Édition du 12 novembre 2024

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International

Coup d’État au Honduras et après ?

Il est des événements qui soudainement permettent d’éclairer les dynamiques socio-politiques d’une période donnée ainsi que les grands enjeux qui en rythment le devenir. Et sans doute est-ce le cas aujourd’hui, du coup d’État perpétué le 28 juin dernier par les forces armées honduriennes à l’encontre du président Manuel Zelaya.

Par ses particularités comme par le contexte qu’il met en lumière, il pourrait nous aider à apercevoir ce qui se joue actuellement en Amérique latine, plus encore à appréhender certaines des caractéristiques de ce nouveau cycle de luttes sociales et politiques dans laquelle est entré ce sous-continent. Ce n’est sans doute pas pour rien que plusieurs intellectuels de renom comme Immanuel Wallerstein ou Atilio Boron, se sont penchés sur la question. Comme si, par-delà les tragiques souvenirs qu’une telle intervention militaire faisait nécessairement resurgir, on voulait coûte que coûte en déchiffrer la signification pour les temps présents.

Des événements de sinistre mémoire ?

Il est vrai que la nouvelle a de quoi inquiéter : voilà le président élu d’un pays de l’Amérique centrale qui, après avoir vu sa résidence attaquée, se retrouve séquestré par les forces armées de son propre pays, puis expulsé manu-militari pendant que s’installe à Tégucigalpa un gouvernement de facto qui aussitôt suspend liberté de presse et garanties individuelles tout en se lançant dans des violations systématiques des droits humains. Et tout cela parce que le président légitime voulait proposer à son peuple une nouvelle consultation électorale qui, explique-t-on, aurait enfreint les principes fondamentaux de la constitution hondurienne. Difficile à comprendre en cette ère de “démocratie tout azimuth”, à moins de penser au pire !

Car chacun aura en tête le souvenir de ces coups d’État qui, au cours des années 70, ont mis au pouvoir dans le cône sud de l’Amérique de cruelles dictatures de sécurité nationale, et chacun se rappellera ces guerres de basse intensité des années 80 en Amérique centrale, sans même parler du cas emblématique d’Haïti et de son président Aristide forcé par deux fois à l’exil (1991-2004). Sinistres présages : serait-ce le retour annoncé de cette sombre période, les vieux démons de la dictature militaire revenant hanter le sous-continent ?

La question est d’autant plus troublante qu’en Amérique latine, un coup d’État militaire ne peut avoir lieu sans, pour le moins, la complicité des USA, quand ce n’est pas l’appui décidé de leur ambassadeur ou de leurs services secrets. Or avec l’arrivée de Barak Obama, beaucoup avaient l’impression d’entrer dans une nouvelle ère, tout au moins en termes de discours et de symboles, ce qui –en cette période de crise de la représentation politique— n’avait pas manqué de susciter bien des espoirs. D’où ces questions, non seulement sur la nature de ce nouveau coup d’État et de ses éminences grises, mais aussi sur les actuelles stratégies US en Amérique latine : n’est-on pas en train de mesurer la vraie nature du régime d’Obama ; ou au contraire ne s’agirait-il pas, d’un coup d’État contre Obama lui-même ? De quoi donner lieu à toutes sortes de spéculations plus ou moins hasardeuses !

Les 3 grands cycles sociopolitique de l’histoire latino-américaine récente

En fait si l’on veut y voir un peu plus clair, il faut être capable de replacer ces événements dans l’histoire sociopolitique de l’Amérique latine des 40 dernières années. Seule manière de pouvoir en apprécier la portée exacte !
Il est en effet possible d’interpréter cette dernière à travers au moins trois cycles fortement différenciés. Ainsi dans le sillage de la révolution cubaine (1958) et à la faveur de la période d’expansion économique des “Trente glorieuses”, on a pu au cours des années 60 assister en Amérique latine à une période d’ébullition sociale très marquée durant laquelle les mouvements sociaux et les partis de gauche ont fait irruption sur la scène sociale et politique, questionnant chaque fois plus l’ordre établi des classes possédantes du continent : une sorte d’ère des brasiers dont le Chili de Salvador Allende pourrait être à sa manière le symbole et le point d’orgue.

