Malgré les limites imposées par la Loi, la peur des femmes autochtones s’est exprimée, rompant le silence de l’indifférence. L’indifférence quand il y a la police qui débarque des femmes saoûles à des kilomètres de chez elle en prenant soin de leur retirer les souliers. Quand les agents profitent de leur rôle social pour abuser la dignité de ces femmes.
Et quand tout ce qu’on trouve à répondre c’est « on ne peut rien faire, on manque de preuves ».
Si on a rien trouvé d’autre à dire à ces femmes c’est parce qu’on ne connaît rien de la réalité autochtone. Parce que la réalité, c’est ma mère qui a vécu dans la honte lorsque mise dehors de sa communauté à cause de la Loi sur les Indiens, et qu’en dehors tu devenais une « sauvagesse » ou une « wapouche ». Il y a de cela plus de soixante ans maintenant.
J’ai travaillé sur la côte nord, et je travaille avec les femmes autochtones à Québec. Pis la réalité, c’est encore ça vous savez. Pas dans les mêmes mots, mais dans les gestes par exemple.
À l’hôpital, combien de fois j’ai vu ou entendu des histoires où les autochtones étaient moins bien traiter ou carrément mis dehors parce qu’ils arrivaient en état de consommation. « Ah on sait ben c’est un autochtone ! ». Ou des histoires de bagarre dans les bars où on vous dit « mêle-toi s’en pas c’est des autochtones ! ». Ou encore lire dans les journaux que le gouvernement devrait nous organiser parce qu’on ne sait pas le faire.
Ben y est là le racisme systémique ! Et c’est exactement ça que les femmes autochtones dénoncent maintenant. On en a assez de ce racisme ignorant. Depuis la Commission Royale d’enquête en 1992 que c’est dénoncé partout. On est à terminer la Commission de Vérité et de réconciliation sur les pensionnats. On tient des Vigiles et une Enquête nationale sur le sort des Femmes autochtones assassinées ou disparues. Les statistiques disent toutes la même chose : les autochtones vivent moins bien que la majorité allochtone.
Il faut arrêter de dire qu’il n’y a pas assez de preuves…Les preuves sont là : je demandes, avec vous, que le gouvernement reconnaisse la vérité, et que nous puissions enfin commencer travailler ensemble dans la dignité, et la guérison.
Brisons le silence sur les agressions sexuelles
Brisons le silence sur la pauvreté
Brisons le silence sur la différence
Brisons le silence sur la violence sous toutes ses formes
Nous avons soif de liberté
Nous avons besoin d’autonomie gouvernementale
Nous avons besoin que l’on prenne soin de la Mère Terre
Nous avons besoin de vous mais vous avez besoin de nous
, lu au CN de QS, 20 nov. 2016