Didier Monciaud, « Censure d’un livre en France en 2023 dans le contexte de la guerre à Gaza ! », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 159 | 2024, 133-142.
https://journals.openedition.org/chrhc/23377
Une solide enquête d’Hocine Bouhadjera dans ActuaLitté (4), magazine littéraire en ligne, rend publique cette décision. Fayard justifie sa décision par un argument juridique : « le contrat était caduc depuis le 27 février 2022. La maison a donc acté, le 3 novembre dernier, sa fin d’exploitation ».
Ne disposant plus d’exemplaires, Patrick Bobulesco, célèbre libraire du Point du Jour à Paris, cherche à en commander sur Dilicom. Il découvre que l’ouvrage est en « arrêt définitif de commercialisation ». Le site ORB confirme que le livre est désormais épuisé en raison de l’arrêt de sa commercialisation depuis le 7 novembre 2023. « Craignant une censure », Patrick Bobulesco contacte par mail Isabelle Saporta, directrice de Fayard. Il explique l’importance de cette étude pour la compréhension des enjeux au Proche-Orient, qui émane d’une « voix érudite, mais non consensuelle ». Dans sa réponse, la responsable de la maison d’édition évoque « une pression croissante pour limiter l’expression de “voix discordantes” en France ».
Étrange et inquiétante situation, alors que l’intérêt pour le Proche et le Moyen-Orient est très important avec la tragique actualité. Hocine Bouhadjera précise que le « Que sais-je ? » Les Origines du conflit israélo-arabe (1870-1950) est en tête des ventes dans la catégorie « Essais et documents », loin des propos de « nos biens connus éditorialistes de plateaux télévisés, ou le jour et la nuit (5)... ».
Un historien israélien engagé désormais en exil
Né en 1954 à Haïfa, Ilan Pappé appartient aux « nouveaux historiens israéliens », ensemble hétéroclite de chercheurs qui réexaminent de façon critique l’histoire de l’État d’Israël et du sionisme, en particulier les conditions de sa création en 1948, le déplacement des Palestiniens, les politiques et les stratégies des dirigeants sionistes et israéliens (6). Ils rompent avec le discours dominant affirmant qu’en 1948 le « départ » des 750 000 Palestiniens environ correspond à une fuite suivant les consignes de dirigeants arabes.
Ces différents travaux iconoclastes reposent sur des archives britanniques et aussi israéliennes. Ils démontrent que la fuite des Palestiniens est avant tout le résultat du conflit de 1948 et d’opérations militaires israéliennes. Outre Ilan Pappé, les figures les plus connues sont Benny Morris, Avi Shlaïm, Simha Flapan ou Tom Segev (7).
Enseignant à l’université de Haïfa, membre un certain temps du Parti communiste israélien (8) Ilan Pappé va subir de violentes attaques autour de ses recherches historiques et de positions publiques. On mentionnera en particulier l’affaire « Tantura/Katz » : Teddy Katz consacre un mémoire de maîtrise à l’université de Haïfa au massacre du village palestinien de Tantura en 1948 ; ses travaux entraînent une virulente bataille avec des postures politique, médiatique et judiciaire (9) ; Ilan Pappé le soutient.
Ses différends avec des historiens de l’université de Haïfa s’approfondissent, en particulier avec Yoav Gelber et Benny Morris. À la racine de cette hostilité se trouvent ses analyses du départ des Palestiniens produit d’une épuration ethnique planifiée par les dirigeants du mouvement sioniste avant la guerre de 1948.
Ses options très critiques entraînent des réactions très hostiles. Il se déclare favorable à la campagne BDS (boycott, désinvestissement et sanctions) (10) des universités israéliennes. Cette campagne promeut le boycott de l’État d’Israël dans les domaines académique, économique, culturel et politique. Très sévère sur le processus de paix, sa nature et ses limites, il caractérise comme « résistance » les actions du Hamâs (11) (« ferveur, zèle » en arabe et acronyme partiel de ḥarakaẗ ʾal-muqāwma ʾal-ʾislāmiyya, Mouvement de résistance islamique) contre l’occupation israélienne et définit la politique de l’État d’Israël comme « génocide » à Gaza et « nettoyage ethnique » en Cisjordanie.
