Il faut savoir que les communautés universitaires et collégiales sont prises entre deux feux. C’est-à-dire entre la volonté du gouvernement de limiter abusivement ses dépenses d’un côté, et de l’autre, les gestionnaires technocrates qui dominent les conseils d’administration dans nos institutions scolaires. En effet, si l’État ne peut intervenir directement dans la gestion des budgets des cégeps et universités, il détermine tout de même le montant des enveloppes budgétaires remises aux bonnes grâces d’une fameuse « autonomie institutionnelle ». Si des compressions sévissent, nos administrateurs et administratrices, tout aussi obsédé-e-s par le déficit zéro, choisiront pour nous où couper.
Le sens des priorités
Malheureusement, ces coupes touchent bien rarement les salaires des gestionnaires, les développements immobiliers aventuristes ou encore, les dépenses technologiques superficielles tels que les tableaux interactifs ou les licences de logiciels propriétaires1. Bien sûr, cette situation est aussi le résultat d’une segmentation du financement des différents postes budgétaires. Comme le démontre la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU), l’argent provenant du gouvernement prévu pour le fonctionnement (enseignement, soutien, services à la collectivité, etc.) des institutions est systématiquement amputé par les administrations locales pour être transféré dans le fonds d’immobilisation (assurant, entre autres, l’entretien des bâtiments) Celui-ci serait, contrairement aux autres fonds, sous-financé relativement à l’augmentation de l’effectif étudiant.
Ce transfert de fonds occasionne des coupures de postes et de services qui sont, plus souvent qu’autrement, nécessaires à la qualité de l’éducation : psychologues, intervenant-e-s psychosociaux, infirmières et infirmiers, bibliothèques, vie étudiante, centres d’aide à la réussite, etc. Le collège de Maisonneuve, où presque tout ces éléments ont été affectés, représente un cas typique des conséquences de ces compressions. Tout cela se déroule alors que, par le biais du fédéral ou d’autres ministères, des sommes astronomiques sont injectées dans domaines de recherche qui sont, le plus souvent, à teneur commercialisable.
Une solution logique : l’autogestion des institutions
Face à cela, l’ASSÉ défend une position qui relève d’une logique toute simple : remettons la gestion des institutions entre les mains de ceux et celles qui l’habitent, qui sont sa raison d’être et sa colonne vertébrale, les étudiant-e-s, les enseignant-e-s, les employé-e-s de soutien et les professionnel-le-s. Il paraît est en fait surréaliste que nous n’ayons pas le poids suffisant dans les structures administratives pour empêcher une décision ou aller de l’avant avec une autre. C’est pourquoi il importe d’envisager des réels moyens de pression pour défendre la qualité de nos écoles.
Les compressions sont une occasion importante pour les associations étudiantes et les syndicats locaux de se solidariser autour d’une lutte commune. L’exemple du collège de Maisonneuve, est encore une fois, intéressant : quelques assemblées ouvertes regroupant des membres de la communauté interne on eut lieu pour échanger sur les préoccupations des différents groupes et pour établir un plan d’action commun. Un premier pas était, pour plusieurs d’entre eux, de prendre une position, dans leurs assemblées respectives, pour exiger que le conseil d’administration adopte un budget déficitaire en guise de protestation à l’austérité péquiste.
Évidemment, même dans un contexte d’autogestion, il faudrait également que l’État cesse sa politique de compressions surprises, aux conséquences parfois dramatiques, pour assurer une stabilité dans le financement. Il y a fort à parier que des institutions contrôlées par leur communauté interne, auraient le courage d’offrir une réelle opposition à de telles compressions et n’hésiteraient pas, contrairement aux administrations actuelles, à adopter des budget déficitaires lorsque la qualité de l’éducation est réellement menacée.