Édition du 26 novembre 2024

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Israël - Palestine

Gaza, jour 402 : les civils tentant de fuir sont assassinés

Israël poursuit sa guerre génocidaire à Gaza, en Cisjordanie et au Liban. Point sur la situation cette semaine à Gaza, alors que l’armée israélienne a déclaré qu’elle ne permettrait pas aux Palestinien·nes déplacé·es du nord de Gaza de retourner chez elles et eux.

Tiré d’Agence médias Palestine.

Chiffres clés
à Gaza depuis le 7 octobre 2023 :
43 665 mort·es
103 076 blessé·es
1,9 million de déplacé·es

au Liban depuis le 7 octobre 2023 :
3243 mort·es
14 134 blessé·es
1,2 million de déplacé·es

en Cisjordanie depuis le 7 octobre 2023 :
783 mort·es
dont 146 enfants
19 031 déplacé·es

L’armée israélienne poursuit ses massacres dans l’ensemble de la bande de Gaza, et principalement au nord de l’enclave. Le ministère de la santé de Gaza a annoncé que 49 Palestinien·nes avaient été assassiné·es dimanche 10 novembre, et 50 autres lundi.

Le camp de Nuseirat, situé sur le « corridor de sécurité » désigné par Israël comme passage pour les gazaoui·es qui fuient le nord, a été bombardé à plusieurs reprises au cours des derniers jours, et des tanks israéliens y ont mené une attaque dimanche, assassinant plus de 11 Palestinien·nes.

Les résident·es du camp témoignent que les chars israéliens ont ouvert le feu en entrant dans le secteur ouest secteur du camp, provoquant la panique au sein de la population et des familles déplacées. Zaik Mohammad, habitant du camp, explique que l’avancée des chars est survenue sans aucun avertissement : « Certaines personnes n’ont pas pu partir et sont restées bloquées à l’intérieur de leurs maisons, suppliant qu’on les laisse sortir, tandis que d’autres se sont précipitées pour fuir avec tout ce qu’elles pouvaient porter ».

Le siège du nord de Gaza

Le 4 novembre, les Nations unies et leurs partenaires estimaient qu’environ 100 000 personnes avaient été déplacées en quatre semaines depuis le nord vers la ville de Gaza, et qu’il restait entre 75 000 et 95 000 personnes dans la zone assiégée. La défense civile palestinienne (PCD) estime qu’au moins 1 300 Palestinien·nes ont été assassiné·es au cours de cette offensive.

Décrivant la situation au nord de Gaza comme « apocalyptique », les directeurs de 15 organisations et consortiums humanitaires et des Nations Unies ont renouvelé leur appel à toutes les parties qui se battent à Gaza pour protéger les civils, ont demandé à l’État d’Israël de « cesser son assaut sur Gaza et sur les humanitaires qui tentent de l’aider ». Constatant que l’aide de base et les fournitures vitales ont été refusées alors que les bombardements et autres attaques se poursuivent, les chefs d’État et de gouvernement ont souligné que « le mépris flagrant de l’humanité fondamentale et des lois de la guerre doit cesser », que les attaques contre les civils et les infrastructures civiles restantes doivent cesser, que l’aide humanitaire doit être facilitée et que les biens commerciaux doivent être autorisés à entrer dans la bande de Gaza.

Les réfugié·es du nord affluent dans la ville de Gaza

Les civil·es qui se résignent à quitter le nord de Gaza arrivent dans la ville de Gaza et s’installent dans des camps de réfugiés nouvellement créés. Ces camps débordent cependant déjà, et il n’y a plus de tentes pour les nouveaux·lles arrivant·es.

« Plus de 350 familles sont arrivées du nord et il n’y a pas assez de tentes pour les accueillir. » explique Muhammad Saada, directeur adjoint du centre de déplacement. Le camp a été établi par plusieurs initiatives caritatives mais n’est pas suffisamment approvisionné, et devient rapidement invivable alors que des familles cherchant un abri continuent d’affluer.

Les réfugié·es du nord de Gaza décrivent les scènes d’horreur qu’ils et elles ont vécu, et de nombreux témoignages dénoncent des traitements inhumains de la part de l’armée israélienne sur les routes pourtant désignées par celle-ci comme « sûres » pour évacuer.