Finalement, en 2007, devant la virulence des échanges et les procédures engagées contre lui, il part en Grande-Bretagne (12). Désormais, il enseigne à l’université d’Exeter et dirige le Centre européen d’études sur la Palestine.
Un livre sulfureux et dérangeant pour le mythe de 1948
Son étude est consacrée à la création de l’État d’Israël en 1948. Cet épisode, tragique et décisif, est désigné par les Palestiniens comme la Nakba (catastrophe ou désastre). Ce terme, employé au départ par Constantin Zureiq en 1948, s’est ensuite généralisé (13). La recherche s’appuie en particulier sur des archives sionistes, notamment celles de la Hagannah (14), des archives britanniques, la presse, des documents personnels, des témoignages.
Examinant le départ des Palestiniens entre 1947 et 1948, il démontre comment la fondation de l’État d’Israël repose sur l’expulsion de la population arabe, selon une politique de nettoyage ethnique organisée par les dirigeants sionistes (15). Son approche est aux antipodes de l’idée diffusée de l’accident dans le contexte d’un conflit armé. Bien avant le conflit, les responsables sionistes comprennent que la réalisation de leur projet fait face à la présence palestinienne. Le « transfert » de la population arabe n’est donc pas le produit des circonstances, mais est bien un élément clé du projet sioniste. De la fin 1947 à 1948, une politique volontaire d’expulsion et de destruction est donc mise en œuvre dans les villages et les villes de Palestine.
Fin 1947, l’ONU adopte un « plan de partage (sic) ». La Palestine compte alors un million huit cent mille habitants environ, avec un tiers de juifs et deux tiers d’Arabes. La résolution 181 décide de la partition en deux États. Un premier État est très majoritairement peuplé d’Arabes et dans le second État, les juifs seront légèrement majoritaires. La ville de Jérusalem et ses alentours sont placés sous contrôle international et relèvent d’un statut international particulier (16). D’un point de vue « qualitatif » (terres agricoles, ressources, zone désertique, accès aux côtes), ce « partage » est au détriment des Palestiniens.
L’État d’Israël qui émerge après la victoire des groupes armés sionistes en 1948 comprend une très forte majorité juive sur 78 % du territoire de la Palestine. Plus de 400 villages arabes sont détruits, de nombreuses villes sont vidées ou quasi vidées de leur population arabe. Environ 750 000 Palestiniens se retrouvent réfugiés hors de Palestine (17), ayant fui en raison des peurs, intimidations et violences. Le nouvel État « juif » comprend une substantielle minorité arabe de 160 000 personnes, des Palestiniens restés sur place.
Un contexte particulier
La décision de ne plus diffuser ce livre survient dans le contexte de la guerre à Gaza, à la suite de l’opération armée de l’organisation nationaliste intégriste Hamâs le 7 octobre 2023 contre des cibles militaires et des villages de civils au sein de l’État d’Israël.
En France, les autorités gouvernementales, les principales forces politiques et les grands médias affirment alors un large et inconditionnel soutien à l’État d’Israël et à Benjamin Netanyahu, à la tête d’un gouvernement de coalition d’extrême droite. Souvent avec véhémence, cet appui prend la forme de la diabolisation et de la condamnation de toute posture ou analyse différente ou critique. Quelques exemples de ce climat quasi maccarthyste : l’injonction généralisée de « la » question « condamnez-vous le Hamas comme terroriste ? » ; l’emploi systématique du terme Tsahal ; la généralisation de la prononciation hébraïque de Hamas avec un [KH] comme la jota espagnole ; le recours, pour justifier l’attaque israélienne contre Gaza et sa population, à l’argument du « droit à se défendre », pourtant inexistant en droit international… On pourrait en citer de multiples autres exemples.
