Édition du 29 octobre 2024

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Féminisme

Des féministes affichent leur colère dans la ville de Québec

Des militantes féministes ont posé une action de visibilité ce matin à Québec, en soutien aux victimes d’agressions sexuelles et en réaction aux cas Rozon et Lebel qui ont mis de l’huile sur le feu dans les dernières semaines.

Des féministes affichent leur colère dans la ville de Québec

Rappelons que Gilbert Rozon a critiqué le mouvement #MeToo, qui encourage les femmes à prendre la parole pour dénoncer les violences sexuelles, un mouvement qu’il a associé au Moyen-Âge. De plus, sa poursuite en diffamation contre Julie Snyder et Pénélope McQuade, qui l’ont accusé d’agressions sexuelles, ira de l’avant. On apprenait également dans les dernières semaines que Harold LeBel, député de Rimouski, était de retour à l’Assemblée nationale, alors qu’il est toujours accusé d’agression sexuelle.

Il n’en fallait pas plus pour que la colère de plusieurs femmes envers le système judiciaire et la complaisance des institutions s’exprime dans les rues de la ville. Indignées, un groupe de citoyennes a déployé des bannières portant les messages « La honte VA changer de camp » et « La justice c’est d’la marde », ce dernier slogan référant à une action féministe d’éclat du Front de libération des femmes de 1971. Durant un procès, sept femmes avaient alors bondi dans le box des jurés en scandant ce slogan, réagissant à l’interdiction aux femmes d’en faire partie.

C’est donc en soutien aux victimes d’agression sexuelle que ce groupe de citoyennes a décidé d’agir. Elles dénoncent ainsi l’impunité des agresseurs, dans un système mal adapté à ce genre de poursuite. En effet, en décembre 2020, Rozon a été acquitté dans son procès pour viol et attentat à la pudeur. La juge Mélanie Hébert disait toutefois que le Tribunal ne « croit pas la version des faits donnée par M. Rozon ». Elle rappelait aussi que cet acquittement ne signifie pas pour autant que les faits reprochés ne se sont pas produits. 

Ce groupe de citoyennes rappelle aussi que la parole des victimes est facilement tue, et l’est encore davantage lorsque ces dernières cumulent plusieurs facteurs d’exclusion : les femmes autochtones, en situation de handicap, les femmes que la société racise, celles des minorités sexuelles et les jeunes femmes sont plus à risque d’être violentées et de ne pas avoir accès aux ressources nécessaires.

Pour les féministes mobilisées aujourd’hui, il est grand temps de donner la parole aux victimes et de cesser d’accorder une tribune si grande aux agresseurs. La banalisation et la normalisation sociales de certaines formes de violence et du harcèlement dictent aux femmes de garder le silence devant l’inacceptable. Selon elles, il faudrait entendre les voix des femmes et mener une véritable réflexion de société afin que cesse la banalisation des violences faites aux femmes et la culture du silence qui y est associée. Elles affirment que la honte va changer de camp.

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