Pourtant, mardi soir, le 24 janvier 2011, je me trouvais au show du cadenas 2. Le mot de bienvenue du président avait quelque chose d’un peu lourd. Après deux ans de Lock-Out, on pouvait sentir une certaine amertume. Mais il est toujours impressionnant de voir que même lorsqu’il n’y a vraiment pas de quoi se réjouir, il est possible de donner un excellent spectacle qui je l’espère aura donné un brin de réconfort aux 253 lock-outés et à leurs familles. Cette année plus de 1500 personnes de tous âges ont assisté au spectacle, 1500 personnes solidaires et révoltées.
Les zapatistes toujours aussi cinglants et énergiques qu’à l’habitude se sont chargés de l’animation. Damien Robitaille est monté sur scène le premier et a réchauffé la salle un peu endormie par le froid de canard qu’il faisait ce soir là. Puis Christian Vanasse des Zapartistes a fait sa célèbre imitation de Pierre-Karl Péladeau « Citizen Karl ». La salle s’est bien chargée de le remettre à sa place, on pouvait entendre scander un peu partout « PKP Voyou !!! » On s’est esclaffés en entendant « Citizen Karl » nous parler de ses ambitions de convergence totale et de facture unique pour toute, prélevée directement sur notre paye…
S’en est suivie la performance de nul autre que Gilles Vigneault qui a débuté en nous rappelant un conseil qu’il s’était un jour fait donner par son vieil ami Michel Chartrand : « Ne jamais franchir un piquet de grève !!! » Il a enchaîné avec Mon pays, et les gens de mon pays. Je dois vous dire que du haut de mes 23 ans, je ne croyais pas que j’assisterais à cela un jour. Il a chanté avec ferveur …« Je vous entends demain parler de liberté ! » et la foule s’est levée pour l’acclamer.
Puis, tour à tour, Claudette Charbonneau, Amir Khadir et Gil Courtemanche se sont succédé. Claudette Charbonneau y est allée d’un bon mot d’encouragement, souhaitant que les lock-outés se laissent bercer dans le souffle chaud de la solidarité. Amir Khadir, fidèle à lui-même, ne s’est pas gêné pour dénoncer haut et fort le déséquilibre de pouvoir entre le patronat et les employé-e-s et a rappelé l’inaction du gouvernement. L’écrivain, Gil Courtemanche, qui rappelons-le, a exigé d’être retiré de la liste des nominés du prix Archambault en appui aux 253 employé-e-s du journal, a tenu un discours enlevant. Préférant s’en tenir à son texte, de peur d’être mal cité par Canoë : « ils auront au moins un texte auquel faire référence » a –t-il clamé. Il a dénoncé sans fioritures les méthodes barbares de Quebecor ainsi que son monopole de l’information, mentionnant au passage que tout se produisait comme si au Québec, il n’y avait pas de ministre du travail… Il a conclu en citant quelques synonymes du mot voyou tirés du dictionnaire « Il pourra toujours poursuivre le dictionnaire pour diffamation » a-t-il ajouté avant d’enchaîner avec sa liste : arnaqueur, bandit, brigand, scélérat, racaille, vaurien… Il faut l’avouer, ce fut jouissif. Les Zapartistes ont enchaîné avec une parodie de la célèbre chanson des Loco Locass, « Libérez-nous de…Péladeau » La foule s’en donnait à cœur joie.
Bernard Adamus est ensuite monté sur scène. La foule a chanté à tue-tête, malgré des paroles plutôt cocasses à la limite de l’obscène : ses chansons ont quelque chose de revendicatrices. Le tout s’est terminé avec Karkwa qui ont fait quelques succès. Un dernier mot d’appui et de solidarité et le tout était déjà terminé. Une magnifique soirée pour souligner un tragique anniversaire.