Pour tenter de vendre l’idée d’exploiter les gaz de schiste, les promoteurs utilisent l’argument de la « création de la richesse ». Quelque chose me dit d’ailleurs que Lucien Bouchard, le nouveau ténor de l’industrie, nous le servira très bientôt.

Cela tombe bien : j’ai appris aujourd’hui qu’une entreprise australienne, Molopo, a acquis en 2008 des droits d’exploration sur 861 980 hectares dans la plaine sud du Saint-Laurent, au prix mirobolant de 10 sous l’hectare. Heureusement pour Molopo, le prix de ces permis a sensiblement augmenté depuis (merci aux promoteurs !), de sorte qu’ils pourraient être revendus autour de 575 $ l’hectare. L’entreprise pourrait ainsi obtenir près de 500 millions de dollars en revendant ses permis (acquis du gouvernement du Québec, rappelons-le, à 10 sous l’hectare). Un investissement multiplié par plus de 5000 en trois ans, c’est effectivement ce que j’appelle créer de la richesse. Dommage que ce ne soient pas les Québécois qui en profitent. Scandaleux même !

La semaine dernière, certains chroniqueurs ont fustigé les citoyens de Saint-Camille parce qu’ils s’opposent à l’exploitation d’une mine d’or dans leur région. Quand on sait que les redevances minières payées par les entreprises au gouvernement québécois sont inférieures à 1 % (et si l’on en soustrait les subventions qui sont versées aux minières, elles sont pratiquement nulles), je crois qu’au lieu de les traiter de demeurés, il faut plutôt applaudir les opposants à cette exploitation.

Quand cesserons-nous d’avoir une mentalité de colonisés ? Quand réaliserons-nous que nous sommes littéralement assis sur un trésor et que, si nous en touchions notre juste part, on parlerait beaucoup moins de problèmes de financement des services publics ? Juste à titre d’exemple, 22 % des revenus de l’Australie proviennent des redevances sur les ressources naturelles. Sommes-nous plus bêtes que les Australiens ?

Voilà cinquante ans, Jean Lesage faisait campagne avec le slogan « Maîtres chez nous ». Qu’attendons-nous ?