La tenue de manifestations contre l’opération militaire israélienne qui touche les civils gazaouis est devenue très difficile et l’objet de batailles juridiques pour empêcher les interdictions. Tout cela se déroule dans un climat médiatique qu’on qualifiera d’« hystérique », à défaut de trouver un meilleur terme, et apologétique avec la reprise des éléments de langage et des analyses israéliennes, même les plus éculés.
Le virulent concert de refus de toute voix différente a entraîné de vicieuses et nauséabondes campagnes, en particulier contre les rares organisations politiques françaises comme LFI ou le NPA, qui ne s’inscrivent pas dans cette logique, avec différentes accusations : apologie du terrorisme ; agents du Hamas et/ou de l’intégrisme ; antisémitisme ; responsabilité des violences contre des juifs en France... L’ancien Premier ministre de droite Dominique De Villepin a aussi subi les foudres des « zélés démocrates » pour avoir dénoncé les médias et leur traitement orienté des développements au Proche-Orient.
Deux épisodes méritent d’être mentionnés. Le 6 décembre 2023, la conférence de la chercheuse états-unienne Judith Butler, intitulée « Contre l’antisémitisme, son instrumentalisation et pour la paix révolutionnaire en Palestine », est annulée par la Mairie de Paris en raison de « risques de troubles à l’ordre public » et la possibilité de « dérapages » dans les discours ! Une militante palestinienne du FPLP, Mariam Abu Daqqa, a non seulement vu son invitation à parler dans une réunion au sein de la Chambre des députés être annulée par la présidente du Parlement, mais elle a été arrêtée et expulsée. Avec en plus une vaste campagne médiatique sur la nature terroriste de son organisation et ses liens avec LFI.
Un étrange double langage est alors apparu, surtout si l’on compare avec l’Ukraine. Dans ce cas, les violences contre les civils et les infrastructures de la société ont toujours été dénoncées, mais non dans le cas de l’attaque israélienne contre Gaza... La tour Eiffel a été éteinte puis illuminée aux couleurs de l’État d’Israël le lundi 9 octobre 2023 en soirée, mais rien pour les Palestiniens malgré les intenses bombardements qui frappent essentiellement les civils gazaouis.
Le champ académique n’est pas épargné par cette fièvre qui affecte la société française. Plus de 1 300 chercheurs et universitaires dénoncent dans une tribune « intimidations, diffamations et restrictions de la parole scientifique au sein des universités depuis les événements dramatiques du 7 octobre » et « un climat de menace qui engendre peur et autocensure, au détriment de la libre expression ». Dans certains cas, on parle de censure (18). « Le climat de pressions et d’intimidations » concerne les chercheurs français travaillant sur la Palestine et le monde arabe (19), avec, en particulier, une stigmatisation des défenseurs d’analyses critiques ou en rupture avec le discours dominant.
L’offensive Bolloré dans le secteur du livre, contexte et enjeux
Loin d’être un acte anodin, ce retrait des ventes du livre d’Ilan Pappé, qui représente une forme de censure, s’inscrit dans un contexte d’une vaste offensive idéologique réactionnaire. Cela se déroule aussi dans un moment particulier pour le marché du livre et de l’édition en France. Si ce marché se porte bien, il est en plein bouleversement (20).
Bolloré doit cependant céder le groupe Editis sous la pression de Bruxelles.
La prise de contrôle par Vincent Bolloré en 2022 du groupe Hachette va entraîner la constitution d’un mastodonte de l’édition (21). Au départ, Arnaud Lagardère fait appel à Bolloré pour préserver sa place à la tête de son groupe en difficulté, mais ce dernier va en faire la conquête.
Personnage important du capitalisme et du grand patronat français contemporain (22), Vincent Bolloré défend aussi des conceptions politiques catholiques intégristes et des options conservatrices et réactionnaires. Malgré ses dénégations, il affirme progressivement un véritable projet politique (23), qui comprend le rapprochement des droites et de l’extrême droite (24).
