Une fois de plus, les dirigeants peignent en rose la réalité. La hausse du PIB français renvoie à deux facteurs : la consommation et les stocks. La hausse de la consommation s’explique pour une part par un printemps plus froid que d’habitude, d’où une augmentation des dépenses de chauffage. Certes, les achats d’automobile progressent un peu mais ils s’étaient effondrés antérieurement. La hausse des stocks (40% du rebond du 2e trimestre) peut avoir diverses explications et n’annonce pas forcément que les entreprises anticipent une reprise de la demande. Dans le même sens, le journal économique anglais « Financial Times » dans son numéro du 15 août, note que la performance de l’ensemble de la zone Euro ce 2e trimestre s’explique largement par des phénomènes « à un seul coup » : par exemple, en Allemagne, la forte reprise de la construction vient après un hiver très rude qui avait interrompu des chantiers.
En France, l’investissement des entreprises continue à baisser, même si c’est moins fortement qu’antérieurement. Par ailleurs, l’emploi continue de se détériorer : au 2e trimestre, 28 000 emplois ont été détruits dans le secteur marchand (contre 8300 au premier).
De la récession à la stagnation
Sur l’ensemble de l’année 2013, même si la récession touche vraiment à sa fin, la croissance sera quasi nulle et le chômage va continuer à monter. En fait, la France va passer de la récession à la stagnation. Il en sera de même pour l’ensemble de la zone Euro. D’ailleurs, un mieux en termes de croissance ne signifierait pas la fin de la crise. Après la récession de 2009, il y a eu un redémarrage limité en 2010-2011, puis cela a replongé.
Aucune des causes profondes de la crise économique n’est résolue. Le taux de marge des entreprises françaises, qui a baissé depuis 2008, ne se redresse pas. D’un point de vue capitaliste, les conditions d’une reprise durable de l’accumulation ne sont pas réunies. De nouveaux soubresauts des économies européennes peuvent résulter soit de la défaillance d’une banque, soit de la chute d’un gouvernement confronté au mécontentement populaire.
Il y a deux mois, les économistes officiels étaient d’humeur morose, aujourd’hui ils reprennent des couleurs. En fait les irrégularités de la croissance sont une chose normale dans une économie capitaliste, surtout quand elle est en crise. La hausse des taux de profit est le programme commun des dirigeants français et européens. Il s’agit en fait de perpétuer pour l’essentiel le modèle de croissance néolibéral antérieur à 2007 pour le plus grand avantage des privilégiés. Le Rapport sur le travail dans le monde publié en juin 2013 par le Bureau international du travail souligne l’accroissement des inégalités de revenus. Il montre aussi que, dans la plupart des pays, le chômage progresse tandis que se détériore la qualité des emplois, de plus en plus instables, de plus en plus précaires. Dans ce contexte, une croissance à 0, 5 % sur un trimestre ne change bien évidemment rien d’essentiel du point de vue des travailleurs et des chômeurs.