QUELQUES CHIFFRES
1,5°C : Seuil de température que le Canada s’est engagé à essayer de ne pas dépasser d’ici 2100.
67% : Taux de croissance des GES lié au secteur pétrolier et gazier depuis 1990 au Canada.
Gaz à effet de serre
Depuis le début de la révolution industrielle, la combustion des énergies fossiles (charbon. gaz et pétrole) générée par l’activité humaine a rejeté des milliards de tonnes de dioxyde de carbone (C02) et de méthane (CH4) dans la mince couche atmosphérique qui entoure la Terre. L’accumulation de ces gaz a pour effet de capter la chaleur issue du rayonnement solaire et de l’emprisonner près de la surface de la planète, l’empêchant ainsi de retourner dans l’espace. C’est pourquoi on les qualifie de gaz à effet de serre (GES).
Ce réchauffement atmosphérique a des impacts très importants sur toutes les composantes de notre planète. Il menace l’économie, la santé, la biodiversité, la cohésion sociale et jusqu’à la vie sur la Terre2. Malgré l’urgence de limiter les émissions de GES, celles-ci ont augmenté de 61 % entre 1990 et 2013. Au Canada, 67% de la croissance des émissions de gaz à effet de serre depuis 1990 est due au secteur pétrolier et gazier, essentiellement en raison de l’exploitation intensive des sables bitumineux.
Sécurité alimentaire
Les bouleversements liés au changement climatique, comme les sécheresses et les inondations. menacent toutes les zones cultivables. Le stress lié aux conditions climatiques défavorables rend également les plantes plus vulnérables aux épidémies et aux insectes ravageurs. Les scientifiques prévoient que, d’ici le milieu du 21 siècle, toutes les grandes villes seront confrontées au problème de l’insécurité alimentaire, ce qui créera des perturbations financières (augmentation du prix des aliments, spéculation sur les denrées alimentaires) et politiques (émeutes de la faim, migrations massives d’individus sous-alimentés). L’Afrique et l’Asie du Sud-Est seront les premières victimes des pénuries de denrées essentielles à la survie.
Acidification et asphyxie des océans
Environ le quart du C02 libéré dans l’atmosphère est absorbé par les océans’. Or, une fois absorbé, le CO2 forme de l’acide carbonique et rend l’eau plus acide. Au cours des dernières décennies, l’utilisation massive des énergies fossiles a provoqué une augmentation d’environ 30% de l’acidité des océans8, ce qui nuit à la vie de nombreux organismes marins microscopiques à la base de la chaîne alimentaire, perturbe les écosystèmes marins et appauvrit leur biodiversité.
L’acidification et le réchauffement de l’eau ont pour conséquence d’abaisser sa teneur en oxygène dissous. Dans le fleuve Saint-Laurent, l’oxygène disponible pour la vie marine a diminué de près de moitié depuis 1930. Le manque d’oxygène touche particulièrement les zones profondes, qui sont désertées par les poissons.
L’acidification du milieu marin a aussi des impacts négatifs sur les pêches. De plus, selon les experts, si rien n’est fait pour contrer ce phénomène, l’élevage des fruits de mer et des poissons pourrait bientôt devenir impraticable. Selon le programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), les impacts conjugués de la surpêche, de la pollution et du réchauffement climatique feront que les océans seront vidés de leurs ressources d’ici 30 ans.
Fonte des glaciers
Depuis une vingtaine d’années, on observe une diminution plus rapide que prévu du couvert de glace sur la Terre. Principales réserves d’eau potable et d’eau d’irrigation pour plusieurs populations, les glaciers de montagne risquent de disparaître au cours du 21e siècle, ce qui entraînera des pénuries et des conflits.
Par ailleurs, la fonte de la banquise arctique apporte dans l’Atlantique Nord un afflux d’eau froide non salée qui perturbe l’habitat de la faune et de la flore marines et modifie les courants océaniques. Le Gulf Stream favorise l’échange entre les eaux chaudes du sud et les eaux froides du nord dans l’Atlantique, mais son rôle régulateur de la chaleur et des précipitations semble de plus en plus perturbé. Le ralentissement de cette « pompe océanique » accentue les vagues de chaleur extrême et les sécheresses dans l’hémisphère sud tandis que les régions de l’Atlantique nord subissent un refroidissement".
Le relèvement du niveau de la mer dû à l’apport d’eau de fonte est aggravé par la dilatation de l’eau liée au réchauffement. Ce relèvement se poursuivra pendant plusieurs siècles avant d’atteindre un nouvel équilibre, que nous parvenions ou non à éliminer nos émissions de GES. Selon un scénario de réchauffement de 4°C envisagé pour 2100. l’élévation du niveau de la mer pourrait atteindre l mètre vers la fin du siècle, et plus de 7 mètres vers 2300. Les zones basses de la vallée du Saint-Laurent, de même que les villes côtières densément peuplées, comme Los Angeles, New York, Mumbaï et Beijing, seront alors inévitablement submergées.