Industriel au départ, son empire s’implante de plus en plus dans les médias avec « la stratégie de l’araignée (25) », selon l’expression de Rosa Moussaoui. Sa présence est ainsi substantielle dans la radio (Europe 1, RFM, Virgin Radio), la télévision (groupe Canal+, CNews, CStar et C8), la presse (Journal du dimanche, Paris-Match, France catholique) et Prisma Media (Voici, Gala, Géo, National Geographic, Capital, etc.), le cinéma (Studiocanal, production, acquisition, distribution), le jeu vidéo (Gameloft, premier éditeur mondial de jeux vidéos pour mobiles), la musique (Vivendi Village, organisateur de festivals de musique, propriétaire de salles à Paris, notamment le mythique Olympia). Ajoutons la publicité (Havas), la vente de billets électroniques avec See Tickets, anciennement Digitick, leader mondial, et des parts chez Universal ou Dailymotion.
Dans le secteur de la télévision, la chaine CNews et la radio Europe 1 sont les principaux organes de diffusion de ses conceptions. Cyril Hanouna occupe une place d’importance, véritable « chef de meute pour Bolloré (26) » suivant la formule de Julia Hamlaoui, « avatar populaire de l’idéologie d’un milliardaire (27) ».
Cet empire médiatique participe activement à la diffusion de thèmes et d’analyses ultraréactionnaires. Son orientation générale est marquée par un nationalisme chauvin, une xénophobie, une haine de l’islam, souvent sous couvert d’anti-intégrisme, une défense d’une « authenticité française » dans la lignée du Puy-du-Fou. Depuis le 7 octobre 2023 s’affiche une virulente ligne de soutien inconditionnel à l’État l’Israël et à Benyamin Netanyahu. Cette ligne sur fond islamophobe reprend le thème de « la guerre des civilisations », ressortant de la naphtaline l’opuscule de Samuel Huntington (28). Pour une critique du traitement médiatique par les principaux médias, au-delà du groupe Bolloré, nous renvoyons au site ACRIMED (29).
Les enjeux au sein des métiers du livre sont multiples. La prise de contrôle du groupe Lagardère, propriétaire d’Hachette-Livre, représente « un moment angoissant », car ce « véritable tsunami » engendre de graves inquiétudes chez Antoine Gallimard, patron des éditions Gallimard, avec la pénétration des secteurs parascolaire, scolaire et du livre de poche, désormais largement sous l’emprise de deux géants, Hachette et Editis (30).
Ces bouleversements ne se cantonnent pas à la seule sphère économique, mais représentent également de véritables enjeux démocratiques avec les dangers d’ingérence idéologique et de censure. En prenant pied à cette échelle dans ce secteur, Vincent Bolloré laisse transparaître « une volonté de contrôler une grande partie de la production intellectuelle française (31) » et de constituer un « pôle de diffusion de l’idéologie d’extrême droite (32). Il apparaît comme « l’artisan d’un Disney français d’extrême droite (33) ».
Sa place de numéro un de l’édition ne sera pas sans conséquence pour les salariés. Les craintes de casse sociale sont fondées, surtout si on examine ce qui s’est déroulé dans des médias Bolloré comme CNews, le JDD ou encore Europe 1. De véritables purges y ont imposé une ligne éditoriale clairement orientée à l’extrême droite (34).
Les conséquences concernent aussi les auteurs, qui risquent d’être davantage fragilisés face à ces monopoles. Les négociations sur le statut d’auteur seront complexes. L’affirmation du géant Bolloré affectera les lecteurs, tant en termes de catalogues de vente que d’accès aux livres dans les bibliothèques et les médiathèques.
Avec cette montée de la mainmise de Bolloré, la diversité du secteur de l’édition est donc menacée. Plusieurs maisons d’édition indépendantes dénoncent déjà ce « mégagroupe » en cours de constitution (35). La défense de l’édition indépendante constitue désormais un enjeu démocratique d’importance.
