Le Forum social mondial, suite à de longs débats, qui se poursuivent…, a finalement vu sa Charte adoptée en 2003. Il s’agit d’un forum SOCIAL qui se veut un « anti Davos », là où est faite la promotion de la vision d’abord sociale du monde à l’encontre de la vision économique et hégémonique du monde. Les forums sociaux ont été mis sur pied pour mettre en valeur le point de vue et les analyses sociales de nos sociétés afin de tenter de rétablir un meilleur équilibre entre l’économique dominant et le point de vue social relativement absent surtout dans les grands médias. Il s’agit donc d’un lieu où la concertation et la mise en commun d’expériences afin de RENDRE POSSIBLE des actions mises sur pied par des coalitions ou des regroupements qui eux, comme acteurs politiques, adaptés à chaque contexte où les luttes sont possibles. Autre exemple, un simple mot d’ordre durant un FSM, et surtout repris par des acteurs de terrain, a fait en sorte qu’il y ait eu en février 2003 la plus importante manifestation de l’histoire humaine. Est-ce que le FSM en a fait la promotion ?, NON ; ce fut des acteurs de la société civile qui eux, sur leur terrain, ont repris ce mot d’ordre qui a rendu possible ces très importantes manifestations dans un très grand nombre de pays, avec d’importants succès.
J’ai quelques questions pour ces promoteurs du Forum social mondial comme acteur politique.
1- Est-ce que notre adversaire est le Forum économique mondial (FÉM) de Davos ?
2- Est-ce que le FÉM prend des positions politiques ?
3- Est-ce que ces promoteurs de la vision économique du monde utilisent le FÉM comme porte étendard pour promouvoir, par exemple, les traités de libre-échange ou les Programmes d’ajustement structurels ?
4- Ceux qui se rencontrent à Davos annuellement ne se sont-ils pas donner des institutions à leur image pour faire la promotion de leurs intérêts égoïstes d’accaparement des richesses ?
5- Est-ce que l’Organisation mondial du commerce, la Banque mondiale, le Fond monétaire international et autre institutions plus ou moins privées, plus ou moins obscures existeraient si les participants au FÉM ne l’avaient pas souhaité et les avaient mis sur pied ?
6- Est-ce que les participantEs au FÉM seraient aussi efficace à faire dominer leurs intérêts s’ils ne s’étaient pas créé des institutions dans le but de promouvoir leurs intérêts égoïstes ?
7- Alors qu’attendons-nous pour nous créer des institutions, de rues, de village, de quartier etc., pour promouvoir et faire valoir le point de vue social comme étant LE point de vue qui favorise les intérêts de la majorité de la population ?
Mon avis, partagé dans la Charte du FSM est que le FSM est un moment, un lieu qui rend possible des alliances, des coalitions, des regroupements par champs d’intérêts (écologie, droit des femmes, contre les guerres, pour le respect des cultures etc.) QUI REJOIGNENT le monde. Ceci contrairement à une approche prosélyte (possédant la vérité vraie), comme ont utilisés nos missionnaires à l’époque des conquêtes. Ce ne sont que ces champs d’intérêt qui rejoignent le monde et non pas l’élaboration d’un programme politique à 14 ou 18 chapitres qui rejoindra les gens.
Deux éléments autour de ce 12e Forum social mondial retiennent mon attention pour fin de réflexion.
1- Chico Withaker parle du deuxième 1%, faisant référence à nous les plus aguerris militants-activistes qui se parlent entre eux et rivalisent de prétention à posséder LA VÉRITÉ VRAI sans jamais écouter ni regarder vers le 98% qui ne savent même pas que nos prétentions sont de militer pour eux…
2- Riccardo Petrella a suggéré, lors d’une rencontre sur le devenir du FSM (Agora des alternatives 13 août), de tenir les forums sociaux en deux parties. La deuxième à des fins de reprise des résultats des assemblées de convergence avec une approche politique cette fois, pour mettre sur pied des actions dans une perspective de lutte de pouvoir d’où pourrait émerger un rapport de force contre les promoteurs de la démolition de l’État social, par exemple.
Le débat se poursuit
Renaud Blais