Le 24 février 2022, le régime de Vladimir Poutine lançait ses troupes en Ukraine, au mépris des souffrances du peuple ukrainien et de son droit à l’autodétermination. Les conséquences de la guerre toucheront les populations civiles : conscriptions, migrations de milliers de femmes, d’enfants et de personnes âgées. Les citoyen.ne.s organisent la résistance, mais il y aura destruction des infrastructures, des maisons, des vies humaines. La famine risque d’apparaître. Les violences faites aux femmes et les viols seront aussi présents comme armes de guerre.
Les objectifs de cette intervention apparaissent de plus en plus clairement : installer un régime soumis à ses volontés à Kiev, établir un nouveau rapport de force mondial, redessiner les sphères d’influence entre les États-Unis et la Russie. Cette offensive irresponsable a ouvert la possibilité d’une généralisation des affrontements pouvant déboucher sur une guerre nucléaire.
Les États-Unis portent une responsabilité fondamentale dans cette guerre. Les USA et leurs alliés ont également créé de nombreux précédents de guerres d’agression ; ils sont donc bien mal placés pour s’indigner aujourd’hui face aux actions tout aussi inacceptables de la Russie. Depuis 1991, leur politique d’expansion de l’OTAN vers l’Europe de l’Est, par l’intégration de pays ayant appartenu au Pacte de Varsovie, a comme objectif central d’assurer leur domination de l’Europe et à restreindre le retour de la Russie, en l’isolant, au statut de grande puissance mondiale.
À l’heure d’une nouvelle crise sanitaire et d’une crise écologique sans précédent accompagnée de mobilisations internationales de masse, la politique du contrôle de l’énergie est un enjeu majeur derrière cette pression incessante de l’OTAN sur la Russie, ce qui, objectivement, va approfondir la crise écologique. La Russie fournit une importante part des hydrocarbures aux pays européens (40 % pour le gaz naturel et 20 % pour le pétrole). Cette dépendance n’a pas seulement comme effet néfaste du point de vue du gouvernement américain de renforcer les liens des économies européennes avec l’économie russe, mais également d’occuper un marché très lucratif convoité par les entreprises d’hydrocarbures américaines, et canadiennes. Les États-Unis se sont opposés depuis des années à la construction et à la mise en service du gazoduc Nord Stream II devant acheminer le gaz russe vers l’Allemagne, les empêchant ainsi d’occuper le marché européen du gaz naturel, mais sans succès. Avec cette offensive, la mise en marché du gazoduc a été bloquée par le gouvernement allemand. Cette action de Poutine favorise donc le découplage recherché par l’impérialisme américain de l’économie européenne d’avec l’économie russe. La politique des sanctions vise à renforcer l’isolement de la Russie et à provoquer l’effondrement de son économie.
Le Canada a inscrit sa politique dans les pas du gouvernement américain. Depuis 2014, le gouvernement canadien a accordé plus de 700 millions de $ en armes et en aide militaire (soutien à la formation des soldat.e.s) à l’armée ukrainienne. Il soutient depuis des années l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN contribuant à exacerber les tensions dans la région. De plus, il stationne également des troupes et équipements militaires en permanence en Lituanie dans le cadre de la participation des républiques baltes à l’OTAN.
Des conséquences désastreuses de la guerre
Les conséquences géostratégiques de cette guerre sont déjà visibles : élargissement du soutien à l’OTAN dans la population ukrainienne, consolidation de l’OTAN et dépassement de ses divergences internes, ouverture à ce que des pays comme la Suède et la Finlande envisagent à leur tour de rejoindre l’alliance atlantique. Les États-Unis profitent de cette situation ouverte par la guerre pour renforcer davantage l’armement des pays de l’OTAN limitrophes à la Russie et y envoyer des troupes.
Sur le plan politique, la logique de guerre impérialiste renforce la droite et l’extrême-droite. Déjà, dans les différents pays impérialistes, cette guerre va accorder la légitimité de l’augmentation des budgets militaires et la consolidation du complexe militaro-industriel, au détriment des services aux citoyen.ne.s. La guerre offre un argument pour le maintien de l’exploitation des énergies fossiles et contribue à maintenir le déni de l’urgence de la lutte aux changements climatiques. Déjà au Canada les défenseurs des énergies fossiles affirment que le soutien à nos alliés européens nécessite la relance de la construction des pipelines et des gazoducs.
Construire un mouvement antiguerre et antimilitariste, une tâche incontournable
Nous appelons à construire une mobilisation antiguerre solidaire de la population ukrainienne contre les agressions qu’elle subit et pour la démilitarisation des relations internationales :
• Pour le cessez-le-feu immédiat, le retrait des troupes russes d’Ukraine et la défense de son droit à l’autodétermination ;
• Pour l’ouverture des frontières afin de permettre l’accueil de populations qui doivent fuir la guerre ;
• Pour la solidarité et le soutien à la résistance armée et non armée du peuple ukrainien ;
• Pour un soutien économique massif pour la reconstruction de l’Ukraine, en commençant par l’annulation de sa dette ;
• Pour la dénonciation des crimes de guerre et des violences faites aux femmes ;
• Pour la neutralité politique et militaire de l’Ukraine ;
• Pour l’arrêt immédiat de l’extension de l’OTAN, contre le réarmement accéléré de l’ensemble des pays de l’Est de l’Europe ;
• Pour le démantèlement de l’OTAN, une alliance militaire qui maintient les pressions à la militarisation de l’économie et la multiplication des conflits.
La classe laborieuse doit refuser les logiques de guerres des classes dirigeantes qui sont d’abord motivées par la défense de leur pouvoir et de leurs profits.
Nous appelons à multiplier les rassemblements de solidarité avec le peuple ukrainien et contre le cours guerrier que cherchent à développer les différents pays impérialistes.
Nous reconnaissons particulièrement celles et ceux qui, en Russie, se mobilisent contre la guerre menée par Vladimir Poutine en Ukraine.
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