Comme l’ont noté d’autres commentateurs, nommément Normand Mousseau et Marc Durand, ce plan ne montre pas toutes les alternatives et les avantages et désavantage des « filières » en jeu dans le but d’une prise de décision éclairée. Il ne constitue donc pas une véritable ÉES.
Ce plan n’est pas non plus le fruit d’une démarche scientifique. Les lacunes et les failles méthodologiques sont trop nombreuses pour statuer de la scientificité de cette étude. La faille la plus évidente et la plus importante est la notion de projet type équivalente à un puits. Cette notion est caduque et ne correspond pas à la réalité. Une autre faille majeure est la tentative du comité de réduire l’industrialisation des territoires visés à une implantation industrielle « comme toute autre industrie ». Or ce n’est pas le cas. La mesure des impacts écologiques et humains de cette industrie implique de la considérer comme un processus d’implantation synergique sur tout le territoire de milliers d’unités de production polluantes.
Cette industrie implique un modèle de développement inédit et très récent. On comprendra que, dans les faits, ce n’est que depuis 2006 que la technique actuelle de fracturation hydraulique horizontale sur site comportant plusieurs puits est implantée. Ses effets sont difficilement mesurables et sont inédits. Penser autrement, c’est aller à l’encontre des faits. Ne pas mesurer les implications de la nouveauté de la technique et ne pas mentionner les incertitudes qui découlent de la nouveauté de la technique est non scientifique. Penser que l’on peut mesurer en quelques mois tous les impacts et lever les zones d’incertitudes est aussi a-scientifique.
Le plan doit être revu entièrement pour mettre au coeur de l’action du comité la pertinence environnementale et socio-économique de l’industrialisation du territoire de la Vallée du St-Laurent et des autres territoires visés par l’industrie des gaz de schiste dans la perspective du développement durable. L’étude doit mentionner les zones d’incertitudes des risques majeurs de cette industrie et appliquer le fermement les principes du développement durable.
Ma critique aurait été moins sévère si le comité nous avait présenté le plan d’une véritable ÉES.
C’est pourquoi selon moi :
– le plan doit être entièrement revu pour refléter les demandes des citoyens pour une véritable étude environnementale stratégique de la pertinence de cette filière.
– Le comité doit demander la démission de la représentante de l’industrie et souhaiter la nomination de deux commissaires demandés par les comités de citoyens.
– Le nouveau plan doit être soumis à la consultation publique.
Sans ces trois mesures, la démarche de l’ÉES sera considérée comme caduque et ne pourra correspondre aux critères internationaux d’une véritable ÉES, mais sera vue en elle-même comme un des éléments d’une stratégie d’implantation de cette industrie sur les territoires concernés.
L’auteur est membre du comité de mobilisation gaz de schiste de Mont St-Hilaire. Le texte complet de 44 pages analysant l’orientation de L’EES est disponible à l’adresse suivante : http://bibliothequedeschistebis.blogspot.com/2012/01/critique-detaillee-du-plan-de-lees-par.html