La glace et la neige agissent comme un miroir qui réfléchit une partie du rayonnement solaire dans l’espace, un phénomène nommé albédo. En diminuant l’albédo, la fonte de la couverture glaciaire accélère le réchauffement atmosphérique". Avec un albédo plus faible, la fonte du sol gelé en permanence, nommé pergélisol, s’accélère également. Ce phénomène est très préoccupant, car le pergélisol de l’Arctique contient des milliards de tonnes de méthane (CH4), un gaz dont l’effet de serre est. pendant ses 15 premières années dans l’atmosphère, environ 100 fois plus puissant que celui du CO2. En dégelant. le pergélisol libère dans l’atmosphère le méthane qu’il contient, phénomène que de nombreux experts ont qualifié de « bombe à retardement invisible », car il pourrait entraîner la planète dans une spirale incontrôlable de réchauffement et conduire à la destruction de la vie telle que nous la connaissons sur la Terre.
Perte de biodiversité
Le réchauffement du climat et l’acidification des océans détruisent l’habitat de nombreuses espèces animales et végétales à une échelle sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Les forêts tropicales et les récifs coralliens, qui sont des zones de haute valeur pour la biodiversité, sont menacés’". Si certaines espèces peuvent se déplacer, la plupart des arbres, plantes herbacées, rongeurs, mollusques et primates ne migreront pas assez vite pour survivre au réchauffement". Une étude de la biodiversité montre que plus de 70 000 espèces sont présentement menacées, dont au moins 22 000 sont en voie de disparition. Selon les chercheurs, les impacts de cette perte de biodiversité sur les écosystèmes sont aussi importants que les changements climatiques et constituent une menace pour la survie de l’humanité.
Événements météorologiques extrêmes
La dernière décennie a connu, un peu partout à travers le monde, un nombre inhabituel d’épisodes de canicule. Les vagues de chaleur extrême ont provoqué une mortalité massive (70 000 morts en Europe en 2003, 55 000 en Russie en 2010), ainsi que des sécheresses et des incendies majeurs qui ont détruit des millions d’hectares de forêt. Au cours de l’été 2013 en Australie, des pointes de chaleur de plus de 50 °C ont été enregistrées".
Le réchauffement de l’atmosphère et des océans accroît la fréquence, la durée et l’intensité des événements climatiques extrêmes. L’évaporation due à la chaleur se traduit par des sécheresses dans certaines régions, et par une augmentation de l’humidité ambiante et des précipitations dans d ’autres, L’afflux d’air chaud et humide amplifie la violence des tempêtes tropicales et provoque des pluies diluviennes qui causent des inondations majeures et détruisent les récoltes et les infrastructures dans les zones habitées, en plus d’entraîner d’innombrables pertes de vies humaines. La moyenne des coûts occasionnés par ces événements météorologiques extrêmes depuis 30 ans tourne autour de 140 milliards de dollars par année.
Migration des populations
Les changements environnementaux sont devenus le principal facteur de migration et de déplacement de populations dans le monde. Depuis 2008, vingt-six millions de personnes en moyenne sont contraintes chaque année de quitter leur domicile à cause d’inondations, de tempêtes, de feux de forêt ou d’autres catastrophes liées aux bouleversements du climat. Et ce chiffre n’inclut pas toutes les personnes déplacées par suite de dégradations plus lentes de l’environnement, telles que la désertification, la fonte du pergélisol et la hausse du niveau des mers : Selon les experts, la moyenne des migrants climatiques pourrait atteindre 1 milliard de personnes par année vers 2050.
La migration des populations affecte principalement les pays en développement. Mais les pays développés ne sont pas épargnés. Par exemple. en 2005, l’ouragan Katrina a entraîné le déplacernent de 1,2 million de personnes en Louisiane et dans les États voisins. Les déplacements massifs de populations sont des facteurs de risque économique, de tensions sociales, d’épidémies et de famines. Ces grandes migrations, signe indéniable que la crise amorcée concerne toute la planète, interpellent notre identité culturelle et notre éthique sociale.
1,5 °C : un seuil à ne pas dépasser
Un réchauffement de seulement 5°C sépare le climat de la dernière époque glaciaire du climat préindustriel. Depuis 1880, l’activité humaine, par le rejet massif de C02 dans l’atmosphère, a rompu l’équilibre climatique qui a permis à notre civilisation de s’épanouir. En 2015-2016, le réchauffement global de la planète aura atteint l°C. Déjà très perceptibles, les impacts négatifs de ce réchauffement continueront de se faire sentir pendant des décennies, même si nous mettions fin dès maintenant à toutes nos émissions de GES. Selon les scientifiques, il sera pratiquement impossible pour l’humanité de faire face aux conséquences d’un réchauffement supérieur à l,5°C ou 2°C. Un réchauffement global de l,6°C est suffisant pour provoquer la fonte irréversible et complète de la banquise du Groenland, détruire la grande barrière de corail australienne, et amorcer la fonte du pergélisol de l’Arctique qui libérera progressivement dans l’atmosphère les quelque 1 700 milliards de tonnes de méthane et de C02 qu’il contient.
Pour réussir à limiter le réchauffement global de la Terre à l,5°C, il faudra éliminer jusqu’à 95 % de nos émissions de GES d’ici 2050 en plus d’extraire du C02 de l’atmosphère. Les engagements des pays participant à la conférence de Paris sur le climat de décembre 2015 ne sont pas suffisants pour atteindre ces objectifs. Selon la trajectoire actuelle, l’humanité s’achemine vers un réchauffement de +3 à +6°C d’ici la fin du siècle, et de +8 à + 12°c en 2300, ce qui fait dire à plusieurs scientifiques que « Si rien n’est fait, l’humanité ne survivra pas au 21e siècle ».