N’est-ce pas Nelson Mandela qui disait : « L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde » ? Le problème avec la déclaration du ministre Roberge, c’est que l’école québécoise actuelle n’est pas outillée pour changer la trajectoire de la société pour éviter le chaos qui vient.
Lors d’une réunion publique des commissaires d’une commission scolaire de la région montréalaise, le président de l’assemblée témoignait de l’incompétence de son organisation pour faire face aux défis que posent les crises environnementale et climatique : « Nous sommes conscients de la crise actuelle. Lorsque je vois les nouvelles montrant la fonte de la glace en Arctique, je suis très inquiet pour mes petits-enfants. Mais nous ne savons pas comment le faire. » Ce cri du cœur face à l’incapacité d’offrir l’éducation attendue en temps de crise, je l’ai entendu plusieurs fois, sous différentes déclinaisons, autant de la part des gestionnaires : « Si vous saviez comment on est occupés avec la réussite éducative, on n’a pas le temps » que de celle des enseignants : « Qu’est-ce qu’on peut faire ? On peut rien faire ! ».
Conscientes de leur fragilité, les commissions scolaires du Québec ne veulent pas déroger aux directives du ministère de l’Éducation, qui sont axées sur les performances cognitives des jeunes et la réussite aux examens, sans égard à l’avenir qui se profile pour leur génération du fait de l’immobilisme ambiant face à la crise environnementale. Pourtant, les efforts déployés dans la lutte contre l’intimidation à l’école et pour l’activité physique dans tout le réseau scolaire québécois au cours des dernières années ont démontré qu’il est possible d’avoir un impact significatif pour le changement lorsqu’on s’en donne l’objectif et les moyens.
Alors que les inondations, les incendies, les sécheresses, la perte de la biodiversité et des récoltes se multiplient et dégénèrent, aucune formation n’est offerte aux enseignants québécois pour les aider à éduquer leurs élèves en matière de lutte contre la crise climatique, d’environnement et d’écocitoyenneté. Aucune compétence en environnement n’est incluse dans la formation initiale des enseignants. Il n’y a que deux postes de conseillère pédagogique en environnement pour tout le Québec. Symbole du vide du système d’éducation québécois en matière de lutte pour la sauvegarde de notre maison commune : dans le Plan d’engagement vers la réussite (le PEVR) de la commission scolaire des Affluents, le mot environnement n’apparait qu’une seule fois dans une note de bas de page et c’est pour parler « d’environnements technologiques » dans les écoles.2
Le Québec est pourtant riche d’expertise en éducation à l’environnement et à l’écocitoyenneté. L’Association québécoise pour la promotion de l’éducation relative à l’environnement (AQPERE) et le Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté de l’UQAM (Centr’ERE) regorgent de ressources pédagogiques. En matière d’éducation comme en matière de transition énergétique, ce ne sont pas les solutions qui manquent. Mais les avancées significatives ne pourront venir que lorsque nos gouvernements sortiront du déni et commenceront à travailler de concert avec les scientifiques et les organisations civiles pour que le milieu de l’éducation joue pleinement son rôle pour notre survie commune.
Louise Morand, Ph.D. éducation
Enseignante au primaire et chargée de cours à l’UQAM
Note
1.https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1306600/greve-climat-ecoles-francois-legault-professeurss
2. Commission scolaire des Affluents (mars 2018). Agir ensemble. Plan d’engagement vers la réussite. 2018-2022. https://www.csaffluents.qc.ca/static/media/uploads/document-complet.pdf
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