Tiré de France Palestine Solidarité. Photo : attaque de colons à Qusra, village du sud de Naplouse le 11 octobre 2023. Un commando de colons lourdement armés, équipés de fusils d’assaut M-16, ont pénétré dans le village et tiré à vue sur tous les palestiniens qu’ils ont pu voir. Source : Bt’selem
La prochaine surprise n’en sera pas une. Elle sera peut-être moins meurtrière que la précédente, le 7 octobre, mais son prix sera élevé. Lorsqu’elle nous tombera dessus, nous laissant abasourdis par la brutalité de l’ennemi, personne ne pourra prétendre qu’il ne savait pas qu’elle allait arriver.
L’armée ne pourra pas le faire, parce qu’elle a constamment lancé des avertissements, mais n’a pas bougé le petit doigt pour l’empêcher. La responsabilité des Forces de défense israéliennes (FDI) sera donc tout aussi grande que lors du massacre dans le sud, et tout aussi importante que celle des colons et des politiciens qui les empêchent prétendument d’agir.
La prochaine cocotte-minute qui va nous exploser à la figure est en train de bouillir en Cisjordanie. Les FDI le savent ; ses commandants ne cessent de nous mettre en garde à ce sujet. Il s’agit d’avertissements hypocrites et moralisateurs destinés à couvrir les arrières de l’armée. Ces avertissements sont éhontés, car les FDI, avec leurs propres mains et leurs propres soldats, attisent le feu tout autant que les colons.
Prétendre que nous pourrions nous retrouver à nous battre sur un autre front uniquement à cause des colons est un mensonge et une duplicité. Si l’armée israélienne l’avait voulu, elle aurait pu agir immédiatement pour apaiser les tensions. Si elle l’avait voulu, elle aurait agi contre les colons, comme une armée normale est tenue de le faire à l’égard des milices locales et des groupes armés.
Les ennemis d’Israël en Cisjordanie sont notamment les colons, et les FDI ne font rien pour les arrêter. Ses soldats participent activement aux pogroms, maltraitant de manière scandaleuse les habitants - les photographiant et les humiliant, les tuant et les arrêtant, détruisant les mémoriaux, comme celui de Yasser Arafat à Tulkarem, et arrachant des milliers de personnes à leur lit. Tout cela jette de l’huile sur le feu et fait monter la tension.
Des soldats revanchards, envieux de leurs compatriotes de Gaza, se déchaînent dans les territoires occupés, le doigt léger et enthousiaste sur la gâchette. Près de 200 Palestiniens y ont été tués depuis le début de la guerre, et personne ne les arrête. Aucun commandant régional, commandant de division ou commandant sur le terrain n’arrête le déchaînement. Il est difficile de croire qu’ils sont également paralysés par la peur des colons. Après tout, ils sont considérés comme courageux.
Les colons sont en extase. L’odeur du sang et de la destruction qui monte de Gaza les incite à se déchaîner comme jamais auparavant. Plus besoin de contes de fées sur les loups solitaires ou les mauvaises graines. L’entreprise de colonisation, avec son cortège de fonctionnaires politiques et de financements, ne se bat pas contre les pogroms qui en émanent. La guerre est leur jour de paie, leur grande chance.
Sous le couvert de la guerre et de la brutalité du Hamas, ils ont saisi l’occasion de chasser le plus grand nombre possible de Palestiniens de leurs villages - en particulier les plus pauvres et les plus petits - avant la grande expulsion qui aura lieu après la prochaine guerre, ou celle qui suivra.
Cette semaine, j’ai visité le no man’s land dans le sud des collines d’Hébron. Les choses n’ont jamais ressemblé à cela auparavant. Chaque colon est désormais membre d’une "équipe de sécurité". Chaque "équipe de sécurité" est une milice armée et sauvage qui a le droit de maltraiter les éleveurs et les agriculteurs et de les expulser.
Seize villages de Cisjordanie ont déjà été abandonnés et l’expulsion se poursuit à plein régime. Pour l’essentiel, les FDI n’existent pas. Israël, qui ne s’est jamais intéressé à ce qui se passe en Cisjordanie, n’en entendra certainement plus parler. Les médias internationaux s’y intéressent de près et comprennent où cela mène.
Derrière tout cela, on retrouve la même arrogance israélienne qui a permis la surprise du 7 octobre. La vie des Palestiniens est considérée comme moins que rien. S’occuper de leur sort et de l’occupation est considéré comme une nuisance obsessionnelle. L’idée dominante est que si nous l’ignorons, les étoiles s’aligneront d’une manière ou d’une autre.
Ce qui se passe en Cisjordanie reflète une situation incroyable. Même après le 7 octobre, Israël n’a rien appris. Si le désastre actuel dans le sud nous est tombé dessus après des années de siège, de déni et d’indifférence, le prochain tombera parce qu’après son prédécesseur, Israël n’a pas pris au sérieux les avertissements, les menaces et la gravité de la situation.
La Cisjordanie gémit de douleur et personne en Israël n’écoute son appel à l’aide. Les colons se déchaînent et personne en Israël n’essaie de les arrêter. Jusqu’où les Palestiniens peuvent-ils aller ? Israël devra payer la facture quoi qu’il arrive. Ce sera froid ou chaud, mais très sanglant dans les deux cas.Traduction : AFPS
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