D’entrée de jeu, rappelons que la principale annonce faite par la Coalition Avenir Québec en campagne électorale pour faire face à la hausse du coût de la vie concerne le versement d’une aide ponctuelle - avant Noël - de 600 $ pour les personnes avec des revenus de moins de 50 000 $ et de 400 $ pour celles avec des revenus entre 50 000 $ et 100 000 $. D’après la CAQ, cet engagement de 3,5 milliards $ profitera à 6,4 millions de personnes.
Une aide insuffisante
« D’une part, il est évident pour le Collectif que cette aide de 600 $ sera nettement insuffisante pour les personnes en situation de pauvreté, lance le porte-parole du Collectif, Serge Petitclerc. Des centaines de milliers d’entre elles n’arrivent pas à couvrir leurs besoins de base au Québec. Avec la flambée des prix des derniers mois, elles sont obligées de couper un peu plus… dans ce qui leur fait déjà défaut. Pensons par exemple aux personnes assistées sociales qui, avec un revenu disponible annuel d’environ 10 500 $, peuvent à peine couvrir la moitié des besoins reconnus par la Mesure du panier de consommation (21 500 $ en 2021). Ce n’est pas pour rien que les banques alimentaires n’arrivent plus à répondre à une demande sans cesse grandissante.
« Pour toutes ces personnes, c’est certain qu’une aide de 600 $ peut représenter un bon coup de pouce, mais un coup de pouce qui va dans la plupart des cas être consacré aux factures impayées, à l’épicerie, à l’achat de vêtements pour l’hiver qui approche. Quand on manque de tout à l’année, un chèque de 600 $ est bien vite dépensé. Et que se passera-t-il après ? Comme il s’agit d’une aide ponctuelle, elle ne fera rien de plus que freiner momentanément l’appauvrissement des gens, sans pour autant améliorer leurs conditions de vie.
Des mesures inéquitables
« D’autre part, le Collectif déplore le caractère inéquitable de cette mesure, poursuit Serge Petitclerc. Peut-on s’entendre pour dire que l’impact de l’inflation est beaucoup plus dramatique pour les personnes qui vivent avec moins que le minimum vital que pour celles qui gagnent 100 000 $ ? Quel besoin essentiel pourront enfin satisfaire les personnes gagnant 100 000 $ par année avec un chèque de 400 $ ? Le Collectif est d’avis qu’il serait plus juste et responsable d’envoyer ce montant supplémentaire aux personnes qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts et s’en trouvent souvent contraintes d’hypothéquer leur santé physique et mentale. De cette façon, le gouvernement contribuerait à réduire un peu les inégalités au lieu de les creuser davantage.
« Une autre mesure annoncée en campagne électorale pour aider les gens à faire face à la hausse du coût de la vie, ce sont des baisses d’impôt qui devraient représenter 7,4 milliards $ dans le prochain mandat, rappelle Serge Petitclerc. Encore là, il s’agit pour le Collectif d’une mesure inéquitable à laquelle le gouvernement devrait renoncer. D’abord, ces baisses d’impôt ne profiteront pas aux personnes les plus pauvres vu qu’elles n’en paient tout simplement pas. Ensuite, elles priveront le gouvernement de revenus qui auraient justement pu servir à les soutenir financièrement ou à financer les programmes sociaux et les services publics… qui en ont grand besoin.
Pour des mesures à long terme
« Pour aider véritablement les gens qui souffrent le plus de la hausse du coût de la vie, le gouvernement devrait proposer des mesures structurantes de lutte contre la pauvreté plutôt que de simples mesures ponctuelles et mal ciblées. Par exemple, cela pourrait passer par la bonification du crédit d’impôt pour solidarité, la hausse du salaire minimum, l’augmentation du montant des prestations d’assistance sociale et l’indexation trimestrielle de ces dernières. Notons que l’augmentation du crédit d’impôt pour soutien aux aînés, qui a été annoncée en campagne électorale, est une mesure intéressante parce qu’elle sera récurrente, mais elle a malheureusement le défaut de ne cibler que les personnes à faible et moyen revenu de 70 ans et plus.
Serge Petitclerc conclut : « Il est important d’aider les gens rapidement. À court terme, le Collectif invite le gouvernement à viser, au minimum, l’augmentation des revenus pour permettre à tout le monde de couvrir ses besoins de base. C’est le minimum nécessaire pour espérer vivre en santé. Et c’est le premier pas vers la réalisation pleine et entière des droits de la personne, qui incluent notamment le droit à un niveau de vie décent. Tôt ou tard, le gouvernement devra bien reconnaître qu’il a la responsabilité d’agir en ce sens. »
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