Parallèlement, le NPD promet d’abolir certaines lois liberticides (C-51), que les Libéraux ont défendues en appuyant Harper. Les deux partis se rejoignent pour défendre le modèle extractiviste promu par le capitalisme canadien.
Du point de vue de la gauche écosocialiste, il faut vaincre Harper, d’une part. Il faut constater d’autre part qu’aucun des deux partis ne représente une option réellement progressiste. Néanmoins, je favorise un vote pour le NPD, tant au Québec qu’au Canada. Un gouvernement NPD aurait comme effet de déstabiliser quelque peu l’ordre dominant et d’ouvrir des espaces pour les mouvements populaires et de stimuler éventuellement le processus visant à construire une force politique de gauche pancanadienne. Dans ce contexte, le Bloc Québécois me semble une voie sans issue, car il ne peut vaincre Harper. D’autre part, la bataille pour l’indépendance sera gagnée à Québec et non à Ottawa.
Par ailleurs, il ne s’agit nullement d’envoyer la question nationale aux oubliettes. En réalité, l’avancée d’un mouvement indépendantiste québécois est un préalable pour faire lever le programme anticapitaliste au Québec. Au Canada, l’indépendance du Québec est fondamentale pour imposer une réelle reconfiguration de l’État, que cela soit avec un Québec carrément indépendant, ou dans le cadre d’une fédération tout à fait nouvelle, démocratique et plurinationale, impliquant le Québec et les Premières Nations. La force et la continuité de la revendication indépendantiste ont déjà forcé le NPD à reconnaître formellement le droit à l’autodétermination (la déclaration dite de Sherbrooke). Un projet de loi déposé par le NPD en 2013 proposait que le Parlement reconnaisse ce droit en acceptant la règle du 50 % + 1 en cas d’un référendum (le projet n’a évidemment pas été adopté). Ce virage du NPD le distingue du PLC commis à maintenir la structure de l’État capitaliste canadien. Si jamais le NPD accède au gouvernement le mois prochain, il faudra s’assurer qu’il respecte son engagement.
Richard Fidler