Dans une entrevue à TéléGaspé, M. Jean-François Belleau, nouveau PDG de Pétrolia, fait la morale à l’intervieweur, M. Nelson Sergerie, lorsque ce dernier parle de « fracturation hydraulique » ou même de « complétion ». Pour empêcher les enfants, pardon, je devrais dire les téléspectateurs, de comprendre, M. Belleau réprimande l’intervieweur en disant ;« Permettez-moi de vous corriger. On n’a pas parlé de complétion, on a parlé de stimulation... » ! [1] Stimuler la roche-mère ! Ah bon ! Comme l’écrivait mon collègue Martin Poirier, « tant qu’à y être, on nous sortira bientôt le terme coït souterrain... » !!!
M. Belleau n’est pas le seul à utiliser un vocabulaire infantilisant pour empêcher les citoyens de comprendre la portée véritable des mots. M Pierre Arcand, ministre des Ressources naturelles, présente son projet de loi 106 (PL106) comportant un projet de loi sur les hydrocarbures en refusant systématiquement d’utiliser des mots que Monsieur ou Madame tout-le-monde comprendraient ! « Fracturation hydraulique » est un mot que les électeurs comprennent ; donc, l’article 80 du projet de loi sur les hydrocarbures utilise un synonyme technique comme « complétion ». Quant à l’industrie pétrolière, elle parle parfois de « nettoyer un puits à l’acide » ou utilise des mots plus évocateurs comme « massage de la roche » ou « stimulation de la roche ».
Dans le même ordre d’idée et pour faciliter le forage de 20 000 puits de gaz dans les basses-terres du Saint-Laurent, il faut obligatoirement que tous les puits soient reliés par pipeline ; mais le mot « pipeline » a mauvaise presse. Donc, le PL106 de M. Arcand utilise le mot infantilisant de « raccordement » ; pourquoi notre gouvernement utilise-t-il ce jeu de mots pour masquer la réalité ?
Enfin, M. Jean-François Belleau, nouveau PDG de Pétrolia, mais ancien attaché politique de la ministre de l’Éducation – et auparavant de la Famille – Michelle Courchesne [2], insiste pour « stimuler la roche ». Ce monsieur serait-il un parent de Jean-Paul Belleau, le héros du téléroman des années 1980 Les dames de coeur ? Ce Don Juan de l’auteure Lise Payette était un grand coureur de jupons ! Si on abandonne le langage prude et infantilisant de nos grands-parents, les mots « stimulation de la roche » ont une connotation sexuelle. En utilisant ce vocabulaire équivoque, M. Belleau ne risque-t-il pas de déclencher des convulsions titanesques ?
En effet, depuis quelques années, la fracturation hydraulique ainsi que la ré-injection des eaux de reflux sont régulièrement associées à des tremblements de terre. On en observe dans le nord de la Colombie-Britannique. [3] Au début septembre 2016, les compagnies effectuant de la fracturation hydraulique dans l’Oklahoma ont probablement déclenché un tremblement de terre de 5,6 à l’échelle de Richter en injectant des eaux de reflux dans de vieux puits souterrains. L’eau de reflux de la fracturation hydraulique agirait comme un lubrifiant dans les failles rocheuses profondes et provoquerait des secousses sismiques ! [4] Un coït d’une magnitude de 5,6 ! Belle performance !
Pourquoi M. Jean-François Belleau insiste-il pour stimuler la roche de la Gaspésie ? Plutôt que de s’esquinter à stimuler cette roche ingrate et froide, pourquoi M. Belleau n’offre-t-il pas ses services à une compagnie pharmaceutique ? Mon petit doigt me dit que certaines personnes seraient prêtes à délaisser la petite pilule bleue pour bénéficier d’un coït de 5,6 à l’échelle de Richter !
Gérard Montpetit
La Présentation
Le 15 septembre 2016