Un patronat en demande....
Les augmentations de salaire sont faibles encore cette année. Les patrons de la construction veulent diminuer le paiement des heures supplémentaires. Ils cherchent à augmenter les heures travaillées avec comme conséquences la multiplication des accidents de travail et l’usure physique qui frappe beaucoup plus rapidement les personnes travaillant dans ce secteur. Les travailleurs du secteur vieillissent prématurément. À l’âge de 50 ans, ils sont affectés par de nombreuses maladies et handicaps. Aucune solution n’est présentée par les patrons du secteur face à ces problèmes. Au contraire, le patronat de ce secteur veut mettre les ouvriers à genoux et leur imposer leur arbitraire. En fait, les patrons de la construction se font concurrence pour obtenir des contrats du gouvernement et de différentes institutions. Ils doivent donc soumissionner au plus bas pour arracher des contrats. Pour se libérer une marge de profits, ils cherchent à tirer le maximum de la main-d’oeuvre en termes d’intensité et de temps de travail. En même temps, les travailleurs savent bien que c’est dans la mesure où le travail se fait que l’entreprise peut rester en affaire et continuer à les employer, mais ils savent également que s’ils ne mettent pas le holà, les patrons peuvent pousser très loin leur cupidité et la volonté de les plumer.
Il faut en finir avec les discours qui affirment que les travailleurs ont les mêmes intérêts que leurs employeurs. Il faut démontrer la logique profiteuse du système et de l’organisation du travail. Des entrepreneurs dans la construction s’enrichissent sur le dos des travailleurs et également des citoyens. La corruption est loin de se retrouver dans ce seul secteur, mais on a vu à la commission Charbonneau qui sont les personnes qui passent à la caisse habituellement et ce ne sont pas les travailleurs de la construction.
Les femmes sont peut nombreuses dans le secteur, et les adaptations à la la présence de femmes travailleuses sur les chantier se font sur le tas bien qu’on remarque qu’il y a parfois des gestes solidaires envers les femmes qui sont victimes de discrimination sur les chantiers.
Des pratiques syndicales à repenser
Le droit de négociation est sans cesse remis en question. Les décrets se succèdent. Les négociations se font toujours sous la menace de lois spéciales obligeant le retour au travail et fixant les salaires et les conditions de travail. On peut se demander ce qui reste vraiment du droit de négociation des travailleurs de la construction. Les négociations sont centralisées et les travailleurs n’ont pas vraiment de contrôle sur ces dernières.
La vie syndicale n’est pas facile à organiser. Les travailleurs changent souvent de patrons. Les entreprises sont souvent petites regroupant peu de travailleurs. Il va falloir repenser le syndicalisme dans la construction. Il va falloir pousser la réflexion et convaincre la majorité des employé-e-s de ce secteur qu’il est nécessaire de se mobiliser pour avoir une vie normale qui ne sera pas marquée par des accidents à répétition, par des décès, par l’usure prématurée de leur santé et par une précarité généralisée. Il faut amener les travailleurs à concevoir ce que serait une société où on pourrait fonctionner dans de bonnes conditions de travail dans ce secteur.
Le renouvellement des pratiques syndicales ne peut passer que par un travail systématique de formation et de politisation. Il faut expliquer comment les patrons font leur argent et comment les travailleurs sont les vrais producteurs et qu’ils touchent qu’une partie de la valeur qu’ils créent. Un travail de conscientisation est une nécessité incontournable. Il faut en finir avec une politique de concession visant supposément à défendre l’emploi, mais qui enfonce les travailleurs de la construction dans des conditions de travail difficiles.
Le syndicalisme ne doit pas se limiter aux seules négociations salariales, mais doit concerner l’élargissement des politiques publiques et particulièrement dans la défense de la santé et de la sécurité au travail. Lorsque les heures de travail sont longues et harassantes, il ne reste souvent pas beaucoup d’énergies aux travailleurs pour s’investir dans une formation . C’est pourquoi il faut prendre la question globalement et exiger que la formation au syndicalisme se fasse dans les écoles de formation professionnelle. Le programme de l’école québécoise a un objectif de formation à l’entrepreneuriat, mais il n’y a pas de formation à la nécessité de l’action collective et au syndicalisme chez les jeunes. C’est un combat essentiel qu’un syndicalisme combatif devrait se fixer.
Se fixer comme tâche de simplement ralentir les reculs devant l’offensive patronale est insuffisant pour des organisations syndicales. Ce sont les travailleurs qui payent pour une orientation qui se prétend réaliste, mais qui laisse se détériorer les conditions de travail et de vie. Il faut construire un syndicalisme qui saura dénoncer largement auprès de l’ensemble des travailleurs les objectifs des entrepreneurs de la construction. Ce n’est pas d’un syndicalisme investisseur dont les travailleurs ont besoin, mais d’un syndicalisme qui sait les impliquer et les unir derrière des objectifs qui dépasseront la seule répartition des primes vers un syndicalisme visant une amélioration réelle de leurs conditions de travail, et particulièrement la réduction du temps et de l’intensité du travail.
Comment concrétiser un renouveau du syndicalisme de combat.
Aujourd’hui, les partisans du syndicalisme de combat sont isolés dans ce secteur comme dans l’ensemble du mouvement syndical. Les entrepreneurs et le gouvernement au Québec cherchent à affaiblir encore plus le mouvement syndical en s’attaquant à leur capacité d’améliorer les conditions de travail de ce secteur. Cette situation est inacceptable. Le travail syndical dans ce contexte ne peut pas continuer à s’en tenir à des pratiques routinières et à de vieilles tactiques qui ne permettent pas à dépasser la situation actuelle. Offensive syndicale doit chercher à faire un travail de réseautage des travailleurs et des travailleuses de la construction qui veulent réfléchir dans un cadre intersyndical sur les limites du travail syndical actuel et sur la nécessité de mettre en place de nouvelles pratiques pour jeter les bases du renforcement du rapport de force en faveur des travailleurs. Cette perspective ne pourra être que l’oeuvre d’un travail patient et prolongé des travailleurs qui oeuvrent dans ce secteur. La tâche semble et est colossale, mais elle reste incontournable si on ne veut pas que la détérioration actuelle des conditions d’existence et de vie continuent à s’approfondir.