Hebdo L’Anticapitaliste - 711 (06/06/2024)
Par Dan La Botz
Trump affirme que dans les 48 heures qui ont suivi la décision du jury, il a recueilli la somme extraordinaire de 52,8 millions de dollars, surtout auprès de petits donateurs, dont 30 % de nouveaux, tous motivés par sa fausse affirmation selon laquelle l’ensemble du processus a été orchestré par le président Biden, que le juge était corrompu et le procès truqué.
Un procès modèle
En réalité, le procès a été un modèle de justice américaine. Les procureurs de l’État de New York ont porté les accusations après trois ans d’enquête, le juge Juan M. Merchan a mené un procès équitable, et Trump a été déclaré coupable par le vote unanime de 12 jurés, des citoyens ordinaires de la ville de New York, contrôlés et sélectionnés par les deux équipes d’avocats. On ne peut qu’admirer le courage remarquable des jurés qui ont rendu un verdict de culpabilité malgré les menaces violentes des partisans de Donald Trump. L’ancien président a été reconnu coupable des 34 charges retenues contre lui pour avoir falsifié des documents commerciaux afin de dissimuler des paiements occultes à l’actrice de films pornos Stormy Daniels, avec laquelle il a eu des relations sexuelles. Le jury a été autorisé à considérer que la suppression de ces informations a interféré avec l’élection fédérale et celle de l’État.
La sentence attendue
Le 11 juillet, le juge prononcera seul la sentence à l’encontre de Trump et il dispose d’une grande latitude. Il peut laisser l’ancien président en liberté, conditionner sa libération, l’assigner à résidence ou l’envoyer en prison pour une durée de quatre à vingt ans. Beaucoup pensent qu’il est peu probable que Trump aille en prison, mais ce n’est pas exclu.
Les juges tiennent généralement compte des antécédents d’une personne. Donald Trump n’a jamais été condamné au pénal, mais le juge tiendra compte d’autres affaires civiles. Trump a déjà été condamné à payer 35 millions de dollars pour avoir menti sur sa fortune, à payer 5 millions de dollars au civil pour avoir violé E. Jean Carroll, puis à 83,3 millions de dollars pour avoir diffamé cette dernière.
Au cours de cette affaire de fraude, le juge a émis un ordre de silence, interdisant à Trump de menacer les témoins, les jurés, le juge, les membres de la famille du juge et du jury, les procureurs et les fonctionnaires du tribunal. Trump a violé cette ordonnance à dix reprises, ce qui lui a valu une amende de 9 000 dollars. Le juge peut également considérer que Trump n’a montré aucun remords dans cette affaire.
Pas d’interdiction de se présenter
Une fois que la sentence sera prononcée, Trump aura le droit de faire appel, mais cela peut prendre plusieurs mois. Étant donné qu’il s’agit d’une condamnation pour un délit commis dans l’État de New York et non d’un délit fédéral, il peut faire appel devant les juridictions supérieures de l’État, mais la loi ne lui permet pas de faire appel devant la Cour suprême des États-Unis, dont certains membres ont été nommés par lui-même.
Mike Johnson, président républicain de droite de la Chambre des représentants, a demandé à la Cour suprême fédérale d’intervenir dans le recours de Trump, ce qui constituerait une violation de la Constitution.
La Constitution américaine n’interdit pas à un criminel ou même à un prisonnier d’être candidat ou d’être élu à la présidence. Le socialiste Eugene V. Debs, emprisonné pour ses activités antiguerre, s’est présenté à l’élection présidentielle de 1920. Ironiquement, Trump pourrait ne pas être en mesure de voter pour lui-même dans son État d’origine, la Floride, car dans cet État un criminel ne peut pas voter avant d’avoir purgé la totalité de sa peine.
Trump soutenu par les républicains
Malgré sa condamnation, Donald Trump conserve une très légère avance sur Biden dans les sondages. Plus de 80 % des républicains affirment qu’ils le soutiendront, tandis que 16 % disent qu’ils réfléchissent à leur vote, mais seulement 4 % l’ont abandonné. Les groupes clés de Trump, tels que les chrétiens évangéliques, le soutiennent toujours. Biden, quant à lui, perd le soutien des électeurs arabes et musulmans et de certainEs jeunes électeurs qui l’appellent « Genocide Joe ». Et si la plupart des électeurEs noirs et latinos le soutiennent encore, son soutien parmi ces groupes diminue quelque peu.
Le mardi 5 novembre, les AméricainEs pourraient se rendre aux urnes et élire un néofasciste qui est un criminel condamné — et peut-être un détenu.
Traduction Henri Wilno
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