Édition du 29 octobre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Deux nouveaux obstacles qui gênent le développement du bénévolat et du militantisme

Jacques Fournier est militant à l’Association québécoise pour la défense des droits des retraités (AQDR)

Conclusion d’une intervention au Forum solidarité et engagement, organisé par l’Institut Mallet à l’Université Concordia le 14 octobre 2015.

La troisième et dernière partie de ma présentation décrit deux nouveaux obstacles récents au bénévolat, au militantisme et à la participation sociale des aînés.

1) A mon avis, le retrait progressif de l’État providence et la mise en place d’un État de plus en plus libéral nuit au développement du bénévolat dans le sens suivant. Il y avait auparavant certaines tâches relevant des services publics qui sont de moins en moins accomplies, des services publics qui sont de moins en moins rendus. On demande donc de plus en plus à des bénévoles, qui ne sont pas nécessairement qualifiés pour le faire, de rendre certains services qu’ils ne rendaient pas autrefois. Je prends un exemple concret. Une personne peut désirer faire des visites d’amitié, disons bimensuelles, à des personnes âgées isolées. Elle adore ce type de bénévolat. Mais il arrive que la bénéficiaire de la visite, ne recevant plus tel service de l’État, soit portée à demander gentiment à la personne bénévole de le faire à la place (exemple : pouvez-vous faire un peu de ménage, je n’ai pas les moyens de me payer les services de l’entreprise d’économie sociale en aide domestique, ou même, pouvez-vous m’aider à me laver, l’auxiliaire familiale du CLSC a été coupée, etc.). A l’AQDR, nous recevons des témoignages de coupures de services à tous les jours. Ces aimables demandes peuvent décourager la personne bénévole qui ne demandait qu’à faire une visite d’amitié. La bénévole va abandonner ses visites d’amitié : on ne contraint pas une bénévole. L’État ultra-libéral est-il en train de tuer la poule aux oeufs d’or du bénévolat ?

2) L’attitude de plus en plus autoritaire de l’État (attitude que l’on observe également dans l’entreprise privée) décourage les citoyens et les citoyennes qui s’impliquent dans des démarches participatives et qui voient leurs représentations ignorées. Encore là, je prends un exemple concret. Au printemps dernier, j’ai fait partie de la délégation de la Coalition solidarité santé qui a présenté un mémoire en commission parlementaire au sujet des nouvelles méga-fusions dans le réseau de la santé et des services sociaux (projet de loi 10). Le ministre Barrette a totalement ignoré notre mémoire. Dès le départ, son non-verbal indiquait que notre mémoire ne l’intéressait pas, qu’il en présumait le contenu à l’avance et qu’il n’avait pas l’intention de changer quoi que ce soit à son projet de loi. C’est une attitude nouvelle car, au cours des 25 dernières années, je suis allé occasionnellement en commission parlementaire et je n’avais jamais observé une telle indifférence, voire un tel mépris, face aux mémoires présentés (à noter que le mémoire de la Coalition solidarité santé n’a pas été le seul à être ignoré : le ministre a pris en compte seulement 5 % des mémoires !). Comment voulez-vous que des citoyens et des citoyennes s’impliquent bénévolement dans des exercices de participation démocratique s’ils font face à des murs sans oreilles ? A quoi servent nos heures de préparation, d’échanges et de réflexion ? Le gouvernement alimente-t-il davantage le cynisme ou favorise-t-il la participation ?

Comment contrer ces obstacles ? Évidemment, il faut questionner ensemble le retrait irresponsable de l’État de certains services publics essentiels et il faut travailler à ce que le gouvernement prenne davantage au sérieux la participation citoyenne. Tout
un défi !

 Le texte complet de la présentation est ici.

 http://www.chronijacques.qc.ca/2015/10/comment-favoriser-lengagement/

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