C’est malade comme réforme !
En effet, réunis en Conseil général la semaine dernière à Lévis, les déléguées et délégués de la CSQ ont rejeté à l’unanimité le projet de loi 10 après avoir pris le temps d’en étudier le contenu. Ils entendent d’ailleurs mener, au cours des prochains jours, plusieurs actions visant à informer leurs membres et la population sur les risques et dangers que représente cette réforme. La CSQ mènera d’autre part une campagne autour du thème « C’est malade comme réforme ! »
« Cette réforme n’améliorera en aucune façon l’accessibilité aux soins et services de santé pour la population, pas plus que la qualité de ceux-ci. Le gouvernement s’engage dans un grand chambardement des structures, non pas par souci des patients, mais seulement pour centraliser les décisions au bureau du ministre, sans égard aux conséquences que cela aura sur le réseau et dans les établissements », dénonce la présidente de la CSQ, Louise Chabot.
« Cette centralisation des pouvoirs aux seules mains du ministre de la Santé est du jamais vu au Québec. C’est un acte antidémocratique qui méprise la participation citoyenne. « Depuis quand le ministre peut-il décider des soins de santé de toutes les régions du Québec, les planifier, les coordonner et les superviser sans que les populations puissent faire valoir leurs besoins ?, se questionne la présidente de la Centrale. Cette ingérence politique est inacceptable. C’est comme s’il mettait les régions en tutelle. Aucune prise en compte de la réalité des régions et de leurs besoins spécifiques ! »
150 millions de plus en période d’austérité
Cette dernière ajoute qu’il y a encore pire : Philippe Couillard donne carte blanche à Gaétan Barrette pour se lancer dans une grande opération dont lui seul sortira gagnant, et qui coûtera des dizaines de millions supplémentaires au Québec en pleine période d’austérité budgétaire.
« Le ministre de la Santé a été obligé de reconnaître que sa réforme, plutôt que de faire économiser l’État, entraînera des coûts supplémentaires de 150 millions de dollars en 2015-2016 seulement. Et on est incapable de prévoir ce qu’il en sera pour les années suivantes. Malgré cela, le premier ministre ferme les yeux sur ces dépenses supplémentaires alors qu’il demande à la majorité des citoyennes et citoyens d’accepter de se serrer la ceinture et de recevoir moins de services. C’est scandaleux », martèle la présidente de la CSQ.
Un réseau précipité dans le chaos
Cette dernière se dit convaincue que si le ministre Barrette réussit à aller de l’avant avec sa réforme, il plongera le réseau dans un chaos sans précédent au grand dam de la population et du personnel.
« Il introduit un nouvel organisme, les Centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS), qui prendront plusieurs années avant d’être pleinement fonctionnels et qui pourraient coûter très cher à opérer. En retour, il fragilisera sérieusement les services de première ligne, les programmes sociaux et de prévention, créant un profond sentiment d’insécurité au sein de la population », prévoit la leader syndicale.
Mémoire
Outre sa campagne publique contre la réforme, la CSQ entend également faire connaître ses inquiétudes en déposant un mémoire à la commission parlementaire chargée d’étudier le projet de loi. Toutefois, elle considère que l’empressement du gouvernement à tenir cette commission parlementaire limite l’analyse des représentants de la société civile en regard à cette réforme menée dans l’urgence et n’a que pour seul objectif de réduire le rôle social de l’État. Malgré cela, dans son mémoire, la Centrale en profitera pour proposer des solutions simples et plus efficaces pour améliorer notre réseau public de santé sans tout chambarder.