Tiré de Courrier international.
“Les gardes-frontières saoudiens accusés d’une tuerie de masse d’Éthiopiens”, titre le quotidien britannique The Guardian après la publication, ce lundi 21 août, d’un rapport accablant de l’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) sur le sort de réfugiés éthiopiens qui cherchent à gagner l’Arabie saoudite en passant par le Yémen voisin, en proie à une guerre civile qui dure depuis douze ans.
Le journal en retient les éléments “choquants” selon lesquels des “centaines d’Éthiopiens”, y compris des enfants, ont été tués par les gardes-frontières au moment de chercher à rejoindre le territoire saoudien. Pour arriver à ces conclusions, HRW a recoupé des témoignages de rescapés, des photos et des vidéos ainsi que des images satellitaires.
En octobre 2022, des rapporteurs spéciaux de l’ONU s’étaient déjà adressés aux autorités saoudiennes pour alerter sur des informations concernant “des centaines de migrants”, et en juin, “l’organisation internationale pour les migrations Missing Migrants Project a publié ses propres estimations sur le nombre de décès à la frontière saoudienne, parlant d’au moins 795 personnes, probablement en majorité éthiopiens”, ajoute le journal.
Un parcours périlleux
Aussi bien l’Éthiopie que le Yémen sont “embourbées dans des conflits” qui ont provoqué des vagues de fuites et de départs, ajoute le quotidien américain The Washington Post, qui rappelle qu’en plus du conflit dans la région du Tigré, en Éthiopie, toute la Corne de l’Afrique est frappée par la sécheresse et la famine.
“Plus de 90 % des migrants qui se dirigent vers l’Arabie saoudite” seraient des Éthiopiens qui empruntent “l’itinéraire oriental”, un chemin “périlleux qui démarre dans la Corne de l’Afrique, passe le golfe d’Aden et serpente à travers le Yémen déchiré par la guerre jusqu’aux montagnes escarpées de la province saoudienne de Jizan”, précise le journal.
À la frontière, les tirs des gardes-frontières saoudiens sont “très fréquents et systématiques”, écrit pour sa part The New York Times, qui ajoute :
- “Les gardes-frontières ont frappé les migrants avec des pierres et des bâtons, ont forcé des hommes à violer des femmes sous le regard des gardes et ont tiré des balles dans les membres des migrants détenus, provoquant des blessures pouvant aller jusqu’à l’amputation.”
“Ces affirmations de HRW vont nécessiter de surveiller le bilan de Riyad en termes de droits humains, alors que le prince héritier Mohammed ben Salmane […] bénéficie d’un meilleur accueil depuis son retour sur la scène internationale”, commente le Financial Times.
Nouvelle ombre au tableau
Le quotidien économique britannique rappelle notamment que le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a invité le prince héritier, surnommé MBS, à se rendre à Londres cet automne.
De même, “le président américain, Joe Biden, qui avait promis de le traiter comme un paria durant sa campagne électorale, s’est entretenu avec lui à Djeddah en juillet, et le président français, Emmanuel Macron, l’a accueilli à Paris l’an dernier et de nouveau en juin”.
Courrier international
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