Conclusion
Désormais introuvable en version papier dans les magasins, le livre d’Ilan Pappé est pourtant réapparu : il a été mis en ligne et rendu accessible gratuitement sur le Net à la fin 2023. Une telle initiative est bien sûr illégale… Mieux encore, il est republié en mai 2024 par les Éditions La Fabrique.
Les menaces lourdes qui pèsent sur l’édition dépassent cet épisode inquiétant de censure, expression d’un raidissement antidémocratique. Elles vont bien au-delà de la question palestinienne. Il s’agit de l’expression, certes limitée à un ouvrage mais bien concrète et préoccupante, d’un « illibéralisme » en œuvre de manière plus générale.
Le livre LIlan Pappé est en vente aux éditions de la rue Dorion.
Notes
1- <https://www.fayard.fr/livre/le-nett...> .
2- Citons quelques exemples de ses travaux. En français : La Guerre de 1948 en Palestine : aux origines du conflit israélo-arabe, La Fabrique, 2000 ; Une terre pour deux peuples : histoire de la Palestine moderne, Fayard, 2004 ; Les Démons de la Nakbah : les libertés fondamentales dans l’université israélienne, La Fabrique, 2004 ; Palestine : l’état de siège, Galaade, 2013 ; Les Dix légendes structurantes d’Israël, Les Nuits rouges, 2022. En anglais : The Israel-Palestine Question, Routledge, 1999 ; The Rise and Fall of a Palestinian Dynasty : The Husaynis 1700-1948, Saqi Books, 2010 ; Out of the Frame : The Struggle for Academic Freedom in Israel, Pluto Press, 2010 ; The Bureaucracy of Evil : The History of the Israeli Occupation, Oneworld Publications, 2012 ; The Idea of Israel : A History of Power and Knowledge, Verso, 2014.
3- Ilan Pappé, The Ethnic Cleansing of Palestine, Londres, Oneworld, 2006.
4- Hocine Bouhadjera, « Fayard éclipse en catimini un de ses ouvrages sur la Palestine », ActuaLitté. Les univers du livre, 08/12/2023, <https://actualitte.com/article/1147...> .
5- Idem.
6- Dominique Vidal et Joseph Algazy, Le Péché originel d’Israël : l’expulsion des Palestiniens revisitée par les « nouveaux historiens » israéliens, Éditions de l’Atelier, 1998.
7- Citons quelques travaux : Tom Seguev, Le Septième million. Les Israéliens et le génocide, Liana Levi, 1993 ; Tom Segev, Les Premiers Israéliens, Calmann-Lévy, 1998 ; Simha Flapan, The Birth of Israel : myths and realities, NPantheon Books, 1987 ; Benny Morris, The Birth of the Palestinian refugee problem, 1947-1949, Cambridge University Press, 1987 ; Benny Morris, 1948 and after : Israel and the Palestinians, Clarendon Press, 1994 ; Benny Morris, Victimes : histoire revisitée du conflit arabo-sioniste, Complexe et IHTP, 2003 ; Avi Shlaïm, Collusion across the Jordan : King Abdullah, the Zionist Movement and the Partition of Palestine, Columbia University Press, 1988 ; Avi Shlaïm, Le Mur de fer. Israël et le monde arabe, Buchet Chastel, 2008.
8- En 1996, il est candidat à la Knesset sur la liste du Hadash, front électoral animé par le Parti communiste israélien.
9- Le documentaire Tantura (2022) d’Alon Schwarz explique le massacre dans ce village le 23 mai 1948, perpétré par la brigade Alexandroni. Il s’appuie sur des témoignages, notamment audio, d’anciens soldats de l’unité d’élite israélienne enregistrés pour sa maîtrise par Theodore Katz.
10- Voir Omar Barghouti, Boycott, désinvestissement et sanctions, La Fabrique, 2010 ; Eyal Sivan et Armelle Laborie, Un boycott légitime, La Fabrique, 2016.
11- Issu des Frères musulmans palestiniens et fondé en 1987, il possède une branche armée, les brigades Izz al-Din al-Qassam, et est principalement actif dans la bande de Gaza.
