"Au lendemain du scrutin, si j’en ai reçu mandat, j’adresserai un mémorandum aux chefs d’État sur la renégociation du traité" européen sur les finances publiques, a expliqué François Hollande, donné par les sondages largement gagnant du second tour de la présidentielle, qui aura lieu le 6 mai, face au président sortant Nicolas Sarkozy.

Ce traité a été signé en mars après avoir été négocié sous la houlette du couple Angela Merkel-Nicolas Sarkozy. Il s’agit d’un texte de stricte discipline budgétaire, dont le but est de mettre un terme à la crise de la dette en zone euro.

« L’austérité à vie, non »

Le candidat socialiste, en tête dimanche du premier tour de la présidentielle avec 28,63% devant Nicolas Sarkozy (27,18%) plaide depuis des semaines en faveur d’une renégociation de ce texte, afin de lui adjoindre un programme de croissance.

"Le sérieux budgétaire oui, l’austérité à vie, non", martèle-t-il.

En pleine campagne électorale, le socialiste a pris acte avec satisfaction de propos tenus à Bruxelles, devant des députés européens, par le président de la Banque centrale européenne (BCE).

"Nous avons un pacte budgétaire (...), nous devons revenir en arrière et en faire un pacte de croissance", a déclaré Mario Draghi.

"Les choses ont déjà bien progressé (...), les idées cheminent et le vote des Français y est sans doute pour beaucoup", a commenté François Hollande à Paris, lors d’une conférence de presse.

Message relayé par Merkel

La BCE a cependant réaffirmé, dans une mise au point, que ces déclarations ne représentaient pas un changement de position de l’institution de Francfort. Bien qu’il ait utilisé l’expression "pacte de croissance", le patron de la BCE "n’a pas changé son message", a dit un porte-parole.

Mario Draghi préconise des réformes structurelles en zone euro, comme une flexibilisation accrue du marché du travail, pour améliorer la compétitivité des Etats et non une relance par les dépenses publiques, a-t-il insisté.

Message également relayé par Angela Merkel. "Nous avons besoin de croissance, de croissance sous forme d’initiatives pérennes, pas juste de programmes de conjoncture - qui creuseraient encore la dette publique - mais de croissance, comme Mario Draghi l’a dit aujourd’hui, sous forme de réformes structurelles", a-t-elle dit.

Le chef de file de la zone euro, le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, a lui aussi plaidé mercredi pour une "stratégie de croissance" pour faire redémarrer l’économie européenne.

« Discussions fermes mais amicales »

François Hollande, de son côté, a détaillé les pistes qu’il avancerait s’il était élu à la présidence française en vue d’une renégociation du traité budgétaire.

Il proposerait : la "création d’eurobonds (obligations européennes, ndlr), pas pour mutualiser les dettes mais pour financer des projets industriels d’infrastructures" ; de "libérer davantage de possibilités de financement de la Banque européenne d’investissement" (BEI) ; la "création d’une taxe sur les transactions financières" ; la mobilisation des "reliquats des fonds structurels européens aujourd’hui inutilisés pour accompagner des projets".

Il a dit entrevoir des "discussions fermes mais amicales" avec Angela Merkel. "Est-ce que cela pourrait créer un clash ? Nous ne sommes pas là pour créer des conflits, mais pas non plus pour dissimuler des interprétations différentes ou des positions dissemblables", a-t-il jugé.

François Hollande a été snobé depuis des semaines par les dirigeants conservateurs européens, Angela Merkel en tête, qui ont refusé de le recevoir avant l’élection, à cause de son opposition au traité budgétaire.

Le président Nicolas Sarkozy met en garde depuis le début de la campagne contre le programme économique de son adversaire, qu’il juge dépensier et dont il affirme qu’il pourrait déclencher une vague de spéculation sur les marchés.

"Tout le monde veut de la croissance (...). La croissance que Mario Draghi veut, je la veut aussi, mais Mario Draghi ne dit pas que pour avoir de la croissance, il faut augmenter les dépenses publiques et augmenter le nombre de fonctionnaires", a-t-il souligné mercredi soir.

« Course » de Nicolas Sarkozy

François Hollande a notamment promis la création de 60’000 postes dans l’éducation en cinq ans, s’il est élu.

Sur le plan de la politique intérieure, la campagne électorale restait mercredi en partie dominée par l’extrême droite, après le score historique dimanche au 1er tour de la candidate du Front national (FN) Marine Le Pen avec 17,9%.

Dans ce contexte, le camp Sarkozy a essayé d’exploiter l’une des promesses du candidat Hollande, le vote des étrangers non communautaires (hors UE) aux élections municipales, c’est-à-dire dans le cas de la France essentiellement des immigrés originaires d’Afrique et du Maghreb. Elle affirme que c’est la porte ouverte au communautarisme.

François Hollande qui a dénoncé la "course" de Nicolas Sarkozy, "depuis dimanche soir", derrière "les électeurs, mais aussi les thèses, les mots et les phrases" de l’extrême droite, a maintenu mercredi cette proposition, sans en faire la priorité d’un éventuel mandat présidentiel. Elle sera mise en oeuvre "en 2013", a-t-il dit.

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