Édition du 19 novembre 2024

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Politique québécoise

Faire payer les victimes

Qu’il s’agisse d’assurer la relance des entreprises et de l’économie ou de réduire les déficits gouvernementaux, c’est aux travailleurs, aux contribuables et aux citoyens les moins riches qu’on demande de faire les plus grands sacrifices.
(Cet article nous a été offert par la Gazette de la Mauricie)

Pourtant, on sait maintenant très bien que c’est la cupidité des gens des milieux financiers et le laxisme des réglementations gouvernementales qui ont permis la spéculation et les dérives financières ayant servi de détonateurs à la crise. Cette crise, d’abord américaine, a eu des répercussions dans l’ensemble des économies occidentales et, notamment, au Canada et au Québec où pourtant nos institutions financières et notre réglementation se sont avérées beaucoup plus solides que celles des États-Unis.

 
Mais même si la crise n’a pas eu ici la même ampleur qu’aux États-Unis, il reste que des secteurs tributaires du marché américain, dont certains déjà vulnérables comme l’automobile, les pâtes et papiers, le bois d’œuvre, etc. en ont pâti sérieusement. On a donc assisté à des fermetures d’entreprises, des mises à pied permanentes ou temporaires et des réductions de personnel par attrition dans maints établissements. Dans de nombreux cas les salariés, syndiqués ou non, ont dû consentir des baisses de salaire, des concessions sur leurs régimes de retraite et leurs conditions de travail pour assurer la survie des entreprises et le maintien de leurs emplois.

 
Quant aux pertes importantes encourues dans le sillage de la crise par la Caisse de dépôt et les régimes dont elle gère les fonds, ce sont les cotisants, donc les mêmes travailleurs déjà affectés par la crise, qui devront éventuellement les combler par une hausse de leur contribution. 

 
Les finances publiques ont évidemment été aussi affectées par la crise. Elle a entraîné une baisse des revenus des gouvernements en même temps que ceux-ci engageaient des sommes importantes pour rescaper des industries comme les compagnies d’automobile et lancer de vastes travaux d’infrastructures afin de soutenir l’activité économique. Ce sont là des éléments qui ont eu pour effet de creuser les déficits dans les finances publiques.
 

Or maintenant que les programmes gouvernementaux pour soutenir la relance économique arrivent à leur terme et qu’il faut composer avec les déficits gouvernementaux que nous propose-t-on pour soutenir l’activité économique et pour assainir les finances publiques ?

 
Pour stimuler l’activité économique, Ottawa et Québec, malgré leurs difficultés budgétaires, accordent aux entreprises des concessions importantes comme la nouvelle baisse fédérale de l’impôt des entreprises entrée en vigueur ce mois-ci ou les conditions très avantageuses accordées par Québec à l’industrie des gaz de schiste.

 
Pour réduire les déficits la voie privilégiée est bien illustrée par le dernier budget du Québec. Plutôt que de revenir sur les imprudentes baisses d’impôt des années précédant la crise, on choisit plutôt de multiplier les tarifs et les coûts pour les services publics comme la santé, l’éducation, l’électricité. On augmente les taxes les plus régressives comme la TVQ et la taxe sur les carburants en même temps qu’on annonce, sous couvert de réduction des dépenses, des coupes dans les programmes et les services gouvernementaux. Et le discours qui nous vient d’Ottawa annonce une approche et des mesures tout à fait semblables.

 
Une étude du Centre canadien des politiques alternatives révélait récemment que malgré la crise économique la rémunération des 100 patrons les mieux payés au Canada n’avait que peu été affectée et s’élevait en moyenne à 6 643 895$ en 2009. De surcroît une grande partie de cette rémunération est versée sous forme d’options sur actions qui ne sont imposées qu’à 50% contrairement aux revenus de travail, comme les salaires, qui sont imposés à 100%.

 
Mais ces gens dont la rémunération représente 155 fois le revenu du travailleur canadien moyen peuvent dormir tranquilles, ils peuvent compter sur des gouvernements et des « élites » économiques pour veiller à ce que ce soit ce travailleur canadien moyen qui, à tous les points de vue, fasse les frais de la crise économique. 

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