Photo Droit de parole
Malou a la chance de fréquenter le CPE Pomme d’Api, à Québec, depuis qu’elle a un an – c’est réellement une chance quand on connaît la difficulté actuelle de trouver une place en garderie. Et elle est doublement chanceuse du fait qu’elle peut compter sur l’accompagnement de techniciennes en éducation spécialisée (TES).
Le 25 novembre, si rien ne bouge, son CPE en sera à son 10e jour de grève depuis la rentrée d’automne. Une 10e journée où Malou ne pourra pas mettre les pieds dans son milieu de garde, jouer avec ses ami.es et profiter du soutien, de la patience et des enseignements de ses éducatrices. Pour nous, ce sera une 10e journée à tenter d’offrir le meilleur de nous-mêmes à Malou tout en essayant de nous bricoler un semblant d’horaire de travail et d’études.
En refusant de répondre aux demandes des travailleuses en CPE, le gouvernement est le seul responsable de la situation actuelle.
Alors qu’il vient de s’engager à nous offrir, parmi ses quatre grandes priorités, « un Québec qui est derrière ses jeunes et ses familles », n’est-il pas absurde qu’il refuse aussi obstinément de traiter dignement celles qui jouent un rôle de premier plan dans le développement de nos enfants ?
Dans le cadre des négociations actuelles, le gouvernement tente d’imposer un traitement différencié aux travailleuses en CPE. Oui, les éducatrices méritent des augmentations salariales (et sûrement plus que ce que leur offre le gouvernement) et leur travail, complexe et essentiel, doit cesser d’être sous-valorisé.
Mais le travail des autres travailleuses doit aussi être reconnu à sa juste valeur.
Dans notre cas, par exemple, nous constatons chaque jour la différence que peuvent faire les TES. Ce sont elles qui accompagnent les enfants qui ont des besoins auxquels leur éducatrice ne peut répondre seule et leur offrent des moments d’apprentissage individualisé.
Elles leur font vivre des réussites en s’adaptant à leurs besoins. Elles mettent en œuvre les recommandations de différents professionnel.les (orthophonistes, ergothérapeutes etc.) et assurent un suivi des plans d’intervention grâce à leur communication soutenue avec les parents et les professionnel.les.
Pendant qu’une TES s’occupe de Malou, l’éducatrice du groupe peut souffler un peu. Bien sûr, les enfants ont tout à gagner de la présence d’une enfant comme Malou dans leur groupe mais, pour une éducatrice, le fait de s’occuper d’une enfant qui vit avec un handicap représente un défi supplémentaire.
La présence de TES est carrément une condition sine qua non à l’intégration de certains enfants dans un milieu de garde adapté à leurs besoins. Les organisations syndicales demandent d’ailleurs davantage de moyens pour les enfants qui ont des besoins particuliers.
Le niaisage a assez duré. Il est temps que le gouvernement mette fin à son double discours et réponde à l’ensemble des demandes des travailleuses en CPE – et pas seulement aux demandes salariales. Les parents sont à bout, les enfants aussi, et les travailleuses en CPE le sont au moins 10 fois plus.
Nous aimerions que le gouvernement montre le même empressement à investir dans l’avenir de nos enfants à tous et toutes qu’il peut en montrer à défendre un projet ruineux, inutile et polluant comme le 3elien.
Solidarité avec les travailleuses en CPE !
Patrice Lemieux Breton et Typhaine Leclerc parents de Malou, Québec
Un message, un commentaire ?