Dans leur rapport mondial sur les crises alimentaires 2017 publié le 31 mars dernier à Bruxelles, un ensemble d’organismes internationaux pointaient l’insécurité alimentaire grave que vivaient 108 millions de personnes dans 23 pays en 2016. C’est une hausse de 35 % par rapport à 2015 où ces personnes affamées n’étaient que 80 millions. Les conséquences des changements climatiques et de la désertification sont empirées par les conflits et l’insécurité qui limitent la disponibilité et l’accès à la nourriture. « Il est de la plus haute importance d’informer la communauté de la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale et nationale, quant au risque de crises alimentaires et à la sévérité de ces crises », affirment les organismes qui ont collaboré au rapport, soit l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Union européenne et de nombreux autres. C’est au total plus de 20 millions de personnes qui sont en danger de mourir de faim cette année. Ce serait la pire crise humanitaire depuis 1945 selon ces intervenants et intervenantes. L’ONU demande 4,4 milliards de dollars d’ici l’été pour aider ces gens.
Or, le Canada peut avoir une partie du blâme dans cette situation causée principalement par la guerre et la sécheresse. Il y a 50 % des citoyens et citoyennes du Yémen, soit 14,1 millions, qui vivent une crise dite de phase trois, soit la pire situation alimentaire possible. Le Canada continue à s’entêter à vendre des milliards de dollars d’armes à l’Arabie Saoudite qui est la cause première de cette situation au Yémen en raison de la guerre qu’elle y mène à l’Iran par partie prenante interposée. Le Canada confirmait d’ailleurs en avril 2016 la vente à l’Arabie Saoudite pour 15 milliards de dollars de blindés. Le gouvernement jure que ces armes ne seront pas utilisées pour la guerre au Yémen. Elles vont cependant, par un jeu de vases communicants, remplacer en Arabie-Saoudite celles qui y seront envoyées au combat. Si la ministre du Développement international, Marie-Claude Bibeau, annonçait le 18 mars une aide de 120 millions de dollars pour répondre aux besoins des populations touchées, elle n’a jamais remis en cause la vente d’armes canadiennes à l’Arabie Saoudite. Le Canada peut donc être considéré comme un des pays impliqués dans ce cycle de crise.
Michel Gourd