Crise sanitaire et hausse du coût de la vie
Les personnes en situation de pauvreté ont été durement frappées par la crise sanitaire et, maintenant, par une importante hausse du coût de la vie. Cette situation a notamment mené à une augmentation de 37 % du nombre de paniers de provisions distribués chaque mois par les banques alimentaires entre 2019 et 2021.
« Faut-il rappeler que, malgré la gravité de la crise, le gouvernement a refusé pendant des mois d’offrir toute aide financière supplémentaire aux personnes en situation de pauvreté ? Ce n’est que le mois dernier qu’il a finalement versé une "prestation exceptionnelle pour le coût de la vie" de 275 $ aux personnes seules (200$ pour les personnes vivant en couple ou en colocation) », rappelle le porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté, monsieur Serge Petitclerc. Mais il s’agissait d’un coup de pouce bien tardif et bien insuffisant, qui a été perçu par plusieurs comme une insulte compte tenu de l’ampleur des besoins.
« En effet, comment croire qu’une aide ponctuelle de 275 $ va changer quelque chose dans la vie d’une personne qui n’arrive pas à manger trois repas par jour ou qui ne peut se permettre de chauffer adéquatement son logement ? Il aurait été beaucoup plus judicieux, par exemple, de prévoir une bonification permanente du crédit d’impôt pour solidarité, qui n’a connu aucune augmentation depuis sa création en 2012. »
Les 3 recommandations principales du Collectif
Le Collectif invite le gouvernement à changer radicalement d’approche dans son prochain budget. Monsieur Petitclerc poursuit : « Pour permettre aux gens de sortir la tête de l’eau, il doit agir rapidement, et il doit privilégier des mesures structurantes à long terme à des mesures cosmétiques et ponctuelles. Dans son mémoire prébudgétaire, le Collectif met l’accent sur trois grandes recommandations qui vont dans ce sens. »
1. La couverture des besoins de base : un minimum
« Parmi l’ensemble des personnes qui vivent en situation de pauvreté au Québec, il y en environ 800 000 qui n’arrivent pas à couvrir leurs besoins de base tels que définis par la Mesure du panier de consommation (MPC), rappelle madame Virginie Larivière, également porte-parole du Collectif. Pourtant, la MPC sert de seuil minimal en dessous duquel personne ne devrait se retrouver. Selon la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, le gouvernement est tenu de "rehausser le revenu accordé aux personnes et aux familles en situation de pauvreté, en tenant compte de leur situation particulière et des ressources dont elles disposent pour couvrir leurs besoins essentiels". Pourquoi tolérer qu’une personne sur dix, au Québec, se demande comment elle arrivera à passer à travers le mois ? Il est urgent que le gouvernement rehausse les protections publiques de façon à assurer à tous les ménages un revenu au moins égal à la MPC. »
2. Un salaire minimum à 18$
« Le Collectif revendique également une hausse rapide du salaire minimum, ajoute madame Larivière. Pour sortir de la pauvreté, il faut au moins 18 $ l’heure à une personne travaillant 35 heures par semaine. Avec la hausse de 75 cents prévue le 1er mai prochain, le taux passera à 14,25 $ l’heure, ce qui permettra à peine aux travailleuses et aux travailleurs de couvrir leurs besoins de base. Il est temps que le gouvernement cesse de se soucier uniquement du bien-être des entreprises et porte attention au sort des travailleuses et des travailleurs au bas de l’échelle. »
3. Réinvestissement massif et immédiat dans les services publics
En terminant, madame Larivière souligne que « les services publics jouent un rôle fondamental dans la lutte contre la pauvreté et les inégalités socioéconomiques en participant à la redistribution de la richesse. Si la pandémie a rappelé leur importance capitale, elle a aussi révélé à quel point plusieurs d’entre eux souffrent de sous-financement chronique depuis des années. Et à quel point ce sous-financement a d’abord des répercussions sur les moins nanti∙es. Un réinvestissement massif et immédiat est nécessaire. »
« Voici quelques exemples parmi d’autres de mesures qui pourraient faire une grande différence dans la vie des personnes en situation de pauvreté :
– qu’Hydro-Québec procède à un gel des tarifs d’électricité en cette période de forte inflation et que le gouvernement redonne à la Régie de l’énergie le mandat de fixer le tarif résidentiel de l’électricité ;
– que le gouvernement respecte ses engagements et injecte les sommes nécessaires dans le programme AccèsLogis pour livrer le plus rapidement possible la totalité des logements sociaux déjà prévus ;
– que le gouvernement finance sans plus tarder un grand chantier de 50 000 logements sociaux en cinq ans par l’entremise de son programme AccèsLogis ;
– que le gouvernement augmente son financement pour les différentes formes de transport collectif afin d’assurer le maintien des infrastructures existantes et d’améliorer la desserte là où elle est insuffisante ou même inexistante ;
– que le gouvernement investisse, de manière récurrente, 460 millions $ supplémentaires dans le financement à la mission globale des organismes d’action communautaire autonome. »
En conclusion
Selon le Collectif pour un Québec sans pauvreté, pour lutter efficacement et durablement contre la pauvreté, le gouvernement doit nécessairement augmenter les revenus de ceux et celles qui y sont confronté∙es, mais il doit également améliorer, de façon continue et sans discrimination, l’accès à des services publics universels et de qualité. Et cela ne peut se faire sans une meilleure redistribution de la richesse collective. C’est ainsi que la réduction des inégalités socioéconomiques entre les plus pauvres et les plus riches, une autre des cibles prioritaires du Collectif, demeure indissociable des trois recommandations faites au ministre des Finances en vue du prochain budget.
Le mémoire prébudgétaire du Collectif est accessible en ligne : https://www.pauvrete.qc.ca/document/memoire-budget-2022/
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