John Nichols, The Nation, 8 décembre 2016,
Traduction, Alexandra Cyr
Il réfléchissait sur l’annonce surfaite de D. Trump disant qu’il avait sauvé les emplois chez Carrier. Il a déclaré, après la visite du Président désigné à Indianapolis la semaine dernière, qu’« il avait effrontément menti pour une raison ou une autre ». C’était brusque comme l’est souvent le langage des ouvriers-ères américains-es et celui des personnes qui les défendent. Mais il a rendu son point de vue clair : pour autant que D. Trump ait fait tous ces efforts pour s’attribuer le résultat, il a quand même été un pauvre négociateur face à United Technologies propriétaire de Carrier. La plupart des emplois de cette organisation en Indiana, qui devait être délocalisée, vont disparaître malgré l’entente négociée par le Président désigné. United Technologies prévoit encore la fermeture d’une des grandes usines dans cet État. Et dans celle que D. Trump dit avoir « sauvée », le nombre d’employés-es diminuera sensiblement.
Le Président désigné n’en a pas parlé devant les caméras de télévision où il est apparu. Au contraire, il a menti effrontément. L’Indianapolis Star souligne : « Trump a dit que les emplois chez Carrier à Indianapolis atteindraient 1,100. En ce moment, ils sont 1,400. Le Wall Sreet Journal rapporte que 800 employés dont les emplois étaient menacés seront maintenus en poste ».
Le double discours de D. Trump a insulté C. Jones. Il a décidé de donner l’heure juste. Alors que le Président désigné prétendait avoir « sauvé » 1,100 emplois chez Carrier à Indianapolis, il a déclaré que la compagnie lui avait confirmé que seulement 730 seraient maintenus dans les secteurs de la production dans une usine de la ville.
Pourquoi cet écart d’évaluation ?
D. Trump a calculé grossièrement et intégré dans son calcul, 350 emplois du secteur de la recherche et développement pour lesquels la compagnie ne prévoit aucune délocalisation vers le Mexique. Il a donné l’impression qu’il avait convaincu United Technologies de maintenir la majorité des emplois qu’elle prévoyait délocaliser au Mexique, à Indianapolis. En fait, des centaines d’emplois ont été perdues dans l’usine de la ville (sans pour autant être délocalisées). Il n’a pas non plus parlé des 700 emplois que la compagnie va abolir dans son usine d’Huntington (Indiana) quand elle va la fermer.
Chuck Jones a déclaré au Washington Post : « Trump et Pence ont fait un show de boucane avec les chiffres. J’ai failli m’étouffer ». Dans une entrevue à CNNMoney, il s’adresse directement à D. Trump : « Vous avez promis de préserver tous les emplois. Vous n’avez réussi qu’à moitié. On s’attend à ce que vous retourniez finir votre travail ».
Ce genre de discours n’est pas du goût du fragile Président désigné. Le jour même où Time annonce qu’il a été choisi comme « personne de l’année », ce multi millionnaire suspend son choix de candidats pour son cabinet pour attaquer le dirigeant syndical d’un local en Indiana : « Chuk Jones, président du local 1999 des United Steelworkers a bien mal travaillé dans sa représentation de ses membres. Pas étonnant que les compagnies quittent le pays » !
C’est une déclaration absurde qui met en évidence comment D. Trump est loin des réalités du terrain où font rage les batailles dans les villes manufacturières partout aux États-Unis. Ce n’est pas C. Jones qui pousse les emplois au Mexique. Le syndicat des travailleurs-ses de l’acier ne met pas le profit au-dessus des travailleurs-ses américains-es et de leurs communautés. C’est United Technologies qui le fait.
C. Jones et son syndicat se sont battus pour les employés-es malmenés-es à Indianapolis et ailleurs dans l’État. On peut facilement penser que tout le bruit que le syndicat et ses alliés-es ont fait autour de ces pertes d’emplois annoncées, à poussé le Président désigné à s’intéresser à Carrier. Et M. Jones se bat encore pour les ouvriers-ères de l’Indiana au grand dam de Donald Trump.
D. Trump est un vantard, pas un gagnant. Il s’attaque aux gens qui savent ce que signifient les luttes. Comme Bill de Blasio, maire de New York qui a répondu à son insulte : « Les syndicats comme Steelworkers et les dirigeants comme Chuck Jones sont les remparts contre les politiques qui attaquent les travailleurs-ses ».
Dans le choix entre Donald Trump et le local 1999 des United Steelworkers, la classe ouvrière a toutes les raisons de se ranger du côté du syndicat et de son président qui enrage tant le Président américain désigné. C’est M. Jones, pas D. Trump qui prend au sérieux la tâche de maintenir les emplois dans le pays.