Ce premier cycle (1) de radicalisation sociale va cependant être brutalement mis à bas par le déploiement de dictatures de sécurité nationale (dans le cône sud) et ou de guerres de basse intensité (en Amérique centrale) qui, les unes après les autres, vont parvenir avec succès à mettre au pas les mouvements populaires et les partis de gauche, à briser donc cette vague de radicalisation sociale et politique, tout en mettant en place les bases de la régulation économique néolibérale actuelle. Tel est le deuxième cycle (2) qui –symbolisé par le personnage du général Pinochet— suivra et qui occupera la deuxième partie des annnées 70 ainsi que les années 80.

Jusqu’à ce que puisse s’enclencher un troisième cycle (3) à partir du début des années 90 : celui du retour à la démocratie sous tutelle militaire ou internationale. Cette fois-ci l’ordre établi ayant été ré-installé à l’horizon d’un néolibéralisme triomphant, les élites en place acceptent peu à peu de rentrer dans le jeu d’une transition contrôlée à la démocratie, d’autant plus facilement d’ailleurs qu’on assiste au même moment à la renaissance de puissants mécontentements sociaux stigmatisants les logiques dictatoriales. Résultats : se mettront en place, certes sous le coup de de mobilisations sociales importantes, mais contrôlées étroitement par des partis de centre droit, des “démocraties de basse intensité” au sein desquelles les militaires, comme le dit si bien Eduardo Galeano, continueront à “gouverner derrière le trône”.

Quant aux forces populaires, aux mouvements sociaux et partis de gauche, loin d’avoir repris leur élan d’antan, ils resteront durant ce cycle, en arrière plan, comme des acteurs politiques de second ordre, ne jouant aucun rôle véritable de direction dans le processus social et politique. Et le symptomatique, c’est qu’ils vont paraître de manière générale, comme à la recherche d’un second souffle, tout à la fois durablement marqués par la dureté de la répression de l’ère dictatoriale et le nouveau contexte géopolitique qui les laissent profondément désorientés et paralysés. [1]

Un nouveau cycle de luttes sociales et politiques ?

C’est précisément ce cycle qui s’est achevé depuis globalement la fin des années 90 et le début des années 2000. Après les hésitations et les rôles “de second violon” des acteurs populaires de la phase des “démocraties sous tutelle”, voilà qu’on semble s’engager lentement dans un nouveau cycle de luttes sociales et politiques au sein duquel ces derniers commencent à jouer un rôle plus décisif et affirmatif.

À quoi assiste-t-on en effet depuis les années 2000, sinon –dans le sillage des terribles dégâts sociaux générés par les politiques néolibérales— non seulement à l’arrivée de gouvernements de gauche au pouvoir mais aussi et en même temps à la renaissance de mobilisations sociales d’envergure qui semblent les accompagner comme leur ombre ! Certes ce mouvement de radicalisation à la fois sociale et politique reste encore localisé dans quelques pays (Venezuela, Équateur, Bolivie) ou ne semble avoir eu que des effets passagers dans d’autres (comme par exemple en Argentine, au Mexique, etc.). Mais il n’en demeure pas moins un changement de ton général indiquant que les classes subalternes, les mouvements sociaux d’origine populaire, ne se trouvent plus exactement dans la même position que dans la période précédente. Ne serait-ce que parce que l’approche n’est plus seulement –comme dans les années 90— “sociale” et “renvoyant à des questions spécifiques” (l’eau, le gaz, la question autochtone, etc.) mais de plus en plus “sociale et politique”, touchant à l’ensemble de la société et de son orientation, obligeant à la réorganisation d’un discours alternatif global. Ne serait-ce aussi parce qu’on ne se contente plus de se soumettre passivement aux impositions économiques néolibérales, y compris sous leur version social-libérale classique en leur accolant un vague volet social comme au Brésil ou au Chili, mais qu’on leur cherche, à tâtons, de véritables alternatives structurelles.

Qu’on songe à ce propos, à ce qui se passe au Venezuela de Hugo Chavez, mais aussi dans l’Équateur de Rafaël Correa et la Bolivie d’Evo Morales. Au-delà des différences, au-delà même des mesures avancées qui sont loin d’être “en soi” aussi radicales qu’elles se donnent parfois à voir, voilà que sont en train de se dessiner de nouveaux chemins pour la gauche en marche du continent. Des chemins qui permettent de proposer de manière concrète et positive –et sur la base des propres intérêts du peuple d’en bas— de nouvelles alternatives, ou pour le moins des alternatives qui en cette ère de néolibéralisme outrancier (à peine encore entamée par la crise) paraissent aller totalement à contre-courant des avenues dominantes. Plus encore, voilà qu’on tente de reprendre les aspirations au changement des années 70, mais en les réactualisant et en les adaptant au nouveau contexte (celui de la mondialisation néolibérale et de la démocratie restreinte) en cherchant au passage à tirer leçon des échecs du passé. De quoi se donner les moyens de les rendre effectives ici et maintenant, installant ainsi de nouveaux rapports de force plus favorables au peuple d’en bas !