12- Voir Ilan Pappé, « Je quitte Israël », Michele Giorgio (entretien), 26 mars 2007, Association France-Palestine Solidarité (AFPS), <https://www.france-palestine.org/Il...> .
13- Constantin Zureik (1909-2000), intellectuel syrien spécialiste d’histoire arabe moderne et un des principaux théoriciens du nationalisme arabe, est le premier à parler de « Nakba » (catastrophe ou désastre) dès l’été 1948, quand il rédige un livre intitulé Ma’na al_Nakba (signification de la catastrophe), consacré à la défaite des Palestiniens arabes face aux différents groupes armés sionistes et au départ de plus de 700 000 Palestiniens. Voir Constantin Zureiq, Ma’na al-Nakba ( معنى النكبة), Beyrouth, Dâr al-’Ilm lil-Malayîn, 1948 ; Akram Belkaïd, « النكبة Al-Nakba, Palestine. Un peuple, une colonisation », Manière de voir, n° 157, février-mars 2018.
14- Principale organisation paramilitaire sioniste dans la Palestine mandataire entre 1920 et 1948, elle fournit les éléments centraux de l’armée israélienne (« Tsahal », acronyme hébreu désignant les « forces de défense d’Israël » ou IDF, Israel Defense Forces en anglais) fondée officiellement le 26 mai 1948.
15- Pour une approche convergente, nous renvoyons aux très importants travaux de l’historien palestinien Nur Masalha, hélas toujours inaccessibles en langue française. Né en 1957, il est actuellement chercheur au St Mary’s College et rédacteur en chef de la stimulante et critique revue Holy Land Studies and Palestine Studies (anciennement Holy Land Studies). Son travail de thèse est consacré à l’idée du « transfert » dans le sionisme : Expulsion of the Palestinians : the Concept of "Transfer" in Zionist Political Thought, 1882-1948, Washington DC, Institute for Palestine Studies, 1992. Pour d’autres publications : Palestine, a Four Thousand Year History, Zed Books, 2020 ; Theologies of Liberation in Palestine-Israel : Indigenous, Contextual, and Postcolonial Perspectives, Pickwick Publications, 2014 ; The Zionist Bible : Biblical Precedent, Colonialism and the Erasure of Memory, Acumen, 2013 ; The Palestine Nakba : Decolonising History, Narrating the Subaltern, Reclaiming Memory, Zed Books, 2012 ; Catastrophe Remembered. Palestine, Israel and the Internal Refugees, Essays in Memory of Edward W. Saïd, Zed Books, 2005 ; The Politics of Denial : Israel and the Palestinian Refugee Problem, Pluto Press, 2003 ; Imperial Israel and the Palestinians : the Politics of Expansion, Pluto Press, 2000 ; A land without a people, Faber and Faber, 1997. Le documentaire La Terre parle arabe, de Maryse Gargour, coécrit avec Sandrine Mansour, s’appuie sur ses recherches. Voir <https://www.youtube.com/watch?v=oyb...> .
16- Voir Dominique Vidal, Comment Israël expulsa les Palestiniens (1947-1949), Éditions de l’Atelier, 2009 ; Ilan Pappé, La Guerre de 1948 en Palestine : aux origines du conflit israélo-arabe, La Fabrique, 2000 ; Benny Morris, 1948 : A History of the First Arab-Israeli War, Yale University Press, 2008 ; Issa Khalaf, Politics in Palestine : Arab Factionalism and Social Disintegration, SUNY, 1991 ; William Roger Louis, The British Empire in the Middle East, 1945-1951 : Arab Nationalism, the United States, and Postwar Imperialism, Oxford University Press, 1985.
17- Outre les titres mentionnés plus haut, voir Walid Khalidi, Pour ne jamais oublier : les villages de Palestine détruits par Israël en 1948 et les noms de leurs martyrs, Institut des études palestiniennes, 2001 ; 1948, la première guerre israélo-arabe, Actes Sud, 2013 ; Nakba, 1947-1948, Actes Sud, 2012 ; Sandrine Mansour, L’Histoire occultée des Palestiniens, 1947-1953, Éditions Privat, 2013.