« Une femme atteinte d’un cancer se tenait sur le bord de la route, accompagnée de quatre enfants », raconte Jinan Suleiman, 18 an, qui vient d’arriver dans la ville de Gaza. « Elle en portait deux dans ses bras, et les deux autres étaient à terre, pleurant et criant de faim. Elle demandait de l’aide à tous ceux qui passaient près d’elle. Elle criait et disait : ‘J’ai un cancer, je ne peux pas porter mes enfants et mes sacs’. Elle voulait que quelqu’un·e prenne ses enfants, qui étaient couché·es sur le sol, mais moi, comme tous les autres, je suis passée à côté d’elle et je n’ai pas pu l’aider. (…) Les soldats nous guettaient, elles et ils tiraient sous nos pieds et nous empêchaient d’aider les autres ou de nous arrêter pour quelque raison que ce soit. »

« Sur le chemin, les blessé·es marchaient ensemble et saignaient ; ils tombaient au milieu de la route et personne ne les aidait », raconte une autre réfugiée. « Il y avait des enfants qui avaient perdu leur famille et d’autres qui s’étaient débarrassés de leur sac pour pouvoir continuer à marcher et survivre. L’armée nous a délibérément fait marcher sur une route accidentée afin de nous épuiser et de nous tuer en chemin ».

Les craintes de saisies de terres se concrétisent

Mardi 5 novembre, un porte-parole de l’armée israélienne, Yitzhak Cohen, a déclaré lors d’un point de presse que l’armée était sur le point de procéder à l’« évacuation » complète de la population du nord de Gaza, et a affirmé que les résidents palestiniens du nord ne seront pas autorisés à retourner chez eux. Cette déclaration marque la première admission officielle par Israël de son intention d’expulser définitivement les Palestiniens du nord de la bande de Gaza.

La semaine dernière, l’armée israélienne avait pourtant déclaré qu’elle avait mis fin à la plupart de ses « opérations » dans le nord de Gaza et qu’elle mettrait bientôt fin à son offensive dans cette région. La dernière annonce de Yitzhak Cohen vient donc renforcer les craintes qu’Israël ambitionne de se saisir des terres du nord de Gaza en appliquant le « Plan des Généraux », une proposition d’un groupe de généraux israéliens de haut rang qui vise à vider Gaza de sa population par une campagne systématique de famine, de massacres et de déplacements forcés.

« Ils veulent détruire le nord », explique Umm Omar Salman, une enseignante qui a fui sa maison pour se réfugier à Gaza. « Surtout la zone frontalière, Beit Lahia. C’est de là que nous venons. Nous avons tenu bon jusqu’au dernier moment, lorsque nous avons découvert des dizaines de chars entourant les abris de l’école. Les soldats nous ont fait sortir de force. »

Gaza invivable

Dans un rapport, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) alerte des dangers que constitue l’environnement même de Gaza suite aux bombardements continus d’Israël depuis plus d’un an. La dernière analyse du Centre satellitaire de l’ONU (UNOSAT), réalisée au début du mois de septembre, a montré que plus de 65 % de toutes les structures de Gaza avaient été soit endommagées, soit détruites.

Des milliers de civil·es continuent d’être contraint·es de se déplacer à plusieurs reprises, de survivre au milieu des décombres et de s’abriter dans des endroits peu sûrs, y compris dans des bâtiments endommagés ou détruits. Outre les risques liés aux bombardements israéliens incessants, à la famine et aux épidémies, les Palestinien·nes évoluent dans des zones dangereuses et instables, où de nombreux restes explosifs sont enfouis dans les sols et les décombres.

Le service d’action contre les mines de l’ONU (UNMAS) rappelle que la contamination par les restes explosifs de guerre est susceptible de se produire à la fois en surface et sous la surface, impliquant non seulement des munitions de service terrestres (projectiles, mortiers, roquettes, missiles, grenades et mines terrestres), mais aussi des bombes profondément enfouies. L’UNMAS alerte aussi que les difficulté d’accès ne permettent pas à leurs équipes d’évaluer pleinement l’étendue des risques et de les prévenir.

Le PNUD alerte aussi que l’amiante hautement cancérigène libérée dans l’air en raison de la destruction généralisée des infrastructures, ainsi que d’autres contaminants, continueront d’affecter les communautés de Gaza pendant longtemps.

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