Ainsi faut-il sans doute interpréter ces grands débats de société et ces mobilisations populaires autour de l’élaboration de nouvelles constitutions au Venezuela, en Équateur, en Bolivie (et qu’on retrouve à la marge jusqu’au Honduras) ; ou bien cette volonté de démocratiser l’ensemble de la société, non seulement par la mise en place de politiques économiques de redistribution non clientélistes de la rente pétrolière ou minière, mais aussi par le recours à des expériences de démocratie participative ou à l’émergence d’un pouvoir populaire dont on cherche à institutionnaliser le rôle ; ou encore cette ouverture au passé des peuples autochtones du continent et aux luttes qu’on peut mener avec leur appui pour faire face aux tentatives de recolonisation néolibérales (mines, pétrole, etc.). Avec en sus de nouvelles préoccupations “internationalistes” liées bien évidemment aux exigences de la mondialisation néolibérale : celles de penser des formes d’intervention plus globalisées, touchant à l’ensemble du continent, notamment à travers des formes d’entraide et de regroupement alternatives sud-sud comme l’Alba à laquelle justement avait commencé à adhérer le Honduras.

Bien sûr, il serait facile de montrer en même temps comment ces avancées restent fragiles, susceptibles de brusques arrêts ou de possibles régressions (voir les tentatives de coup de force en Bolivie ou de coup d’État au Venezuela). Et comment elles ont pu bénéficier d’une période relativement favorable dû au fait que l’encombrant parrain étatsunien était occupé par ses guerres au Moyen-orient.

Il serait facile aussi de montrer comment tout ce mouvement reste ambigü, incertain, difficile à cerner, tant manquent les points de repère et que rien ne le met a priori à l’abri de possibles dérapages, notamment caudillistes ou populistes. Mais le symptomatique provient plutôt de ce nouvel élan, de cette mise en mouvement socio-politique de la société entière sous les coups des aspirations des couches populaires, et à travers elle, de ces tentatives de reconstruction d’un nouveau discours alternatif touchant à des degrés divers toute l’ Amérique latine. Le nouveau, c’est donc bien cette possibilité pour les acteurs populaires de parvenir à échapper de manière durable aux limites et contentions imposées par les régimes de démocratie restreinte du cycle précédent, mais dans un contexte totalement différent à celui des décennies passées !

La relance d’un mouvement ascendant de contre-hégémonie ?
Car même si Chavez affirme vouloir conjuger la révolution bolivarienne aux rythmes d’un socialisme du 21 siècle, on reconnaitra sans peine que le Venezuela n’est pas en train de vivre la même rupture que celle qui s’est effectuée à Cuba dans les années 58/60. Pourtant –quel paradoxe— tout le monde sent intuitivement l’existence d’une étrange parenté à l’oeuvre. Comme s’il s’agissait quelque part d’un même type de luttes et d’aspirations émancipatrices, mais mené en fonction de contraintes totalement différentes.

Signe des temps ?

Peut-être pourrions-nous ici, pour en déchiffrer le sens, utiliser quelques-unes des réflexions de Gramsci sur les luttes pour l’hégémonie en système capitaliste, en les adaptant au contexte latino-américain de l’heure ! Car après les profonds bouleversement vécus par les mouvements sociaux d’origine populaire et les partis de gauche au cours des années 70 et 80 en Amérique latine, après le brusque arrêt de ce vaste mouvement ascendant de contre hégémonie populaire construit –depuis globalement les années 1920— par les forces sociales latino-américaines, ne serait-on pas en train d’assister à sa relance sous un mode particulier ? Et à travers les expériences emblématiques du Venezuela, de l’Équateur et de la Bolivie, n’assisterait-on pas aux prémisses d’un mouvement similaire, se donnant pourtant sous des formes différentes à celles du siècle précédent, annonce d’un nouveau mouvement ascendant de contre-hégémonie pour le XXI ième siècle ?

