Après un président Donald Trump qui a ébranlé les fondations des
institutions démocratiques aux États-Unis par ses actions ainsi que son
non-respect du jeu démocratique et qui a eu une résonance toxique dans
les autres démocraties de la planète, une éventuelle victoire de Marine
Le Pen fragiliserait encore plus un système politique déjà mis à mal
par le désenchantement des électeurs se traduisant par un cynisme
entourant la chose politique et une méfiance envers les politiciens. Nous
avons pu d’ailleurs noter une diminution en Occident du taux de
participation aux élections depuis les années 80.
Surtout, en toile de fond, il y a aussi toute la symbolique qu’amènerait
une victoire de l’idéologie d’extrême droite de Marine Le Pen en France
qui fut, rappelons-le, la deuxième démocratie libérale de l’histoire
(1789) après que la toute première démocratie libérale, issue
pareillement d’une révolution (1775), les États-Unis, ait aussi fleurté
avec une telle dérive idéologique antidémocratique avec la présidence
de Donald Trump. Il est difficile de faire pire comme image de
déliquescence de la démocratie libérale lorsqu’une grande partie des
populations des deux premières nations qui l’ont adoptée semblent vouloir
lui tourner le dos.
Mais le plus inquiétant est que ces mouvements néofascistes en sols
américain et français cherchent à saper les traditions démocratiques et
de liberté qui se sont développées depuis le siècle des Lumières (1715
à 1789), particulièrement en France, en faisant fi du fait que c’est à
partir de ce moment charnière que la civilisation occidentale a rejeté
l’autoritarisme politique hérité de l’ancien régime médiéval tout en
mettant en valeur la connaissance. En effet, cet ancien régime se
caractérisait par une société fermée aux idées du progrès et par une
gouvernance absolutiste (incarnée par le Roi) très autoritaire et
dénuée de respect envers les libertés fondamentales ainsi que les droits
politiques que nous considérons comme acquis de nos jours et que certains
partis politiques aimeraient bien édulcorer.
Et, ironie de l’histoire, profitant des largesses de la démocratie
libérale qu’ils méprisent pourtant, voici que ces mouvements politiques
d’extrême droite aspirent à rétablir un régime autocratique,
considéré comme idyllique, en canalisant un vote de protestation autour
de leur cause dans l’espoir de faire élire leurs chefs aux penchants
autoritaires au sommet de l’État, tels de nouveaux monarques, qui rêvent
depuis toujours de se débarrasser de l’héritage du libéralisme politique
afin d’imposer leurs programmes politiques réactionnaires...
Jimmy St-Gelais
St-Jérôme
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