D’abord, une telle alliance n’aura pas que des impacts politiques positifs pour Québec solidaire. S’allier avec le PQ, qu’une grande partie de la population rejette, c’est laisser à la CAQ les votes de protestation contre les « vieux partis ». Comme l’a démontré le dernier sondage Mainstreet, beaucoup de Québécois veulent un changement de garde sur le plan politique. En se positionnant comme un allié du PQ, Québec solidaire s’empêche de représenter le renouveau politique tant souhaité par une grande partie de Québécois.
Aussi, une telle alliance aura des impacts durant la campagne électorale. Les médias ont grandement boudé Québec solidaire depuis sa fondation. Avec des ressources limitées, croyez-vous que les médias québécois enverront des journalistes dans l’autobus de campagne de Québec solidaire si ce dernier est perçu comme une succursale du PQ ? Québec solidaire a eu à se battre pour être au débat des chefs, ne pas présenter de candidats dans 20% des comtés (comme Amir Khadir l’a évoqué) et s’allier avec un parti qui sera déjà présent au débat des chefs permettrait aux détracteurs de QS de remettre en question la participation solidaire à cet évènement central durant une campagne électorale. En plus, s’allier avec le PQ implique d’avoir à justifier notre choix lorsqu’en cours de campagne, le PQ défendra des positions diamétralement opposées à celles de QS, comme sur la question identitaire.
Une alliance avec le PQ aura aussi un impact majeur sur les finances de Québec solidaire. Chaque vote reçu donne droit à une allocation annuelle de 2,20$ en 2016. Ce montant augmente à chaque année. S’il n’est pas sûr que Québec solidaire verra son nombre de vote augmenter dans les comtés où le PQ ne se présentera pas, il est certain que QS ne recevra aucun vote dans les comtés où il ne présentera pas de candidature. Chaque vote que QS perdra au net représente 10$ que le parti ne recevra pas entre 2018 et 2022. Au total, les pertes financières pourraient se chiffrer en centaines de milliers de dollars, autant d’argent que QS n’aura pas à long terme pour faire la lutte électorale.
Le risque le plus important si QS fait une alliance avec le PQ, c’est au niveau organisationnel qu’il est. QS compte 6 000 nouveaux membres depuis janvier 2017. Toutes ces personnes vivront leur première campagne électorale en 2018. Renoncer à présenter des candidatures dans 20% des comtés équivaut à dire à 2 000 à 3 000 des membres de Québec solidaire qu’ils ne pourront pas passer la prochaine campagne électorale à entrer en contact avec les citoyens et citoyennes de leurs circonscriptions, qu’ils ne pourront pas apprendre le travail électoral dans leurs comtés et qu’ils ne pourront pas bâtir localement une organisation de Québec solidaire. Ces dire à ces 2 000 à 3 000 membres que, peu importe leur volonté locale, ils devront renoncer à promouvoir le discours de QS dans leurs comtés et devront se résigner à voter pour le candidat péquiste ou choisir de s’abstenir. Alors que Québec solidaire attire des milliers de nouveaux membres, la pire chose à faire est d’en démobiliser une bonne partie plutôt que de les encourager à parcourir leur région pour promouvoir localement Québec solidaire et s’organiser pour faire progresser Québec solidaire.
Québec solidaire a actuellement le vent dans les voiles. Des milliers de personnes à travers le Québec travaillent avec enthousiasme à faire grandir Québec solidaire. Ne risquons pas de tuer notre croissance pour un parti politique moribond qui nous sert de vaines promesses et nous fait miroiter des mirages.
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