Édition du 19 novembre 2024

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États-Unis

La chronique de Donald Cuccioletta

Bernard Sanders ne peut pas lâcher

Hillary Clinton a gagné l’élection primaire dans l’état de New York par une ample marge de 15% sur Bernie Sanders. Cette victoire donne 140 délégués à Clinton et augmente son avance sur Sanders. Les élites du Parti Démocrate font pression sur Sanders pour qu’il abandonne la partie.

Sur le simple plan quantitatif, cette manœuvre ne tient pas la route. En additionnant les 429 « super délégués » nommés par la direction du parti, Clinton se retrouve en ce moment avec 1843 délégués, contre 1154 pour Sanders. Nonobstant ces « super délégués non élus, dit, Sanders obtient un score plus que satisfaisant. Au bout de la ligne, le Parti Démocrate garantit la victoire de Clinton, sans vraiment tenir compte des millions de personnes qui votent aux primaires. Les « super délégués » font tous partie de l’establishment (ils sont d’anciens élus, employés ou contractuels du Parti Démocrate).

C’est ce qui explique que Sanders ne veut pas sortir de la course. Son discours porte dans l’opinion publique, au point où Clinton elle-même est obligée d’en tenir compte. Ses voltefaces sur l’environnement (les projets de pipelines), le libre-échange (le projet avec l’Asie) sont des tentatives plus ou moins convaincantes de s’éloigner de ses propres positions de droite. Entre-temps, la campagne de Sanders approfondit la critique du système pourri, qu’il malmène en appelant à une « révolution politique », ce qui enlèverait aux milliardaires et aux lobbys des grandes entreprises la capacité d’acheter des élus comme de vulgaires marchandises. Les « super délégués » et autres trucs sont en place pour empêcher la démocratie de s’exercer, clame Sanders à tout vent.

Il est indéniable que la campagne de Sanders a secoué la cage, notamment auprès des femmes (18-45 ans), des jeunes et des syndiqué-es. Cet élan rappelle la dernière grande campagne socialiste aux États-Unis lorsqu’Eugene Debs avait fait lever un vaste mouvement au début du siècle dernier. Aujourd’hui, une grande partie du peuple veut du vrai changement, ce qui met le 1 % à la défensive.

Autre raison de continuer la campagne, Sanders rallie des personnes et même des mouvements partout au pays. Il sème l’idée d’un mouvement politique, d’une organisation progressiste établie à l’échelle nationale (ce qui n’existe pas aux États-Unis). Ici et là, il y a de nombreuses poches de résistance. Il n’y a pas si longtemps, le mouvement Occupy avait pris place dans plus de 200 villes états-Uniennes. Des syndicats et d’autres mouvements tiennent tête, notamment à travers la campagne pour le salaire minimum à $15. Des progressistes s’organisent au niveau municipal. Quelque chose est dans l’air, et cet air frais vient en partie de Bernard Sanders.

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