Édition du 19 novembre 2024

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France

Fillon, un genre de Trump bien peigné ?

Le rapprochement entre François Fillon et Donald Trump peut sembler incongru. L’ancien premier ministre un peu terne au premier regard n’a pas grand’chose en commun avec le décoiffant nouveau leader du monde libre.

tiré de : site de « Sauvons l’Europe » http://sauvonsleurope.eu/fillon-un-genre-de-trump-bien-peigne/
Auteur : Arthur 21 novembre 2016

Disons pourtant ici qu’il y a quelque chose d’assez troublant dans la similarité entre ces deux hommes politiques qui ont surgi de manière inattendue du coeur de leur électorat en entonnant fortement le couplet culturel de ce peuple de droite.

François Fillon n’est pas un homme neuf. Il a débuté en politique en 1976 dans les cabinets ministériels, la même année qu’Alain Juppé qui a eu une première vie professionnelle. Député depuis 1981 et ayant partagé tous les combats et les responsabilités des droites depuis lors, il est le véritable candidat identitaire de cette primaire.

Rétrograde sur les moeurs, il s’est opposé successivement à la dépénalisation de l’homosexualité, au PACS, au Mariage pour tous et a été adoubé par la Manif pour tous. Il a également tenté d’imposer aux fournisseurs d’accès de censurer internet. Signalons tout de même qu’il est un des très rares députés de droite à avoir voté l’abolition de la peine de mort.

Rétrograde sur les droits des travailleurs, il propose la fin des 35 h sans plus de précision (candidat à la tête de l’UMP en 2012, il visait les 48h), l’obligation de travail d’intérêt général pour les titulaires du RSA et il y’a peu encore l’obligation pour les chômeurs d’accepter n’importe quel poste leur est proposé par Pole emploi. L’orientation générale est facile à déterminer : les pauvres sont des feignasses qui n’ont qu’à bosser.

Dans la course au candidat qui propose la plus grande suppression du nombre de fonctionnaires, il a décroché le pompon. Un demi-million, pas moins, sans bien dire lesquels. Peu importe que ce soit irréaliste, ce n’est pas le sujet. Ils n’ont qu’a bosser plus, ces feignasses, et il est le candidat à le dire le plus fort.

Ce n’est pas une histoire d’amour personnelle. La personnalité se bâtit sur la durée, et Fillon n’a pas bâti grand’chose. A l’ouverture de la primaire, il était le quatrième homme. Non par défaut de notoriété bien sur. Contrairement à un Montebourg qui a été découvert par les téléspectateurs il y a 5 ans, Fillon n’était pas un inconnu : il a parait-il dirigé le gouvernement de la France pendant un quinquennat. Tout simplement, en une campagne et trois débats il s’est adressé sans souci de mesure au coeur de ses électeurs, qui se sont reconnus dans son discours.

Nous voyons de plus en plus les emportements l’emporter sur toute approche raisonnable, y compris au sein des partis de gouvernement. Les conservateurs placent largement en favori le candidat qui leur a tenu le discours le plus dur, le seul candidat déclaré au centre qui rencontre quelque succès d’opinion théorise la rupture avec des élites dont il est le représentant le plus achevé, et les turbulences s’annoncent fortes dans la primaire de la gauche. Vers où allons-nous ?

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