Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Cessons de subventionner l’exploitation des hydrocarbures

La présidente du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a déclaré lors du Forum de Davos en janvier 2013 : « À moins que nous n’agissions sur les changements climatiques, les générations futures seront rôties, toastées, frites et grillées » [1]. À cette liste de calamités, Mme Lagarde aurait pu ajouter « moisies », car l’augmentation de la température globale s’accompagne d’une augmentation de l’humidité ambiante.

Cette année, déjà 94 % des petites chauves-souris québécoises sont mortes à cause de l’élévation du taux d’humidité qui les rend vulnérables à une maladie fongique [2]. En Afrique et en Asie, les cultures de blé sont elles aussi dévastées par une maladie fongique [3]. Les impacts catastrophiques de la hausse des gaz à effets de serre (GES) sur la biodiversité sont déjà suffisamment visibles pour qu’on exige de nos gouvernements des mesures énergiques afin de stopper nos émissions.

Un récent rapport d’experts de la Banque mondiale prévoit que le marché du carbone ne sera pas suffisant pour remporter la bataille du climat. Selon les auteurs, il faut aussi réduire les subventions accordées au secteur des énergies fossiles et redistribuer les sommes vers le développement des énergies vertes [4]. Le gouvernement québécois est bien loin d’être engagé dans cette voie. On apprenait récemment qu’un nouveau terminal pétrolier de 1,5 milliard de litres par année était projeté dans l’est de Montréal [5]. La ville de La Baie au Saguenay a aussi été ciblée pour l’implantation d’un nouveau complexe industriel permettant de faire transiter le gaz non conventionnel provenant de l’Ouest canadien [6] et destiné à l’exportation. Avec tout ce qu’on sait de la crise climatique, comment le gouvernement peut-il encore justifier l’octroi des permis pour réaliser ces projets ? Combien d’argent public sera encore investi dans la voie du chaos ?

Dans le cadre de son évaluation environnementale stratégique (EES), le gouvernement Couillard vient d’accorder un montant de plus de 200 000 $ afin de déterminer quelles infrastructures il faudrait développer pour exploiter le pétrole de schiste sur Anticosti [7]. Ce montant s’ajoute aux 56,7 millions déjà consacrés aux travaux d’exploration sur l’île. Combien d’autobus électriques pourrait-on acheter avec ces millions ?

Nous savons que le Québec possède toutes les ressources lui permettant d’être exemplaire dans la transition énergétique. Selon un groupe d’experts canadiens, le Canada pourrait atteindre l’objectif de 100 % d’électricité à faible teneur en carbone dès 2035 [8] En continuant d’ignorer les avis des experts les plus sérieux sur la transition énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique, le gouvernement Couillard démontre qu’il fait partie du problème plutôt que de la solution.

Louise Morand
CVH L’Assomption
16 mai 2015


[1Marcil, I. (2015). Drogue dure. Dans Marcil, I., Sortir le Québec du pétrole. Montréal : Somme toute, p.10.

[2Pauline Gravel, Chauves-souris menacées. Le Devoir. 25 avril 2015.

[3Wheat rust. The fungal disease that threatens to destroy the world crop. The Independent. 20 Apr 2014.

[4Eric Desrosiers. Les conditions à réunir pour remporter la bataille du climat. Le Devoir. 12 mai 2013.

[5Benoit Chapdelaine. Un projet de terminal controversé dans l’est de Montréal. Ici.Radio Canada, 1er mai 2015. http://goo.gl/72dxck

[6Alexandre Shields, Après le pétrole, le gaz de l’Ouest. Le Devoir. 9-10 mai 2015.

[7Alexandre Shields, Anticosti. Plus de 200 000 $ pour savoir comment exploiter le pétrole. Le Devoir. 8 mai 2015.

[8Catherine Potvin et coll. (2015). Agir sur les changements climatiques. Chaire UNESCO-McGill-Dialogues pour un Canada vert.

Louise Morand

Comité Vigilance hydrocarbures de l’Assomption

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