Présentation du gorupe Offensive syndicale
L’Assemblée a débuté par la présentation du groupe d’Offensive syndicale (OS) qui a été à l’origine de la rencontre. Suite à des contributions et à des échanges autour des prochaines négociations dans le secteur public et la publication de divers textes sur cet enjeu, la nécessité de regrouper ces militants aspirant à un syndicalisme plus combatif a conduit à une première rencontre à Montréal pour fonder un groupe réunissant de militantes et militants syndicaux des différentes organisations syndicales. Le but d’OS, ce n’est pas de s’inscrire à côté des syndicats et de leurs luttes, c’est de gagner des militantEs syndicaux à un point de vue qui affirme que les travailleuses et les travailleurs ont des intérêts différents de ceux de la classe dominante et que pour ça, et ils doivent se réapproprier les syndicats qui sont leurs outils de lutte. OS a déjà tenu trois réunions publiques à Montréal. C’était une première à Québec. OS a un site Web, une page facebook et une liste de diffusion pour partager différentes opinions sur les enjeux syndicaux. Nous vous invitons à vous joindre à l’organisation d’Offensive syndicale et à participer à la construction de ses différentes initiatives.
Deux panélistes y ont pris la parole. Dany Harvey de la FTQ a fait un rapide historique du syndicalisme dans la construction et Aldo Miguel Paolinelli, anciennement président de la CSN-Construction, a concentré son intervention sur les principaux enjeux des dernières négociations. Ces présentations sont faites en leur nom personnel. Après les présentations, il y a eu des questions, des échanges et des commentaires pour alimenter les réflexions.
Présentation de Dany Harvey de la FTQ : un rapide historique du syndicalisme dans la construction.
La construction est un secteur très hétérogène. De nombreux employeurs, souvent de petits entrepreneurs engagent des travailleurs pour des temps déterminés, souvent fort courts. Chaque année, les travailleurs vivent des périodes de chômage récurrentes. C’est donc un secteur où il y a beaucoup d’instabilité. C’est pourquoi les coupures fédérales dans l’assurance-emploi font très mal aux travailleurs de la construction. Il y a 175 000 travailleurs et travailleuses dans la construction. 85% des employeurs ont 5 employés ou moins. La main-d’oeuvre dans la construction constitue 5% de l’ensemble de la main-d’oeuvre au Québec. Mais 25% des décès suite à des accidents de travail se produisent dans l’industrie de la construction. Puis, le panéliste a fait un topo historique remontant au XIX siècle qui lui permet de rappeler des conflits les plus importants depuis lors et durant le XX siècle.
La loi 290 va établir un nouvel environnement dans l’industrie de la construction... en introduisant la syndicalisation obligatoire dans le secteur qui va favoriser une intervention de plus en plus importante de l’État dans la vie syndicale. Les décrets vont se multiplier. Et les négociations vont devenir de plus en plus difficiles.
Intervention de Miguel Paolinelli, ex-président de la CSN- Construction
En tant que militant syndical, il a toujours regretté le manque de structures de formation syndicale et politique pour les membres et les militants syndicaux afin que ces derniers puissent s’approprier l’histoire des luttes antérieures, car, sans cela, c’est comme si on devait toujours recommencer tout à nouveau. Les classes dominantes sont passées maîtres pour nous cacher l’histoire comme si la classe ouvrière n’avait pas d’histoire, n’avait pas de héros, mais les droits et les avancées sociales ont été gagnés avec le sang des travailleurs. Il y a quatre conventions collectives qui sont signées dans le secteur de la construction : celle du génie civil et de la voirie, celle du secteur résidentiel, celle de l’institutionnel et du commercial et enfin celle de l’industriel. Chaque secteur a une association patronale qui négocie une convention collective particulière. Mais les clauses générales concernant les avantages sociaux, les régimes de retraite, le système d’arbitrage sont négociées par une association patronale qui regroupe l’ensemble des organisations patronales sectorielles : c’est l’Association des entrepreneurs de la construction du Québec, l’AECQ.
La nouvelle durée de la convention collective est de quatre ans. L’année passée, on a négocié pour quatre ans sauf dans l’industriel, le commercial et l’institutionnel qui n’ont pas eu d’entente. Il y a eu une loi spéciale qui a prolongé les conditions de travail et qui a donné une augmentation de salaire aux travailleurs pour compenser pour l’inflation et qui a établi que les négociations devaient recommencer et aboutir une entente finale le 31 août de cette année. Il pourrait y avoir un conflit ou une loi spéciale. Le gouvernement a déjà annoncé par la voix de Sam Hamad qu’il y aurait une loi spéciale en cas de conflit.
On ne sait pas le contenu de l’entente. Il y a un embargo. Mais l’Association des entrepreneurs de la construction a déjà publié sur son site certains éléments d’une entente qui reste à ratifier. Globalement, il y une augmentation salariale 2,4 % pour la première année, 2,3% pour la deuxième et 2,2% pour la troisième année... Cela fait partie d’une entente globale... C’est le cadre commun. Chaque métier a à négocier des ententes particulières.
Depuis 89, il ne considère pas que le syndicalisme de la construction est parvenu à améliorer fondamentalement les conditions de travail des ouvriers de la construction. Il n’a jamais été question d’abaisser les horaires de travail par exemple. Aujourd’hui dans la construction dans le génie civil, on travaille encore 10 heures et plus et cela favorise la multiplication des accidents de travail...Au-delà du salarial, les conditions de travail demeurent pitoyables et les travailleurs de la construction connaissent un vieillissement prématuré.
L’industrie de la construction, c’est un laboratoire de la collaboration sociale. Il faut réfléchir autrement. Il faut repenser différemment l’organisation syndicale. C’est le point central de toute la problématique qu’on vit depuis des années. Quand on veut développer l’organisation syndicale, sociale et politique, il faut s’ouvrir. Il ne faut pas déresponsabiliser les ouvriers, mais faire des ouvriers les artisans de leur destinée. Il faut qu’à gauche on réfléchisse pour faire de l’action syndicale sans sectarisme afin d’améliorer les conditions de travailleurs et des femmes travailleuses.
Ces interventions devaient lancer une riche discussion sur laquelle nous allons revenir dans un prochain article.