Bien sûr, on ne peut-on pas tout recommencer à partir de rien ! Bien sûr on ne peut-on pas non plus faire abstraction du passé, de ses échecs patents (l’effondrement des pays dits socialistes) et des leçons qu’il faut en tirer. Mais justement sur la base de l’état des rapports de force sociopolitiques actuels, à partir des contraintes imposées par la globalisation néolibérale et la démocratie restreinte, en tenant compte des contradictions des discours dominants et des réflexions nouvelles germant du mouvement altermondialiste, voilà que l’on commence –au moins dans ces trois pays— à reprendre l’initiative politique, à rassembler des forces, à les unir autour d’une stratégie sociale et politique commune, imposant partout où cela est possible les exigences et préoccupations de la société civile d’en bas ? Avec toutes les incertitudes, ambiguités et même confusions que recèlent toujours de tels moments de recomposition, mais aussi tous les espoirs et petites victoires qu’elles impliquent déjà : prémisses et conditions pourtant nécessaires à des ruptures plus importantes encore !

Pressentant le danger jusque dans leur propre pays, n’est-ce pas ce à quoi ont tenté de réagir les forces putschistes honduriennes ?

La contexte du coup d’État hondurien

Car c’est dans ce contexte que peut être compris le coup d’État hondurien. Certes on ne doit pas oublier les traits spécifiques qui sont ceux de l’Honduras et qui font qu’il est devenu la plaque tournante des stratégies de contre-insurrection US dans les années 80 et 90 pour toute l’Amérique centrale, notamment par le biais de la fameuse base militaire US de Soto Cano. On ne peut pas non plus oublier les difficultés et divisions des forces de gauche et des mouvements sociaux honduriens, et à l’inverse la toute puissance et l’arrogance des élites honduriennes habituées à gouverner sans rencontrer grande opposition.

Il n’en demeure pas moins que les premiers gestes posés par le Président Zelaya visaient justement –avec un appui populaire grandissant en arrière plan—à s’ouvrir à quelques-uns des thèmes portés par la gauche latino-américaine en marche, en somme à tenter de donner un cours autre à la société hondurienne, offrant ainsi de nouvelles marges de manoeuvre aux acteurs populaires de son pays, aussi fragiles soient-elles par ailleurs : expression d’une nouvelle force affirmative.

En ce sens le coup d’État perpétré par l’armée hondurienne indique bien comment cette dernière a agi de manière réactive, pour faire face à ce qui lui apparaissait comme un nouveau danger, mais en même temps de manière extrême et décalée, semblant oublier que le tendance dominante à l’oeuvre dans le sous-continent reste, en termes sociopolitiques, très clairement celle du développement de régimes de démocratie représentative. Du moins tant que celle-ci ne permettra pas au camp populaire de redevenir une force susceptible de questionner –comme ce fut le cas dans les années 70—les équilibres fondamentaux du pouvoir économique et social dominant. Ce qui n’est visiblement pas encore le cas en Honduras, loin de là !

L’unanimité du vote obtenu à l’Onu pour dénoncer le coup d’État hondurien (comprenant celui des USA), tout comme l’appui résolu au président légitime de l’immense majorité des États du sous-continent tendent à confirmer cette hypothèse. D’ailleurs, ce ne sont pas les militaires honduriens qui assument la direction gouvernementale du nouveau régime de facto ainsi qu’on a pu l’observer dans les années 70, mais un civil, Roberto Micheletti, tout comme ce fut le cas lors du coup d’État raté du Venezuela avec Pedro Carmona en avril 2002. Et au-delà des très dures politiques répressives menées contre les mouvements populaires, le type de discours –très juridico-légaliste— promu par les partisans du putsch, met bien en évidence que ces derniers ne disposent pas d’une vision semblable à celle des dictatures de sécurité nationale des années 70 . [2]

Mais si les militaires honduriens n’ont donc pas agi selon l’exacte logique de la sécurité nationale, ils sont intervenus tout à fait en conformité avec les logiques du cycle sociopolitique suivant : en cherchant à enfermer les aspirations populaires et l’action gouvernementale qui s’en faisait l’écho, dans la camisole de force d’une démocratie de basse intensité, au sein de laquelle les militaires gouvernent, mais derrière le trône. En ce sens ils n’en représentent pas moins un danger très sérieux pour les forces populaires ainsi qu’un indéniable obstacle à toutes ces tentatives contemporaines à peine ré-amorcées d’élargissement des espaces démocratiques, conditions nécessaires à toute reconstruction affirmative de pouvoirs alternatifs. Et cela, d’autant plus que le projet de Manuel Zelaya ne portaient dans les faits, atteinte qu’à quelques privilèges démocratiques de l’oligarchie locale.

