Tiré du site de la revue Politis.
On se plaint du manque de mobilisation face à la participation du Front national au second tour de l’élection présidentielle. Pourtant, les lycéens, eux, ont marché dans les rues. Ils ont été plus de 3 000 dans le pays à bloquer leurs établissements et manifester. À Paris, certains ce sont heurtés à un groupuscule néoroyaliste, l’Action française, à l’histoire sulfureuse.
Blocus cassé
« Un moment très désagréable. » C’est ainsi que Théo, qui participait au blocus du lycée Louis-le-Grand (Paris Ve), le qualifie. Jeudi 27 avril, à 7 h 15, une vingtaine d’élèves, « majoritairement de seconde », s’installent pour bloquer l’établissement. Une voiture de police est déjà là. « Vers 7 h 30, des personnes sont arrivées casquées et gantées, depuis le haut de la rue Saint-Jacques, raconte le jeune homme. Ils étaient six ou sept, clairement venus pour empêcher le blocus. Ils ont commencé à taper sur les poubelles sans que personne ne réagisse. » Deux voitures de police, arrivées en renforts suite aux demandes de l’administration, voient la scène, sans intervenir.
« On a essayé de résister, mais on n’était pas vraiment préparés. Il faut dire que c’est le deuxième blocus de Louis-le-Grand depuis Mai 68, plaisante Théo. On était surtout une bande de lycéens, mineurs, face à des personnes casquées et plus âgées. » La situation s’envenime.
C’était violent de voir ces personnes se mettre entre nous et le lycée. On a apostrophé l’administration et les policiers mais ils n’ont fait aucun geste.
Un affrontement se crée lorsqu’un homme de l’Action française attrape un lycéen par le cou. « Là, les policiers sont intervenus. Mais les hommes sont partis tranquillement, sans être inquiétés d’aucune façon. Ils ont réussi à casser le blocus puisque, en quelque sorte, les policiers les ont remplacés. » Une situation dont le groupuscule, qui a appelé à voter Marine Le Pen au second tour, s’est vanté sur les réseaux sociaux.
« C’est la première fois que l’on est confrontés physiquement à eux »
Ce n’était pas la première opération de l’Action française sur un établissement parisien. Quelques jours auparavant, le 25 avril, ils étaient allés distribuer des tracts devant le lycée Voltaire, dans le XIe arrondissement. Leur message ? « Gauchistes, professeurs compris, hors de nos lycées. »
Le compte Twitter Blocus Info, qui relaie les informations des mobilisations lycéennes, en a fait état. « Dans les lycées, on connaît vaguement ce groupuscule, de nom surtout. Mais c’est la première fois que l’on est confrontés physiquement à eux », témoigne Armand, qui anime le compte.
Multiplication des « clubs privés » de droite radicale
Lentement mais sûrement, les groupuscules d’extrême droite reprennent la rue dans différentes villes. À Lille (Nord), la rentrée 2016 a été marquée par l’inauguration du bar privé La Citadelle, géré par le groupe Génération identitaire. Récemment, le leader de la section Flandre-Artois-Hainaut, Aurélien Verhassel, a fait parler de lui en se rendant au meeting de Marion Maréchal-Le Pen, à Rouvrois (Pas-de-Calais), le 25 avril.
Dans le même style, la Traboule, dans le Vieux Lyon (Rhône), a été ouverte en octobre 2010. Le « club », géré par Rebeyne, la branche lyonnaise des jeunesses Identitaires, propose à ses adhérents un bar où l’on sert du « saucisson biologique », mais aussi un ciné-club et une salle de sport, pour des entraînements de boxe-défense. En 2015, la municipalité avait refusé que la Gay Pride passe par le quartier du Vieux Lyon, arguant que « la morphologie des lieux ne s’y prêtait pas ». Deux ans plus tard, le trajet de la parade ne passe toujours pas à côté de la Traboule.
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