Dans le contexte du mouvement Idle No More, l’objectif de ces jeunes est d’aider à réveiller et à unir les Premières Nations de toute l’Île de la Tortue.
Cette marche menée par les jeunes, qui comptait au départ sept jeunes et en compte maintenant plus de 150, pour un voyage vers le sud passant par les territoires cris et algonquins, est déjà une formidable source d’inspiration et une puissante affirmation de la présence, de la force et de l’unité des autochtones au Québec et au Canada. (Pour plus d’informations sur la marche, cliquez ici). Nous utilisons cette occasion pour partager notre Déclaration en appui aux luttes et à la souveraineté autochtones.
Nous sommes la coalition Un statut pour tous et toutes de Montréal, une coalition de groupes et d’individus qui soutiennent activement les communautés immigrantes, particulièrement celles qui font face aux déportations et aux détentions.
Notre travail de mobilisation se fait autour de quatre revendications principales : que cessent les détentions, que cessent toutes les déportations, que cessent les doubles peines pour les immigrantES et un statut pour tous et toutes.
Ensemble, nous sommes des immigrantEs et des colons ; nous sommes principalement des non-autochtones, mais il y a parmi nous des indigènes déplacéEs de pays d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie. En tant qu’immigrantEs, nous avons été déplacéEs de nos pays d’origine à cause du capitalisme et de l’impérialisme. Cela reflète un apartheid mondial par lequel le Sud est exploité et opprimé systématiquement pour le bénéfice du Nord.
Cependant, nous croyons que nous ne pouvons pas parler vraiment de l’apartheid mondial et des politiques migratoires injustes sans d’abord parler des réalités de l’apartheid ici, au Canada.
Depuis sa fondation, l’existence du Canada est basée sur le vol des terres autochtones et le génocide et le déplacement des peuples autochtones. Essentiellement, le traitement que l’État canadien réserve aux peuples autochtones, dans le passé comme aujourd’hui, est un système d’apartheid - de l’imposition de la Loi sur les Indiens, des Conseils de bande, du système de réserves, au vol d’enfants et aux pensionnats indiens ; du vol continuel des terres et des ressources par les gouvernements et les entreprises, à l’appropriation culturelle des traditions et de la culture autochtones.
Aujourd’hui, cette tradition continue, soit par le taux disproportionné d’autochtones incarcéréEs par le système raciste des prisons canadiennes ; par la complicité des autorités canadiennes avec la disparition ou le meurtre de centaines de femmes autochtones au cours des trois dernières décennies seulement ; par les sociétés d’aide à l’enfance qui ont remplacé les pensionnats indiens pour perpétuer le vol d’enfants autochtones ou par des projets d’extraction des ressources comme celui des sables bitumineux en Alberta, qui contribuent à continuer la destruction environnementale des territoires des autochtones.
Le passé génocidaire du Canada est célébré par les noms de nos rues et de nos villes et villages, tandis que nous continuons à effacer l’identité propre des peuples d’origine de ces terres.
Le Plan Nord colonialiste du Québec, qui est fondé sur la dépossession et la destruction des terres autochtones, cherche aussi à tirer profit de l’exploitation des travailleurs et travailleuses immigrantEs.
Les frontières militarisées qui séparent les immigrantEs de leurs communautés et qui déchirent des familles créent aussi un fossé parmi les nations autochtones.
Le même gouvernement fédéral qui impose sa juridiction aux peuples autochtones partout au Canada se permet de décider qui sera autorisé à entrer et à sortir de ces terres.
Plusieurs immigrantEs et réfugiéEs sont eux et elles-mêmes des indigènes, déplacéEs de leurs pays dans d’autres parties du monde, par un processus colonial semblable, qui est souvent le fer de lance des intérêts canadiens, en particulier des minières canadiennes.
Ainsi, les luttes pour la justice pour les immigrantEs et les luttes pour l’autodétermination des autochtones sont interreliées.
Toute la répression, tous les déplacements et les migrations de communautés dans ce qui est appelé le « Sud », sont motivés par l’expansion violente de la politique étrangère canadienne et par son programme néocolonial agressif, accompagnés d’autres manifestations de la domination occidentale comme la Banque mondiale, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et le Fonds monétaire international (FMI).
Les accords de libre-échange dictés par le capitalisme comme l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) ou les Accords sur la promotion et la protection de l’investissement étranger, ainsi que des projets d’infrastructures comme le Plan Puebla-Panama (PPP) facilitent la présence canadienne et l’expansion des entreprises multinationales, des méga-projets d’extraction des ressources et de l’occupation militaire, créant des conflits, la destruction de l’environnement et l’oppression économique qui forcent les immigrantEs à quitter leurs communautés.
