Édition du 18 juin 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Lettre à Pierre Dubuc

C’est dans un débat démocratique et respectueux que la gauche se renforcera.

La construction d’une alternative progressiste qui saura unifier les secteurs en lutte dans l’État canadien, soit le mouvement ouvrier, les organisations féministes, les jeunes, les organisations populaires, est plus que jamais une tâche incontournable.

Monsieur Dubuc,

Votre réplique à notre article concernant les élections fédérales et notre position en faveur du NPD est inacceptable et indigne de quelqu’un qui veut défendre une perspective de changement social progressiste.

Vous affirmez que nous nous retrouvons dans le même lit qu’Éric Duhaime et Steven Harper. La méthode est bien connue, Duhaime déteste le Bloc Québécois, donc ceux qui sont contre le Bloc sont avec Duhaime. Il s’agit là d’un amalgame facile, un procédé polémique que toute discussion démocratique se devrait d’éviter.

Nous vous demandons donc de retirer ces grossières accusations et de publier l’intégralité de notre article.

Ceci dit, nous considérons que la construction d’une alternative progressiste qui saura unifier les secteurs en lutte dans l’État canadien, soit le mouvement ouvrier, les organisations féministes, les jeunes, les organisations populaires, est plus que jamais une tâche incontournable. Il est hors de tout doute que le BQ ne peut être cet instrument. Le Bloc québécois prétend toujours défendre les intérêts du Québec, comme si au Québec, les grands patrons et les travailleuses et les travailleurs partageaient toujours les mêmes intérêts, alors que, le plus souvent, ce n’est pas le cas. Le gouvernement fédéral, Conservateur comme Libéral, défend les intérêts des grandes entreprises, et s’attaque aux organisations syndicales, populaires du Québec comme du Canada-anglais. Jamais le Bloc québécois ne soulève l’idée de la construction d’une alliance pan-canadienne de ces organisations pour faire face, ensemble, aux offensives du gouvernement formé par l’un ou l’autre des grands partis néolibéraux à Ottawa.

Depuis plus de vingt ans la droite conservatrice s’organise et occupe maintenant un espace de plus en plus grand, non seulement au Canada-anglais mais au Québec. Si on veut donner espoir à nos luttes, il faut donner une perspective où on vise le remplacement des partis qui représentent les intérêts des dominants, soit les Conservateurs et les Libéraux. Sinon le mouvement ouvrier et les groupes sociaux continueront de reculer et dans vingt ans on en sera encore à se questionner sur la probabilité d’un gouvernement conservateur ou libéral, si ce n’est pire encore.

Il n’y pas si longtemps le BQ appelait à défaire les Libéraux, complètement discrédités, il faut bien le dire, par le scandale des commandites et leur incursion totalement antidémocratique dans le champ de décision politique du Québec. Maintenant il appelle à défaire les conservateurs, mais dans les faits il vise à les limiter à demeurer minoritaires au gouvernement. Combien de temps allons-nous continuer de jouer à ce jeu ?

La lutte pour l’indépendance du Québec et l’accession du peuple québécois à la souveraineté jouera un rôle déterminant dans la redéfinition des rapports sociaux et l’appropriation du contrôle de la vie économique, politique et sociale par la classe ouvrière. L’indépendance du Québec est un processus qui nécessitera la mobilisation de tous les secteurs en lutte pour la justice sociale et ne se fera pas sans heurts. Les dominants ne se laisseront pas retirer leurs privilèges sans réagir, les multinationales ne se laisseront pas déposséder de nos richesses naturelles sans mot dire. Les exemples ne manquent pas, et à chaque fois la solidarité des travailleurs et travailleuses au niveau international s’est avérée essentielle. À plus forte raison, même si la réalisation d’une société égalitaire au Québec pourra avoir un effet dynamique sur les luttes sociales au canada-anglais, la solidarité de ces travailleurs et travailleuses et du mouvement progressiste doit faire partie de nos perspectives.

La politique du BQ développe une stratégie qui nous coupe des progressistes au Canada anglais, comme si les attaques de Harper n’affectaient que le Québec, et n’offre aucune perspective de changement en faveur des mouvements en lutte, ni de changement tout court.

Dans le contexte actuel, l’annulation n’est pas une option et le NPD demeure le seul parti lié organiquement au mouvement syndical qui peut permettre de développer la construction de cette alternative.

À titre d’information, vous pouvez trouver la liste des membres du comité de rédaction à l’onglet qui sommes-nous sur le site de Presse-toi à gauche. Nous favorisons dans nos pages la publication de positions différentes, parce que nous considérons que c’est dans un débat démocratique et respectueux que la gauche se renforcera.

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