Qu’on le veuille ou non, leur intervention nous rappelle que les militaires restent cette force de contention anti-populaire que les élites dominantes gardent toujours par devers elles, en cas de nécessité. Quant à l’administration américaine –autre fidèle alliée des possédants honduriens— on peut aussi sans peine imaginer qu’elle est loin d’être monolithique et que le nouveau cours proposé, par le biais de la rhétorique du nouveau président Obama, n’a pu être partagé ni entériné à tous les niveaux de son administration, surtout dans un pays comme le Honduras où les politiques de contre-insurrection US ont été pendant longtemps si omniprésentes. D’où les contradictions ou les demies mesures de la position étatsunienne actuelle. Et si elles ne donnent pas beaucoup de chances aux putchistes de pouvoir perdurer longtemps ainsi au pouvoir, elles leur laissent par contre tous les moyens pour rester cette force de contention anti-populaire terriblement efficace. C’est en tous cas ce qu’on peut supposer des actuelles négociations menées sous l’égide du président Arias. [3]

Et même si on ne peut pronostiquer –sans trop de risques de se tromper—que le Président Manuel Zelaya finira par retrouver, au moins symboliquement, ses fonctions présidentielles, il aura quoiqu’il arrive, reçu un terrible coup de semonce et aura assurément perdu –et avec lui, tout son peuple— de très importantes marges de liberté. Sans parler même des inévitables effets “boomerang” que ne manquera pas de ressentir cette Amérique latine en marche qu’incarnent le Venezuela, l’Équateur et la Bolivie : une manière d’avertissement inquiétant !

De quoi rappeler à tout un chacun que la lutte pour une démocratie digne de ce nom en Amérique latine reste à mener de part en part, et que ce nouveau cycle de luttes affirmatives dans lequel est entré le sous-continent est à peine commencé, ne cessant –à chacune de ses conquêtes—de se heurter à de puissants intérêts dont les forces de gauche devront apprendre d’ores et déjà à se protéger. Comme on on n’a cessé de le faire et on continue à le faire, au Venezuela, en Équateur, en Bolivie… et maintenant au Honduras…
Mais n’est-ce pas dans ces coûteux apprentissages et ces cruels jeux de bras de fer que sont en train de se reconstruire ces nouvelles forces sociales et politiques qui pourront ouvrir pour le 21 ième siècle d’authentiques espaces d’émancipation à tout le continent ?

Pierre Mouterde
Québec, le 19 juillet 2009


[1La chute de l’Union soviétique, la crise de toutes les alternatives sociopolitiques traditionnelles, le déploiement néolibéral, etc.

[2“le dije al presidente Arias que lo que había pasado en Honduras no fue un golpe de Estado, sino una sucesión constitucional”.

[3La propuesta de Arias : - Restitución del presidente derrocado, Manuel Zelaya. ; - Conformación de un gobierno de reconciliación nacional. ;- Amnistía general para los delitos políticos cometidos antes y después del 28 de junio ; - Renuncia de Zelaya a la "cuarta urna" (consulta por reforma constitucional, con la posibilidad de reelección) ;- Adelantamiento de las elecciones del 29 de noviembre al último domingo de octubre. ;- Traslado del comando de las FF.AA., del Poder Ejecutivo al Tribunal Supremo Electoral un mes antes las elecciones. - Integración de una comisión de verificación, integrada por hondureños notables y miembros de organismos internacionales.

Mots-clés : International
Pierre Mouterde

Sociologue, philosophe et essayiste, Pierre Mouterde est spécialiste des mouvements sociaux en Amérique latine et des enjeux relatifs à la démocratie et aux droits humains. Il est l’auteur de nombreux livres dont, aux Éditions Écosociété, Quand l’utopie ne désarme pas (2002), Repenser l’action politique de gauche (2005) et Pour une philosophie de l’action et de l’émancipation (2009).

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