« Face à l’incohérence du gouvernement, et alors qu’on ne connaît pas la nature des contrats entre le gouvernement et Hydrocarbures Anticosti S.E.C, on est en droit de se demander ce qu’il adviendra si on trouve du pétrole. Est-ce que le gouvernement du Québec aura les coudées franches pour refuser un éventuel projet d’exploitation pétrolière sur Anticosti, alors qu’il ne peut interdire des forages exploratoires à ce stade-ci ? », mentionne Marie-Maude Chevrier, directrice exécutive de Nature Québec.
Une opposition ferme au projet
À plusieurs reprises, le gouvernement du Québec et le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, du plan Nord et responsable de la Côte-Nord, Pierre Arcand, ont affirmé l’importance d’obtenir l’acceptabilité sociale avant d’autoriser les projets gaziers et pétroliers. Or, le 20 mai dernier, la Nation Innue et les élus de la Minganie se sont opposés à l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures à Anticosti. « Le gouvernement ne peut faire la sourde oreille à cette opposition ferme au projet de forages avec fracturation hydraulique. Ce positionnement illustre que ce projet n’a pas l’acceptabilité sociale requise et le gouvernement ne peut l’ignorer », ajoute Marie-Maude Chevrier.
La fracturation hydraulique : des risques majeurs pour les écosystèmes
La fracturation hydraulique comporte des risques majeurs pour les écosystèmes, notamment les milieux aquatiques. On a donné à Hydrocarbures Anticosti S.E.C des autorisations de prélèvement d’eau dans quatre cours d’eau, dont la rivière Jupiter, pour réaliser ces forages avec fracturation hydraulique. « La Jupiter est la rivière la plus importante pour la population de saumons atlantique d’Anticosti. Le développement d’un site de forage et le prélèvement de grandes quantités d’eau pour réaliser des opérations de fracturation hydraulique sont des stress importants pour une espèce sensible comme le saumon atlantique », explique Sophie Gallais, chargée de projet Aires protégées chez Nature Québec. « Aucune station hydrométrique n’est active sur l’île d’Anticosti. Il y a encore beaucoup d’inconnus et d’incertitudes sur l’hydrologie de l’île. Il est irresponsable d’aller de l’avant dans ce contexte », ajoute-t-elle.
« Si on autorise des opérations de fracturation hydraulique à Anticosti, où les conditions hydrogéologiques et écologiques sont très fragiles, on ne peut qu’être inquiet quant à la multiplication éventuelle de ce type de procédé risqué ailleurs au Québec. La fracturation hydraulique fait l’objet de moratoire ou d’interdiction dans plusieurs juridictions, dont la France et l’Écosse. Le Québec devrait s’en inspirer plutôt que de s’enfoncer dans cette opération risquée », soulève Marie-Maude Chevrier.
Pour en savoir plus, consultez le rapport de Nature Québec : Anticosti et pétrole : Faits, enjeux, perspectives d’avenir
Nature Québec œuvre à la conservation de la nature, au maintien des écosystèmes essentiels à la vie et à l’utilisation durable des ressources. Travaillant depuis 1981 à la protection de la biodiversité, Nature Québec souscrit aux objectifs de la Stratégie mondiale de conservation de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), dont il est membre. Nature Québec regroupe plus de 50 000 sympathisants, donateurs et membres individuels et plus d’une centaine d’organisations affiliées. Nature Québec est un organisme de bienfaisance reconnu. www.naturequebec.org