Mefistofele. Boito. London Symphony Orchestra, Julius Rudel. EMI Classics, 1974.
Nous sommes ici en présence de la création d’un Faust italien. Cette œuvre a été très mal accueillie par le public milanais. La police dut même intervenir. Boito, qui était lié à un mouvement d’avant-garde littéraire, du nom de « la Scapigliatura », se proposait de révolutionner l’art lyrique italien. D’où cette proposition d’une grande fresque métaphysique présentée sous forme de tableaux successifs, directement inspirée de La Damnation de Faust, de Berlioz. Il est question ici de Dieu, du Diable, des anges, de la séduction, de sorcières, de cœurs célestes, du déchaînement des passions humaines et nous en passons.
La tâche de Boito était colossale. Il lui fallait s’affirmer devant Verdi et Wagner. D’où cette création délirante d’un jeune compositeur de 26 ans qui a suscité des huées et des sarcasmes lors de sa présentation à Milan. Depuis, le public s’est assagi et se montre plus tolérant et ouvert d’esprit devant cet opéra aux airs grandioses et à la sonorité forte. Il faut quand même avouer qu’il n’est ni facile et ni évident de trouver des airs adéquats pour illustrer le paradis et l’enfer, les anges et Belzébuth.
Il faut se donner la peine d’écouter L’Altra Notte In Fondo Al Mane. Cet air tellement triste vous plongera, à coup sûr, dans vos angoisses les plus profondes en lien avec quelques-uns de vos solides doutes existentiels.
Yvan Perrier
8 juillet 2021
yvan_perrier@hotmail.com
BIBLIOGRAPHIE
Kobbé, Gustave. 1999. Tout l’opéra : Dictionnaire de Monteverdi à nos jours. Paris : Robert Laffont, p.82-85.
Plusieurs auteurs. 1977. Dictionnaire de l’opéra. Paris : Ramsay, p. 285-287.
Tranchefort, François-René. 1978. L’opéra : 2. De Tristan à nos jours. Paris : Seuil, p. 16-18.
Un message, un commentaire ?