18- Raphaël Godechot, Mike Strachinescu et Thomas Lemahieu, « Palestine, censure dans les universités françaises », l’Humanité, mise à jour le 07/12/2023, <https://www.humanite.fr/societe/pal...> .
19- « “Sur la Palestine, il y a un climat de répression et d’intimidation des chercheurs”, dénonce le sociologue Sbeih Sbeih », Élisabeth Fleury, l’Humanité, mise à jour le 04/12/2023, <https://www.humanite.fr/societe/isr...> .
20- « Le monde de l’édition en plein bouleversement », France Culture, 7 novembre 2023, <https://www.radiofrance.fr/francecu...> .
21- Bolloré doit cependant céder le groupe Editis sous la pression de Bruxelles.
22- Nathalie Raulin, Vincent Bolloré : enquête sur un capitaliste au-dessus de tout soupçon ?, Denoël, 2000 ; Catherine Vuillermot, Michel Villette, Portrait de l’homme d’affaires en prédateur, La Découverte, 2005 ; « Vincent Bolloré, un ami qui vous veut du bien ? », Complément d’enquête, présenté par Nicolas Poincaré, France 2, 7 avril 2016, Prix Albert-Londres 2017, <https://www.youtube.com/watch?v=xrd...> .
23- Cécile Prieur, « Bolloré, un projet politique », NouvelObs, 12 avril 2023, <https://www.nouvelobs.com/edito/202...> .
24- Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin, « Vincent Bolloré, parrain d’une alliance entre la droite et l’extrême droite », Le Monde, 20 décembre 2023, modifié le 21 décembre 2023, <https://www.lemonde.fr/politique/ar...> .
25- Rosa Moussaoui, « Bolloré et les médias, la stratégie de l’araignée », l’Humanité, 14 septembre 2023, <https://www.humanite.fr/medias/aide...> .
26- Julia Hamlaoui, « Hanouna, chef de meute pour Bolloré », l’Humanité, 17 novembre 2022, <https://www.humanite.fr/politique/c...> .
27- A. Guilhem, « Hanouna, avatar populaire de l’idéologie d’un milliardaire », Mediapart, Billet de Blog, 12 novembre 2022, <https://blogs.mediapart.fr/leucha/b...> .
28- Samuel Huntington, The Clash of Civilisations and the Remake of World Order, New York, Simon & Schuster, 1996, 368 p., trad. française : Le Choc des civilisations, Paris, Odile Jacob, 1997, 402 p.
29- Voir ACRIMED : <https://www.acrimed.org/> .
30- Hugo Boursier, « Bolloré : main basse sur l’édition », Politis, n° 1678, 3 novembre 2021.
31- Idem.
32- Éditions Syllepse, « Bolloré : Main basse sur le livre », Hebdo L’Anticapitaliste, n° 604, 24 février 2022.
33- Martin Mendiharat, « Alerte : la terreur Bolloré plane sur 20 maisons d’édition en France », L’Insoumission, 21 janvier 2022, <https://linsoumission.fr/2022/01/21...> .
34- Idem.
35- « Des maisons d’édition indépendantes dénoncent le “mégagroupe” que prépare Vincent Bolloré », J. Br. avec AFP, 20 juin 2022, BFMTV, <https://www.bfmtv.com/economie/des-...> .
Didier Monciaud, « Censure d’un livre en France en 2023 dans le contexte de la guerre à Gaza ! », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 159 | 2024, 133-142.
Référence électronique
Didier Monciaud, « Censure d’un livre en France en 2023 dans le contexte de la guerre à Gaza ! », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique [En ligne], 159 | 2024, mis en ligne le 02 avril 2024, consulté le 18 mai 2024. URL : http://journals.openedition.org/chrhc/23377 ; DOI : https://doi.org/10.4000/chrhc.23377
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