Édition du 4 mars 2025

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Israël - Palestine

“Guerre de la faim” : tollé contre la décision d’Israël de bloquer les aides vers Gaza

La décision du gouvernement de Benyamin Nétanyahou de bloquer l’entrée des aides humanitaires dans l’enclave palestinienne a suscité une vague de réactions dans le monde arabe et à l’international, et exacerbé les craintes d’une relance de la guerre.

Tiré du Courrier international. Légende de la photo : Des enfants palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture préparée par une association caritative à Khan Younès, dans le sud de la Bande de Gaza, le 3 mars 2025. Photo : Hatem Khaled/Reuters.

“Israël impose un siège à Gaza et déclare la guerre de la faim”, titre ce lundi 3 mars le quotidien panarabe Al-Quds Al-Arabi, alors que les réactions dans le monde arabe et à l’international pleuvent depuis l’annonce par Israël, la veille, de la fermeture des postes-frontières par lesquels est acheminée l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.

Cette décision, qui a surpris aussi bien les Palestiniens que les Israéliens, vise à exercer une pression sur le Hamas, afin de le contraindre à accepter une proposition américaine d’extension jusqu’au 19 avril de la première phase de l’accord de cessez-le-feu, arrivée à terme début mars.

De son côté, le mouvement palestinien réclame l’enclenchement immédiat de la deuxième phase, conformément au calendrier initialement défini, stipulant la libération des otages restants, des négociations sur un arrêt permanent des hostilités et le retrait total des troupes israéliennes de Gaza.

“Punition collective”

“L’utilisation de l’aide [humanitaire] comme moyen de coercition et de punition collective constitue une violation flagrante du droit international, encore plus au regard de la situation humanitaire à Gaza”, a ainsi réagi l’Arabie saoudite, rapporte le quotidien Asharq Al-Awsat, alors que le Qatar et l’Égypte, deux médiateurs clés impliqués dans les négociations entre Israël et le Hamas, ont condamné à l’unisson la décision israélienne.

Le Caire a dénoncé une “violation flagrante” de l’accord, et accusé Israël d’utiliser la famine comme “arme contre le peuple palestinien”.

Au niveau international, l’Union européenne (UE) a appelé à une reprise rapide des négociations ainsi qu’à l’“accès complet […] et sans entrave à l’aide humanitaire des Palestiniens”, alors que plus de 90 % des Gazaouis vivent dans des conditions extrêmes, rapporte le journal saoudien.

La semaine dernière, sept nourrissons sont morts à Gaza d’hypothermie, alors que le Proche-Orient était touché par une vague de froid, rappelle le site Electronic Intifada.

Vers une relance de la guerre ?

L’Organisation des nations unies ainsi que plusieurs ONG internationales, dont Oxfam et Médecins sans frontières (MSF), ont également condamné la décision israélienne, dénonçant l’usage de l’aide humanitaire comme “monnaie d’échange et outil de guerre”.

Mais au-delà des condamnations, “l’inquiétude grandit quant à une reprise des combats”, constate The New York Times, et quant au sort de centaines de milliers de Palestiniens vivant toujours à Gaza et à celui des 54 otages détenus encore par le Hamas.

Benyamin Nétanyahou semble en effet privilégier l’option martiale, d’autant que sa survie politique reste tributaire de ses alliés d’extrême droite, notamment de son ministre des Finances, Bezalel Smotrich, qui a menacé en janvier de démissionner si la guerre ne reprenait pas.

“Alors que le cessez-le-feu vacille, le Hamas et Israël opèrent sur deux fronts, l’un diplomatique, l’autre militaire”, chacun se préparant à l’éventualité d’une relance du conflit, met ainsi en garde le journal américain.

“Les otages d’abord”

Entre-temps, la panique s’est emparée des familles des otages dès l’annonce, dimanche 2 mars, du blocage des aides acheminées vers Gaza, rapporte la presse israélienne. Une crainte exacerbée par les menaces du Hamas, qui a affirmé qu’Israël devra “assumer les conséquences” de sa décision, qualifiée de “coup d’État”, contre l’accord de trêve conclu le 19 janvier.

Dans un article, le site The Times of Israel a interrogé certains de ces proches, qui appellent unanimement à la mise en œuvre de la deuxième phase de l’accord.

Parmi eux, Lishay Miran-Lavi, mère de deux petites filles, est toujours dans l’attente du retour de son mari, Omri Miran, détenu à Gaza depuis octobre 2023. “Les otages immédiatement, le Hamas ensuite”, affirme-t-elle sur un ton insistant. “Quand pourrai-je me lever le matin et répondre aux questions de mes filles sur le jour et l’heure auxquels leur père rentrera à la maison ?” demande la jeune mère, citée par le média.

Sa crainte, comme celle d’autres proches, est que cela se fasse aux dépens des otages. C’est aussi l’inquiétude de certains journalistes, dont Amos Harel, dans Ha’Aretz. Si le conflit reprend, dit-il, “certains [otages] risquent d’être condamnés à un séjour prolongé dans les tunnels du Hamas, et d’autres seraient sacrifiés”.

Les craintes sont également vives, côté palestinien, d’un nouvel épisode meurtrier après quinze mois d’une guerre dévastatrice, ayant fait plus de 60 000 morts et déplacé près de 2 millions de personnes. “Assez de guerres… !” lance ainsi Abou Mohammed El-Basyouni, un habitant de la ville de Gaza, cité par le journal palestinien Al-Ayyam. “Nous sommes aussi un peuple, et nous avons le droit de vivre.”

Courrier international

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