Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Au secours, Monsieur Lafargue !

Le comité Environnement et Développement durable du Conseil central du Montréal métropolitain-CSN a organisé le 29 novembre dernier une soiré de réflexion sur la décroissance, intitulée « Pour sauver la planète, repenser le développement ». À cette occasion, une conférencière, Andrea Levy, a interpellé les syndicats afin qu’ils reprennent leur revendication traditionnelle de réduire la durée du travail.

Cela m’a rappelé un article que j’avais publié dans L’Action nationale en 1995 et qui avait été intitulé par la rédaction « La réduction de la semaine du travail » alors que je lui avais donné le même titre qu’à ce billet.

Paul Lafargue, socialiste et gendre de Karl Marx, a publié le magnifique essai Le droit à la paresse en 1880, une lecture qui devrait être obligatoire dans les écoles. Et faisant appel à lui dans mon article, j’argumentais que la responsabilité sociale des entreprises doit faire en sorte qu’elles retournent leur profit non seulement sous la forme de salaire décent, mais aussi sous forme de temps parce que la production augmentée grâce aux machines devrait profiter à tous plutôt qu’à un seul propriétaire qui bénéficie des progrès de la technique et du travail de plusieurs.

Quelqu’un dans la salle nous a posé une question fort intéressante : « Est-ce que la réduction du temps de travail remet en cause le capitalisme destructeur pour la planète ? » La discussion n’a pas permis de conclure que oui, car la redistribution du temps et de l’argent peut se faire sans annuler le profit. Or, la notion de profit est fondamentale dans le capitalisme.

Toutefois, en y repensant bien, si la revendication de la diminution du temps de travail est constante et conséquente, elle doit in fine aboutir à remettre en cause le profit puisque la rémunération décente mais non faramineuse de tous et chacun (le propriétaire, les actionnaires, les personnes travailleuses, les personnes lésées par l’activité économique, l’ensemble de la population par un impôt progressif et par des taxes appropriées) nous dispense de la nécessité du profit.

Il faut convenir que ce n’est pas la seule mesure à entreprendre, mais elle est plus que jamais nécessaire et, sur ce point en tout cas, Paul Lafargue est de fort bon conseil tant il est vrai qu’on n’a jamais tant travaillé et tant produit. Les personnes qui n’ont pas accès au travail méritent qu’on leur redistribue la richesse en argent ; les personnes qui ont accès au travail méritent qu’on leur redistribue la richesse en temps sans réduire leur revenu. La richesse est là, on n’a pas à la créer.

« Les socialistes révolutionnaires ont à recommencer le combat qu’ont combattu les philosophes et les pamphlétaires de la bourgeoisie ; ils ont à démolir, dans les têtes de la classe appelée à l’action, les préjugés semés par la classe régnante. » (Paul Lafargue, extrait du Droit à la paresse)

LAGACÉ Francis

Francis Lagacé

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