Pendant que le Canada exploite les terres et les vies des peuples du Sud, ses frontières sont de plus en plus fermées à ceux et celles que le capital a déplacé de force.
Le Canada est le symbole d’une réalité coloniale brutale, basée sur le déplacement et l’exploitation de peuples et de nations indigènes. Plusieurs des endroits d’où nous provenons sont des symboles de lutte contre le colonialisme et le néocolonialisme et contre les processus de domination capitalistes dans nos pays d’origine comme l’Algérie, le Bangladesh, le Burundi, la Chine, le Congo, l’Égypte, le Guatemala, Haïti, le Honduras, l’Inde, le Mexique, le Pakistan, la Palestine, les Philippines et le Sri Lanka (pour n’en nommer que quelques uns).
En tant que personnes déplacées par le colonialisme et le néocolonialisme, nous croyons qu’il est important de s’allier avec tous ceux et toutes celles qui survivent et résistent au colonialisme sur l’Île de la Tortue.
Après avoir fait face au colonialisme pendant plus de cinq cents ans, les communautés autochtones continuent à résister et à survivre. Leurs luttes multiples et diverses requièrent notre soutien actif, particulièrement face à la répression et à la criminalisation de l’État.
Pour ceux et celles d’entre nous qui ne sont pas autochtones, nous avons un rôle au sein de nos communautés de faire avancer le processus de décolonisation du Canada. La solidarité ce n’est pas seulement regarder avec sympathie, c’est écouter activement et apprendre des communautés autochtones. C’est aussi résister aux idéologies et aux politiques coloniales et capitalistes qui sont responsables du génocide.
– La COALITION UN STATUT POUR TOUS ET TOUTES (Montréal)
Dignidad Migrante (www.dignidadmigrante.org)
Le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (www.iwc-cti.ca)
Mexicains unis pour la régularisation (www.mexregularizacion.org)
Personne n’est illégal – Montréal (www.nooneisillegal.org)
Solidarité sans frontières (www.solidaritesansfrontieres.org)
et plusieurs individuEs alliéEs
En plus de notre Déclaration en appui aux luttes et à la souveraineté autochtones, la Coalition Un statut pour tous et toutes voudrait souligner de quelles manières concrètes nous avons l’intention de mettre notre déclaration en pratique. Cette année, 2013, nous nous organisons dans un contexte d’intensification des luttes pour l’autodétermination et la résistance autochtones.
Un Statut pour tous et toutes organise une délégation pour se rendre à Ottawa le 25 mars, pour donner notre appui aux jeunes autochtones, partis de la Première Nation de Whapmagoostui à la Baie James, qui ont marché plus de mille kilomètres depuis le début de janvier.
Dans le contexte du mouvement Idle No More, l’objectif de ces jeunes est d’aider à réveiller et à unir les Premières Nations de toute l’Île de la Tortue.
Cette marche menée par les jeunes, qui comptait au départ sept jeunes et en compte maintenant plus de 150, pour un voyage vers le sud passant par les territoires cris et algonquins, est déjà une formidable source d’inspiration et une puissante affirmation de la présence, de la force et de l’unité des autochtones au Québec et au Canada. (Pour plus d’informations sur la marche : http://nishiyuujourney.ca)
Nous exprimons aussi publiquement notre appui aux communautés d’Akwesasne qui vont manifester, le 23 mars, contre les autorités frontalières qui harcèlent et divisent leurs communautés. Nous appuyons l’autodétermination des peuples autochtones, incluant la communauté d’Akwasasne. (Pour plus d’informations sur la lutte à Akwasasne, cliquez ici)
Comme coalition, vous voulons en apprendre plus, directement des voix des peuples autochtones, grâce à un processus d’éducation populaire, d’écoute et d’apprentissage.
Nous avons endossé des événements d’éducation populaire locaux, dont le plus récent panel « Décolonisation du Canada ». Nous endosserons aussi un teach-in anticolonial organisé par le Collectif de solidarité anticoloniale et Personne n’est illégal-Montréal, qui aura lieu le 11 mai, pour approfondir notre compréhension du processus de décolonisation.
Nous réitérons aussi notre opposition au Plan Nord du Québec et à l’exploitation injuste des terres et des ressources autochtones par des entreprises d’exploitation des ressources naturelles, avec la complicité des gouvernements du Québec et du Canada. Dans le cadre de l’opposition au Plan Nord, des membres de la communauté Innu de Uashat-Mani-Utenam ont organisé des manifestations, des blocages, des marches, ainsi que des grèves de la faim et nous soutenons leurs efforts.
Notre but est d’appuyer les luttes anticoloniales et pour la décolonisation durant toute l’année.