Le rassemblement avait lieu alors que se concluait les audiences de la contestation constitutionnelle de l’Alliance Canadienne pour la réforme des lois sur le travail du sexe à la Cour supérieure de l’Ontario. Selon les militant.e.s du CATS, la loi actuelle a des impacts délétères sur leurs conditions de vie. Iels revendiquent plutôt la décriminalisation complète et immédiate du travail du sexe, sur les territoires colonisées connus sous le nom de Canada.
Les travailleuses du sexe, elles aussi, méritent des droits
« Si depuis les dernières années les TDS et leurs allié.e.s ont rappelé au gouvernement l’urgence d’agir, celui-ci continue d’ignorer ses responsabilités quant à notre sécurité et la protection de nos droits fondamentaux », plaident Mélina May, qui est travailleuse du sexe et militante au CATS. Face à cette inaction, l’Alliance canadienne pour la réforme des lois sur le travail du sexe a lancée, en mars 2021, une contestation constitutionnelle. Leurs arguments ont été entendus durant la semaine du 3 octobre devant les tribunaux de la Cour supérieure d’Ontario.
« Ça fait des années que les travailleuses du sexe le répètent : ce sont ces lois qui rendent notre activité plus dangereuse » explique Melina May. En 2013, dans l’affaire Bedford c. Canada, la Cour suprême du Canada a jugé inconstitutionnelles plusieurs infractions criminelles en lien avec le travail du sexe. Malgré tout, en 2014, le gouvernement a adopté la Loi sur la protection des communautés et des personnes exploitées qui vise ouvertement à éradiquer le travail du sexe. Depuis l’adoption de cette loi, les travailleur.euse.s du sexe en subissent ses effets néfastes.
Un travail légitime
Selon Adore Goldman, elle aussi militante au CATS, ces politiques qui prétendent protéger les victimes d’exploitation sexuelle et de traite des personnes sont inefficaces : « Les travailleuses du sexe consentantes et celles qui sont victimes de traite sont toutes affectées par la criminalisation. Ces politiques ouvrent la voie à plus d’exploitation et de stigmatisation, et non l’inverse. » Selon le comité, les lois sur l’immigration, en plus des dispositions pénales relatives au travail du sexe, encouragent une surveillance accrue des travailleur.euse.s migrant.e.s qui peuvent faire face à la perte de leur statut, la détention et la déportation.
« La décriminalisation de notre travail nous permettrait d’avoir accès aux droits du travail, comme c’est le cas dans les autres industries » affirme la militante. Ce statut de travailleuse, selon la militante, leur donnerait accès à des protections adéquates en cas d’accident et de congé de parentalité, mais surtout de tenir les employeurs responsables de la sécurité des travailleuses sur les milieux de travail et permettrait de les laisser s’organiser entre elles. « Nous pourrions dénoncer les situations de harcèlement et d’abus par les mécanismes légaux en place » indique Melina May. Les militant.e.s du CATS rappellent l’urgence de décriminaliser le travail du sexe. « On veut être entendues et on veut que nos expériences soient prises en compte. On ne veut pas attendre des années que la loi se rende en Cour suprême. Ce que nous voulons, c’est enfin pouvoir travailler avec des moyens pour assurer notre sécurité sur nos milieux de travail, et que nos droits soient reconnus, et pour ça, il faut commencer par décriminaliser le travail du sexe ! »
Comité autonome du travail du sexe (CATS)
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